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“Ineurope”. Surtout ne pas parler des grèves actuelles en Grèce

Publie le vendredi 15 février 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

“Ineurope”. Surtout ne pas parler des grèves actuelles en Grèce : C’est le secret de l’Europe officielle, ineuropéenne.

Hier mercredi 14 février 2008, toute l’économie grecque était paralysée par une journée massive de grève générale, la deuxième en deux mois.

Il n’y a pas besoin d’avoir fait une grande école de journalisme pour comprendre que la consigne générale, d’autocensure ou bien d’ « exocensure », c’est de parler le moins possible de tous les mouvements sociaux qui peuvent survenir à l’étranger, et surtout s’il s’agit de nos frères et soeurs « consorts » européens : ceux qui partagent le même « sort » institutionnel.

On voit bien ici le tour foncièrement antieuropéen et antieuropéiste de cette Europe des traités de Maastricht et de Lisbonne : Tout est fait pour faciliter la circulation des marchandises et des capitaux, mais tout est conçu pour entraver la libre circulation des âmes et des idées, pour cloisonner chaque peuple dans son espace médiatique étriqué autour d’enjeux dérisoires tels que les chroniques inlassables de chaque cour princière (ah, Carla et Nicolas, ah Berlusconi, s’il fallait vous inventer !).

Bref, tout est fait pour priver méthodiquement les Européens d’un espace public commun, condition indispensable d’une démocratie commune. Et ils osent nous parler d’Europe et même nous traiter de nationalistes attardés ! (Vous remarquerez que pour être bien certains que les citoyens de chaque pays européen vivront toujours à des rythmes séparés, on ne vote pas les mêmes jours ni sur des listes européennes, afin d’isoler et d’impuissanter la volonté populaire. Afin de pouvoir sanctionner prestement chaque peuple qui s’avérerait isolément récalcitrant dans l’Empire supranational, un peu comme cela se passait à l’Est pour les Hongrois en 1956 et les Tchèques en 1968, même si la Commission de Bruxelles possède aujourd’hui des moyens infiniment plus sophistiqués que les chars d’assaut soviétiques pour faire plier un pays qui aurait mal voté à un référendum…)

Faire semblant de construire l’Europe en faisant son contraire, c’est-à-dire l’ « Union ineuropéenne », voici le secret de fabrication de ces si médiocres dirigeants politiques du niveau de cynisme de Tony Blair, de Sarkozy, de Schröder et de Berlusconi, qui ont trouvé ainsi un moyen subtil de se passer des peuples, afin de se délivrer pour toujours des conquêtes démocratiques et sociales issues de plusieurs siècles de résistance démocratique contre les rois, contre les magnats, et il y a soixante ans contre les nazis.

Maintenant, il reste une question brûlante : Qui nous interdit de parler des grèves en Grèce ? Et demain peut-être en Finlande, au Portugal ou en Roumanie, si leurs classes ouvrières se révoltaient ? Et qui interdit en retour les travailleurs européens de se préoccuper de nos combats en France ?

On se demande vraiment à quoi servent ces permanents d’organisations syndicales et altermondialistes qui se rencontrent si fréquemment en symposiums internationaux tels que les Forums sociaux, mais sans jamais parvenir à se mettre d’accord sur un ou deux objectifs précis et vraiment gênants pour les managers de Bruxelles, ni même sur un texte de principe commun.

Si nos porte-parole sont incapables de s’entendre, tant pis. Que ce soit au moins un principe élémentaire de solidarité, un réflexe à propager, un conseil d’ami : Lorsqu’il y a grève chez nos voisins et consorts, en Grèce ou ailleurs, qu’on en parle au maximum, entre collègues et voisins, et aussi dès qu’on a accès à nos médias. Pour briser cette censure officielle inacceptable et ineuropéenne, et non l’entretenir par notre passivité. Qu’on fasse des piquets de grève, des marches, des danses, des distributions de tracts multilingues devant les représentations diplomatiques grecques et les succursales d’entreprises concernées. Qu’on arbore ici des autocollants grecs solidaires et des drapeaux hélènes. Qu’ils aient peur d’un réveil du peuple des peuples européens infantilisés, ce peuple des peuples qui surviendrait enfin « pour-soi »et non seulement « en-soi ».

Qu’ils sachent enfin que nous sommes l’Europe, contre l’Ineurope.

14/02/2008 Publié Non classé | Lien permanent | Alerter

Commentaires

Pas d’article depuis un an dans les archives du journal “Le Monde” avec les mots clefs “grève et Grèce” ou “grèves et Grèce”. Même recherche infructueuse (sauf erreur de ma part) sur le site de “Libération”

Mais voici un extrait de la correspondante de RFI à Athènes, Corinne Valois

“Comme si le temps avait été suspendu, tout le pays a été une nouvelle fois paralysé par la seconde grève générale de vingt-quatre heures du secteur public et privé, cela deux jours avant l’ouverture des débats parlementaires pour la modification du régime de sécurité sociale et des retraites (…)
Un régime calqué sur le modèle français”.
Rédigé par : Luc Douillard | le 15/02/2008 à 00:22| Alerter

he ben … les blogs du monde qui se mettent à critiquer le monde… ou va t’on … ?

vers une véritable société de l’information ?

ben … si les gros lard de capitalistes pote-a-sarko lachaient du lest, peut-etre, … mais là … à part un pétard mouillé de fond de cabinet….

domage que tout ça parte tant à vaux l’eau… on en serait presque à souhaiter la véritable faillite financière de ces canards (wc ?).
Rédigé par : Z. | le 15/02/2008 à 01:52| Alerter

Très peu de commentaires sur l’actuelle grève de la fonction publique en Allemagne et les demandes de hausses de salaires de 8%

Très peu de commentaires sur les avancées sociales obtenues.

Très peu de commentaires sur la grogne des salariés belges et luxembourgeois privés de leurs augmentations automatiques de salaries de fin d’année.

Très peu de commentaires sur les positions de la Banque Centrale Européenne déclarant publiquement son hostilité aux hausses de salaires.

Bienvenue à l’ORTF.
Rédigé par : Bec | le 15/02/2008 à 11:28| Alerter

article intéressant : abordant avec pertinence le silence relatif à une grève se déroulant actuellement en Grèce, il réussit l’exploit de ne nous donner aucune information sur ce mouvement…

Ironique ou pathétique ?
Rédigé par : Chut... | le 15/02/2008 à 12:30| Alerter

Le regime grec de secu est bien loin d’etre calque sur le modele francais. Chacun sa secu, IKA, TEBE, etc…pour se faire soigner il faut aller dans les centre IKA ou les medecins font du chiffre , 5 minutes par patient et prescrivent donc tout et n’importe quoi, et n’oublient surtout pas de filer la carte de leur cabinet prive ou celui d’un collegue. Je ne parle pas de la vetuste de certain hopitaux. Au passage le prelevement sur la fiche de paie est d’environ 25 % et l’employeur 45 %. On se demande ou va la pognon, enfin on peut supputer que ca part pour l’armee et l’eglise ( pas de separation eglise/etat ) On a la choix entre le centre de ca secu et aller dans un cabinet prive ou la consultation varie de 30 a 70 euros non rembourse evidemment.
Rédigé par : Ark | le 15/02/2008 à 13:39| Alerter

Bin, au moins j’apprends pour la premiere fois qu’il a une greve generale en Grece… ce n’est pas en ecoutant France Info ou RMC que je l’ai appris…. Et maintenant je me renseigne sur les raisons de cette greve comme une grande.

En resume pour celui ou celle qui n’a pas compris : le sujet du post n’est pas les raisons de la greve
Rédigé par : pietra | le 15/02/2008 à 13:43| Alerter

+1 Pietra : déjà j’apprends cette nouvelle ici.

J’avais déjà remarque ça a peu près au moment du CPE il y avait des occupations massives de facs en Grèce également, avec manifs insurrectionnelles et tout. Et pas un mot des médias officiels.

Et il n’y a pas que les médias : aux dernières européennes, la plupart des candidats (à part essentiellement les verts) évitaient soigneusement toute discussion pouvant se rapporter à l’Europe et se focalisaient sur des questions politiciennes nationales. Notamment, alors que leurs partis avaient des délégués à la convention Giscard, aucun n’a parlé pendant la campagne du projet Constitutionnel.
Rédigé par : Cobab | le 15/02/2008 à 14:15| Alerter

Et quand est-ce que les français se réveillent aussi ?
Faut faire pareil, et c’est pour cela que les médias ne peuvent pas le dire, car la France est une bombe à retardement qui explosera tôt ou tard quelque soit le gouvernement car les gens en ont marre de tous ces parleurs qui ne sont intéressés que par les Euros
A +
Rédigé par : Jack | le 15/02/2008 à 15:11| Alerter

‘((((((yy((rè§yè !tèyyu !ipyuu§yu
Rédigé par : retrr | le 15/02/2008 à 15:22| Alerter

Les universitaires israeliens viennent de terminer une grève
sévère de 89 jours. Ils ont obtenu 24% d’augmentation de salaire.
Je n’en ai entendu parler nulle part.
Rédigé par : efji | le 15/02/2008 à 15:35| Alerter

Kad Pietra

En résumé, si j’ai bien compris (cette fois-ci..), le “sujet” est : pourquoi n’en parle-t-on pas ?
Tentative de réponse de l’auteur : “qui nous interdit d’en parler ?”, ces syndicalistes et autres alterbobos sont incapables de faire passer l’info, bref que du lourd et du bien pensé(!)…

Ironiquement vôtre,

(en espérant que vous vous mettiez “comme une grande” à chercher d’autres sources d’analyse.)
Rédigé par : Chut... | le 15/02/2008 à 15:46| Alerter

http://lucky.blog.lemonde.fr/2008/02/14/ineurope-surtout-ne-pas-parler-des-greves-actuelles-en-grece-cest-le-secret-de-leurope-officielle-ineuropeenne/

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