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Il est interdit de pisser sur ses salariés

Publie le vendredi 1er juin 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Entreprise UFM à Châteaubriant

« Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est que d’avoir un payron qui vous répète sans cesse que vous êtes un moins que rien et que vous pouvez bien crever : j’ai vu avoir envie de vomir avant de partir au travail. Au pied de ma machine, quand je voyais le patron s’acharner sur un salarié, je savais qu’il viendrait sur moi un jour. Dès que je le voyais arriver je perdais tous mes moyens ». Un jour ce salarié est allé au bureau demander une cote qui manquait dans son plan. « Tu n’as rien à foutre ici, regagne ton poste » m’a-t-il dit. « je me suis mis à trembler ». Elle manquait pourtant, cette cote. Le chef d’atelier la lui a indiquée peu après !

Lorsque des salariés sont soumis à une pression perpétuelle, cela s’appelle du harcèlement. C’est ce qu’a reconu le tribunal de Nantes dans son jugement du 31 mai 2007. le PDG de l’entreprise, et harceleur unique, a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 5000 € d’amende. Il devra en outre verser 2000 à 3000 € à chacun des 9 plaignants.

« Je vous pisse dessus » disait le patron . Le tribunal a dit que c’était pas bien !


Au tribunal pour harcèlement

Nantes, les bords de Loire. Le Palais de Justice est noir, extérieur comme intérieur. La salle d’audience n°3 est habillée de bois rouge, du sol au plafond. Elle est réservée, ce 26 avril, au procès « Marie » . Une bonne cinquantaine de salariés « Révoltés d’UFM » sont là : ils l’attendent ce procès, depuis longtemps pour « harcèlement moral, dégradation des conditions de travail pouvant porter atteinte aux droits, à la dignité, à la santé, à l’avenir professionnel d’autrui »

14h10 : Le Tribunal, Levez-vous. Trois juges, le Procureur, une greffière, M. Marie et son avocate parisienne, huit salariés d’UFM et leur avocate syndicale, et trois témoins qui sont priés de sortir. Ils attendront, à la porte, plus de 3 heures, sans rien entendre des débats.

Le Président du Tribunal s’adresse à Guy Marie : « Vous êtes a ccusé de harcèlement moral sur vos salariés » . Guy Marie : « J’ai 68 ans, je ne me rappelle pas de tout » .

Patiemment le Président interroge un à un les huit salariés plaignants dont Michel Brizard, qui, le 10 novembre 2004 tomba en dépression au pied de son poste de travail. Un des témoignages écrits produits au Tribunal relatera : « quand je suis arrivé pour le remplacer, j’ai demandé à Guy Marie où était Michel : il m’a répondu : il est à l’hôpital en train de mourir . Et c’est pas mon problème » .

Michel Brizard raconte : « j’avais plus de 25 ans d’entreprise, mais ce matin-là j’ai eu Guy Marie sur le dos toute la matinée, à me dire : tu n’es qu’une merde, tu n’es plus bon à rien » . Phénomène courant : quand le patron désirait se séparer d’un salarié, il le harcelait jusqu’à ce qu’il parte de lui-même. Comme ça, pas d’idemnités de licenciement à payer.

Un autre salarié affirme « il nous disait : je vous pisse dessus, je vous crache dessus, je vous emmerde » .

Un autre : « il nous disait : vous n’êtes que des merde, des presse-boutons. A la fin je n’en dormais plus la nuit et j’avais du mal à me concentrer le jour. Le patron avait besoin de faire des exemples. Quand je le voyais en train de harceler un ouvrier, je savais que cela pouvait m’arriver et je savais que je ne tiendrais pas le coup » - « Quand il voyait la victime s’affaiblir, il s’acharnait davantage. Faut l’avoir vécu pour comprendre »
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Je vous crache dessus
Dessin de Eliby 06 23 789 305

Un ancien cadre raconte : « Un matin j’ai croisé Guy Marie dans un couloir. Il m’a fixé en me disant : tu ne sais pas ce qu’est la haine. Eh bien regarde-moi dans les yeux. Tu peux crever, j’en n’ai rien à foutre » .

Les salariés disent : « Nous venions à 2 ou 3 h le matin, à la demande, y compris le dimanche s’il le fallait. Au début nos heures supplémentaires étaient payées. Puis tout s’est dégradé. Un jour il nous a convoqués pour nous dire qu’il fallait faire 20 heures supplémentaires par semaine, gratis » « Ca veut dire quoi gratis ? Pourrons-nous récupérer ? » « Ca veut dire gratis » .

Le procureur dira : c’était travailler plus sans gagner plus.

Un ancien cadre dit à son tour : « Nous avons été convoqués. Il m’a proposé une baisse de salaire de 30 %. J’ai d’abord dit non, et puis j’ai accepté car j’avais peur d’être viré. J’ai une famille à nourrir. Je désirais seulement garder mon statut de cadre » - « Il m’a proposé de me licencier, puis de me réembaucher au bout de 3 mois. J’ai refusé car, alors, je perdais tous les avantages liés à mon ancienneté » .

Tous les salariés qui ont subi ces pressions étaient de « vieux » salariés dans l’entrepprise. Pour l’avocate du patron, c’était presque une tare : « si la situation était aussi grave que vous le décrivez, pourquoi êtes-vous resté ? Il fallait vous plaindre » - « Nous plaindre à la Direction ? C’était la porte assurée et plus de possibilité de trouver un travail analogue à Châteaubriant »

Les salariés ont fini par monter un comité d’entreprise, en dehors de tout syndicat. Ah la la ! Certains membres ont dû partir, d’autres ont dû subir les sarcasmes « Il venait même me faire des histoires à propos des socialistes. Pourtant les socialistes n’avaient rien à voir là-dedans » dit un salarié. Pour les ouvriers, ce comportement était à la limite de l’esclavagisme.

Le jour où Michel Brizard est tombé, les salariés ont compris que leur intégrité physique allait être bientôt aussi atteinte que leur intégrité morale : une dizaine d’entre eux ont porté plainte auprès de la médecine du travail, de l’inspection du travail et auprès de la gendarmerie, appuyés par le témoignage de 32 de leurs camarades.

Appelé à la barre, l’Inspecteur du Travail relate le climat de peur qui régnait dans l’entreprise. « Une entreprise très propre. Mais quand j’ai fait le tour avec Guy Marie, personne ne m’a salué. Je n’ai pu croiser le regard d’aucun salarié. Le climat était très pesant. Par la suite, quand j’ai discuté avec M. Marie, il m’a dit que l’intérêt de sa famille passait avant celui des salariés » - « Puis j’ai rencontré une bonne trentaine de salariés. Je les ai trouvés très abattus, humiliés, humiliés d’avoir été obligés d’accepter si longtemps le comportement de leur employeur » .

Un dimanche : pointage et filmage

Retour en arrière : le dimanche 29 février 2004, tous les salariés ont été invités à venir dans l’entreprise. Pour faire le point sur la situation. Il y a eu pointage des présents et même ... filmage. « Par la suite, M. Marie a cessé de nous saluer. Nous avons compris que nous étions sur la liste rouge. » 30 septembre 2004, les salariés ont été convoqués pour une réunion : « Vous n’êtes que des merdes » leur dit Guy Marie, avec bras d’honneur et doigt d’honneur. « Moi je suis milliardaire, j’ai une belle maison et des meubles en chêne et je vous emmerde »

Interrogés comme témoins, deux cadres confirmeront le climat de tension dans l’entreprise, ils reconnaîtront les insultes de M. Marie vis à vis de ses salariés, ils avoueront avoir vu plusieurs fois des hommes en larmes. « La présence de M. Marie ne pouvait pas passer inaperçue. Il faisait régner la terreur, le dialogue était impossible » .

D’autres cadres, dans le rapport de la gendarmerie, diront, eux, qu’ils ne se souviennent de rien.

Non, rien de rien

Interrogé par le Président, Guy Marie ne se souvient pas d’avoir insulté ses salariés. « Ce n’étaient pas des insultes, mais une façon de parler particulière » . Tout juste admet-il avoir « pété les plombs » une fois. Et puis sa grande ligne de défense est celle-ci : « Moi je ne décidais rien, c’est ma fille Sandrine, qui est très capable, qui décidait tout » « Dire bonjour, ce n’est pas une obligation, j’allais pas embrasser tout le monde tous les jours » - « il y a eu des licenciements, des avertissements, mais c’était pas moi, c’était Sandrine » . « Des fois les explications avaient lieu en ma présence, c’était un concours de circonstances car souvent je n’étais pas là » « Les principaux responsables, c’étaient les cadres, s’ils avaient réussi à maintenir l’ambiance d’avant, il n’y aurait pas eu ces problèmes » . Un cadre dira pourtant que M. Marie était très présent dans l’entreprise, depuis 2003, « plus qu’avant » . Innocemment M. Marie reconnaîtra « Mon arrivée dans l’entreprise a créé une épidémie d’arrêts de travail » .

Jouant sur les mots, M. Marie dit « il n’a pas été demandé aux cadres de baisser leurs salaires, c’était seulement une proposition » . Mais ceux qui ont refusé ont été licenciés. « C’est pas moi, c’est ma fille » .

Mélangeant sciemment les dates, entre 2004 (époque des harcèlements) et 2006 (époque de la liquidation de l’entreprise), M. Marie met en avant « la campagne médiatique, les défilés dans les rues de Châteaubriant, une armée de braillards avec des drapeaux rouges » .... Ce qui s’est passé en 2006, après la liquidation contestable de l’entreprise, ne peut justifier le harcèlement moral des années 2004 !

Dignité : on ne va pas sur son lieu de travail pour pleurer

L’avocate des salariés évoque au contraire la souffrance des salariés : un contrat de travail est, par nature, déséquilibré. C’est pourquoi il donne le devoir à l’employeur de respecter la dignité des salariés. « Ceux-ci peuvent accepter les sautes d’humeur de l’employeur, quand cela reste supportable mais, à partir de 2003, les tensions vont s’accentuer » .

« Que l’employeur demande de travailler, c’est normal » et à UFM les salariés n’ont jamais refusé, « mais leur dire, à répétition, " ton boulot c’est de la merde ", n’est pas acceptable » . Insultes, pression, chantage à l’emploi, « on ne va pas sur son lieu de travail pour en sortir en pleurant » . L’avocate parle de pratiques d’un autre âge conduisant, pour les salariés, à une implosion psychique.

Le Procureur, lui, estime que la crise économique ne peut expliquer le harcèlement moral. « La force d’une entreprise ce sont les hommes, les dirigeants qui prennent des risques mais aussi les salariés qui doivent être respectés » . Il pense que M. Marie était au moins le gérant de fait de l’entreprise et explique que l’accusation de harcèlement, dans la loi, ne vise pas uniquement les chefs ! Il relève tous les mots contenus dans les témoignages à l’égard de M. Marie : autoritaire, vulgaire, lunatique, agressif, méchant, ne cherchant qu’à faire peur, ne se souciant que de son argent.

Pour lui, M. Marie est incapable de reconnaître la souffrance de l’autre (c’est caractéristique d‘ailleurs des harceleurs) et sa façon de répéter aux salariés « je suis milliardaire » est une façon de les humilier, de montrer son intérêt pour l’argent, quitte à adopter un comportement excessif à leur égard.

L’avocate de M. Marie, tout en relevant son « autorité rétrograde » , essaiera, elle, de le défendre et montrera que les plaintes des salariés ne sont que des broutilles.

Chacun sait bien qu’un coup d’épingle, ça fait mal mais ce n’est pas grand chose. Mais une répétition de coups d’épingle peut vite faire un grand trou....

Le Procureur a demandé 5000 € d’amende et 9 mois de prison avec sursis. Dommage : un mois ferme aurait donné le temps à M. Marie de réfléchir. B.Poiraud

http://www.journal-la-mee-2.info/ar...

Messages

  • C’est pas 6 mois qu’il aurait dû se prendre, mais l’hôpital psychiatrique ! L’amende c’est pas cher payée pour le préjudice moral qu’il a fait subir à ses salariés ! Même ça c’est revu à la baisse !

  • je vais vous dire franchement ce que je pense de ces histoire de harcèlement ou de subir les cadres ou patrons psychophates et cela risque d’être a contre courant : Nous voyons arriver une nouvelle catégorie de salariés ouvriers qui pleurent qui dépriment qui appellent au secours qui ont recours aux avocats et aux tribunaux et pire qui se suicident. Compte tenu de mon expérience en matière de salariés ouvrier du privé et de harcèlement ( et tous les patrons de ma profession étaient à l’UIMM soit le bras musclé du CNPF, des patrons de combat ) , et bien d’autres camarades le confirmeront , nous n’avions recours ni aux pleurnicheries ni aux anti dépresseurs ni au tribunal , ni au medecin encore moins au suicide. Et j’ai longtemps travaillé dans des petites ou moyennes entreprises ou il n’y avait jamais de syndicat.
    Mais que se passe t-il donc ? eh bien quand c’est du chacun pour soi c’est la trouille qui domine , il n’y a plus de solidarité de groupe donc le seul dominant c’est le patron ou le cadre qui sera courroie de transmission du harcèlement.

    Entre parenthèses on sait aussi que dans certaines entreprise des salariés se servent du syndicalisme en se présentant aux elections pour être protégé et avoir des heures de délégation mais quand il faut aller sur le ring .... Devons nous dirte l’adage " dis moi qui est ton délégué je te dirais qui tu es "

    Comment dans cette entreprise , l’ensemble des salariés se laissent traiter ainsi !!!!! Pourquoi ils ne se liguent pas et renvoient coup pour coup , harcèlement pour harcèlement ???? Et je pesne que lorsque l’affaire est devant le tribunal , c’est cuit. C’est comme les grève quand le plan social tombe " C’EST TROP TARD !!!"
    Et si le patron est condamné , il s’en tape , il la fermera quelques jours et reprendra son sal boulot.

    Rappelons nous ces femmes d’une petite confection qui avaient réussi a faire foutre a la porte leur directeur qui se conduisait comme un porc. Un dénomé LEBRUCHEK....

    Je suis peut être a coté de la plaque mais je ne comprends pas c’est salariés qui subissent qui courbent l’échine qui encaissent et qui vont se plaindre au tribunal en demandant que ce soit d’autres qui règlent leur problème. Comment voulez vous que les ouvriers retoruvent leur dignité et le respect si ils vont se plaindre en dehor de l’entreprise , ou si ils n’ont pas de syndicat digne de ce nom, si ils n’nt pas le courage d’aller voir le patron pour lui dire " CA-SU-FFIT !!! "

    Mais on voit sur la photo qu’ils retrouvent du poil de la bète quand ils sont ensemble groupés solidaires et combatifs. Alors !!!! n’est ce pas avant et DANS l’entrrprise qu’il faut se battre TOUS LES JOURS !

    Nous savons aussi que les conseillers prud’hommaux sont asphixiés de demande , que les prud’hommes sont engorgés, que la justice du travail est entrain de couler , aloRs comment faire ?.......comment faisaient nos vieux......? Et si a notre tour TOUS nous inondiond de courrier d’emails de coups de téléphone ce patron pourlui dire qu’il se conduit comme un grossier personnage et que nous allions lui faire de la pub ?

    ANDR2 18

    andré 18

  • exemple de courrier

    À Guy MARIE
    entreprise UFM

    M….

    non je ne peux pas vous appeler « Monsieur » car j’apprends par différents médias les comptes rendus des situations des salariés de votre entreprise et celui aussi , devant LA JUSTICE. Rien ne m’autorise à ne pas croire ce que je lis.
    MARIE , vous êtes indigne de diriger une entreprise de notre temps, vous êtes indigne d’avoir sous votre responsabilité des gens , simples honnêtes qui travaillent pour vos inserts. Vous êtes la HONTE du patronat et j’espère que les organisations patronales vous discréditent et ne vous soutiennent pas.
    Comment osez vous traiter les salariés ainsi ?? mais qu’elle est donc votre éducation , votre éthique ? Comment possédez vous en vous cette haine de l’être humain ? Si j’étais votre client même très réactionnaire, j’irais passer commande ailleurs par honte d’alimenter vos inserts personnels et de savoir les gens traités ainsi.

    Vous êtes d’autant plus indigne que vous etes entrain de couler votre entreprise et ainsi mettre en péril les intérêts économiques de votre région.

    Vous n’etes même pas digne de diriger une entreprise de l’ancien temps, vous ne respectez rien , ni les gens qui travaillent pour vous , ni la loi , ni la morale, ni l’image que doit avoir un chef d’entreprise. Comment avez-vous pu penser que l’on fait travailler positivement une équipe en leur mettant la peur au ventre. Vous etes un incapable.
    Vous êtes âgé , j’espère que vous etes parti a la retraite et profiter de ce que vous avez gagné par le travail des autres, en les terrorisant en les insultant en les humiliant.

    Vous avez une grande chance , celle de ne m’avoir jamais eu parmi vos salariés. Je me serai fait une gloire et un honneur d’avoir à subir les conséquences de vous avoir collé une paire de gifles.
    Je plaints votre entourage et je vous souhaite qu’il vous le rende. Une consolation : vous avez été condamné par la justice comme un voyou mais bien maigre consolation a coté de se que vous avez fait subir aux gens.

    Contrairement a ce que vous dites aux salariés de votre entreprise , je ne vous pisse pas dessus , je ne vous dis pas « je vous emmerde », je ne vous insulte pas parce que je ne suis pas comme vous : un grossier personnage.
    Et bien sur je ne vous salue pas

    andré 18