Accueil > Il faut parler à la classe salariée !

Il faut parler à la classe salariée !

Publie le mercredi 14 février 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

Tout d’abord ce petit papier de l’Huma
http://www.humanite.fr/journal/2007-02-05/2007-02-05-845294

les enjeux de 2007

Sur le vif. La jeune femme du grand magasin

Par Jean-Paul Piérot

La jeune femme revient sur ses pas, vers le groupe de militants qui distribuent des tracts et invitent tout un chacun à signer un appel à voter pour Marie-George Buffet. « Vous les communistes, vous défendez tous les sans... : les sans-travail, les sans-logis, les sans-papiers. Vous avez raison. Mais que faites-vous pour les classes moyennes ? » Elle travaille comme agent de qualité dans un grand magasin du boulevard Haussmann et gagne 1 280 euros net par mois. Mère de trois jeunes enfants, elle n’y arrive pas, dit-elle, entre le loyer, les frais de nourrice, faute de place dans une crèche. Elle gagne « trop » pour recevoir l’APL. La jeune femme « des classes moyennes » est très en colère.

Dans la France d’aujourd’hui, avoir un travail à 1 280 euros, ne pas être « sans », ne pas être plongé dans la pauvreté, vous fait entrer dans la catégorie des « classes moyennes ». C’est du moins ce que ressent cette jeune femme qui s’en excuserait presque. Elle signe pour Marie-George Buffet et confie son adresse électronique pour être tenue au courant de la campagne, parce que, dit-elle, ce n’est pas acceptable qu’on ne puisse pas vivre dignement de son travail et que l’on n’ait comme perspective que de « travailler plus pour gagner plus » comme le répète à l’envi Nicolas Sarkozy. Un tel slogan n’est rien d’autre qu’une menace d’exploitation accrue des travailleurs.

Les propositions de la candidate de la gauche populaire et antilibérale - augmentation immédiate du SMIC à 1 500 euros, hausse de 300 euros des minima sociaux, garantie qu’aucune retraite ne sera inférieure au SMIC, convocation d’une conférence pour la réévaluation de tous les salaires - apparaissent à la fois indispensables et ambitieuses, dans un pays où la moitié des salariés gagnent moins de 1 315 euros. La jeune femme du grand magasin en fait partie.

Article paru dans l’édition du 5 février 2007

********************

Oui, les sondages ne sont pas bons pour la candidature de Marie-George Buffet, et pas seulement parce qu’elle est "enterrée vivante" dans les médias comme le note le camarade Mélenchon ; pas seulement parce les instituts de sondage roulent pour le patronat, SONT le patronat - Laurence Parisot est pdg de l’IFOP - et manoeuvrent grossièrement mais avec efficacité pour brouiller les cartes et canaliser les opinions déboussolées..

Depuis trop longtemps maintenant, le PCF est sur la défensive devant l’offensive victorieuse du capitalisme déchaîné et joue le simple samu social. Nombre de camarades se sont spécialisés dans cette défense des plus fragiles de notre société sans avoir la pédagogie nécessaire pour situer cette défense dans un contexte plus large et plus offensif, correctement assis sur une analyse marxiste plus que jamais pertinente, de lutte des classes. Résultat de cette défense sans pédagogie : nous nous aliénons le vote ouvrier et plus généralement le vote de la classe salariée.

Pas un seul ouvrier, pas un seul salarié, pas un seul fonctionnaire ne devrait voter Sarkozy car cet individu ne représente en rien leurs intérêts de classe, son slogan "« travailler plus pour gagner plus » renvoie uniquement à une extorsion encore plus inouïe de la plus-value, de l’exploitation de la classe salariée par le capitalisme tout ça dans un contexte de chômage effroyable - camouflé par l’Etat larbin - et de paupérisation réelle.

Pas un seul ouvrier, pas un seul salarié, pas un seul fonctionnaire ne devrait voter Lepen car cet imposable sur les grandes fortunes aux idées réactionnaires, nostalgique de l’empire colonial pour lequel il a bassement oeuvré militairement est responsable de la situation actuelle de stigmatisation de l’autre et prospère sur le champ de ruine sociale qu’il a contribué très activement à installer.

Mais pas un seul ne devrait se bercer d’illusions et voter pour Royal et Bayrou...

Le bourrage de crâne par les médias est une chose.
Notre propre discours de parti communiste mérite de contextualiser et de subordonner nos défenses des plus humbles dans une logique plus vaste de combat acharné contre le capitalisme, contre l’exploitation de l’homme par l’homme, contre le surtravail et le maintien d’une armée de réserve, contre la paupérisation.

Ce n’est jamais qu’à la majorité du peuple, la classe salariée, que nous nous adressons maladroitement, pour l’instant.

Jean-Michel (PCF)

Messages

  • Tu as tout à fait raison, je crois que les gens ont soif de connaissance et ont envie de comprendre le sens de notre politique , ses références théoriques , la place de notre pays sur la scène internationale ... si nous nous contentons d’égrener des mesures, nous ne serons pas crédibles ...il faut aller au fond des choses et user de "pédagogie" car ce qui nous paraît évident ne l’est pas pour tout le monde...

    Marjo

  • "Feue" la classe ouvrière ???
    Classe salariée , classe moyenne , classe populaire , classe ouvrière ... J’allais dire "feue" LA classe ouvrière ! A vouloir - à tout prix , voire à n’importe quel prix - se "libérer" des oripeaux d’un passé qui qualifiait le PCF de "parti de la classe ouvrière" en même temps que de parti archaïque et ringard, nous ( je suis militant communiste depuis 1965 ) avons abandonné , à d’autres , ce terrain essentiel de la lutte des classes .

    Et nous voilà parfois confinés dans une nouvelle posture , comme le dit l"employée de commerce , de défense des "sans" et dont nous peinons à sortir.

    Heureusement , tout le travail " sociétal " accompli ces dernières années peut nous donner une assise nouvelle pour revenir à ce que beaucoup appellent les "fondamentaux" de la lutte des classes. Et il est clair que le PCF est en train de se tourner à nouveau vers les entreprises et notamment celles où se trouvent rassemblés les ouvriers,techniciens , ingénieurs et cadres ...

    Il dispose ,depuis plus d’une dizaine d’années, d’une base théorique s’enrichissant aux contacts des réalités du terrain (Sécurité d’emploi et de formation ) avec les assises locales , régionales puis nationales ( Samedi 24 février avec la participation de MGB).

    La clarté, la vigueur dont fait preuve Marie-George Buffet dans ses interventions publiques témoignent de la solidité de nos analyses et propositions.

    Quel que soit le résultat du 22 avril 2007, ce que sème aujourd’hui le PCF lèvera demain.

    Jacquy de Rennes

  • "LA CLASSE DES SALARIÉS"...

    ... n’existe pas, camarade. Soyons un peu rigoureux pour bien analyser le terrain et définir les objectifs.

    Il y a la classe ouvrière qui n’a pas été entièrement externalisée et qui n’a plus autant qu’autrefois la conscience de sa place indispensable et de sa nécessaire solidarité.

    Il y a les différentes couches salariés dans lesquelles on trouve des couches pauvres, des couches moyennes, du public comme du privé, mais aussi des petits patrons qui se font salarier par leurs propres entreprises, etc.
    Les intérêts de classe de tout ce monde là ne sont pas strictement identiques.
    On ne peut donc pas leur parler de la même façon et il faut leur proposer des choses différentes.

    Exemples :
     aux ouvriers et employés : le SMIC et les minima sociaux à 1500€ tout de suite ;
     aux artisans : une fiscalité différente et des aides bancaires, etc.

    Si on va voir les artisans avec comme argument de campagne qu’il faut un SMIC à 1500, on ne les gagne pas à voter antilibéral de gauche.
    Si on va voir les ouvriers/employés avec des propositions sur la fiscalité çà va assez peu les motiver pour choisir MGB...

    Voilà donc pourquoi il est nécessaire de bien examiner le terrain.

    NOSE

    • quant à moi, je préfèrerais parler de classe prolétaire, en effet le prolétaire n’est pas que l’ouvrier mais celui ou celle qui n’a que sa force de travail à échanger (vendre) contre un salaire et nos cadres qui se prennent pour les élites, que sont-ils quand leur fond de pension (lbo) les virent ? l’ingénieur ou l’ouvrier, l’enseignant ou l’ouvrier, ont en commun cela, ils vendent tous leur force de travail, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle.
      Joelle d’agen

    • La classe ouvriére c’est 25% de la population active,les employés autant.

      Et il faut tenir compte des "abus de languages" du style"technicienne de surface".

      Beaucoup de techniciens sont en fait des ouvriers dont on a changé la dénomination mais pas le salaire.Technicien de production,technicien de construction,d’expédition,des titres ronflants pour cacher la misére et passer de la pommade aux salariés concernés et créer des illusions.

      Jean Claude des Landes

  • De l’espoir d’un monde plus juste que nous allions construire avec l’union de la gauche en 81 ...je suis passé à une dernière chance avec Jospin......pour en arriver au 21 avril 2002.

    .....et depuis j’observe...le PS, le PC, la LCR et les autres......

    Je partage les analyses et remarques : Pour moi, je dirais qu’il devrait être plus sociétal sans oublier les fondamentaux et la classe ouvrière tout en s’ouvrant vers ceux qu’il a quand même un peu laissé de coté (employés commerce flexibilisés etc...
    Peut être aussi un peu moins gestionnaire et un peu plus "démonstratif" dans ses luttes ?

    Bien sûr il lui faut intellectualiser tout cela...et avoir des portes paroles.....

    citoyen38

  • En point d’orgue à tout ça - et désolé Nose, oui il faut creuser un peu plus et disons en court : ne pas mettre la charrue avant les boeufs, les particularismes avant les fondamentaux - cette phrase du jour dans l’huma d’aujourd’hui :

    "Le peuple qui souffre, le créneau misérabiliste, laissons-le au PC. On doit faire rêver sur une alternative."

    Claire Villiers, porte-parole de José Bové citée par Libération.

    Eh bien non !

    Un communiste digne de ce nom ne se contente pas d’être le super-infirmier, la super assistante sociale du capitalisme, ce créneau est celui du renoncement, est non-révolutionnaire.
    Ce n’est pas le mien et celui de nombre de mes camarades.

    Jean-Michel (PCF)