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Immigration clandestine : Dakar suspend sa coopération avec Madrid

Publie le vendredi 2 juin 2006 par Open-Publishing

Le "plan Afrique" mis en place par les autorités espagnoles pour tenter de juguler l’afflux d’émigrés clandestins auquel le pays fait face depuis le début de l’année a connu son premier revers, jeudi 1er juin, avec la décision de Dakar de suspendre sa coopération.

Le gouvernement sénégalais, inquiet de supposés mauvais traitements infligés à ses ressortissants, a formellement réclamé à l’Espagne la suspension des rapatriements de clandestins sénégalais arrivés aux Canaries. Selon le ministre de l’agriculture, Farba Senghor, les passagers ont "été menottés" et les autorités espagnoles leur ont fait croire qu’ils partaient en direction de Malaga (Espagne). "Nous allons discuter avec les autorités espagnoles", a ajouté M. Senghor, soulignant qu’il fallait que "les immigrants clandestins refoulés soient reconduits dans le respect des règles internationales".

Madrid et Dakar avaient annoncé la veille le début d’une opération qui portait sur le rapatriement de 600 Sénégalais sur les 9 000 Africains arrivés clandestinement aux Canaries cette année."Nous espérions que le rapatriement s’effectuerait dans la dignité. Cela n’a pas été le cas", a expliqué un responsable sénégalais. Le ministère espagnol des affaires étrangères a confirmé la décision sénégalaise "compte tenu des circonstances entourant les conditions" d’expulsion. "Naturellement, le gouvernement espagnol ouvrira une enquête", a précisé un porte-parole. Peu après la police espagnole a assuré, dans un communiqué, que "le rapatriement des citoyens sénégalais a été réalisé (...) dans le respect scrupuleux de [leurs] droits individuels".

RESPECT DES DROITS DE L’HOMME

Des diplomates européens en poste à Dakar ont confirmé la suspension des vols de rapatriement. "Si on avait dit à ces gens qu’on allait les ramener chez eux, ils ne seraient pas montés dans l’avion", a expliqué l’un d’eux sous le couvert de l’anonymat.

En mai, Madrid a lancé une offensive diplomatique en direction de l’Afrique de l’Ouest pour lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine, devenue un enjeu majeur pour la classe politique espagnole. Le "plan Afrique", programmé sur trois ans, vise à améliorer les relations avec les pays de la région, auxquels une aide publique au développement va être versée. L’Espagne va par ailleurs ouvrir de nouvelles ambassades dans des pays comme le Mali. Le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero espère ainsi faciliter les rapatriements d’immigrés en situation irrégulière interpellés sur son territoire et "fixer" les candidats au départ en accélérant les programmes de développement de leur pays d’origine. Mardi, le chef du gouvernement espagnol a assuré à la chambre des députés que la politique migratoire de l’Espagne serait "fondée sur le respect absolu des droits de l’homme".

Avec AFP et Reuters

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