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Intermittents : Seillière n’entend pas céder

Publie le mardi 8 juillet 2003 par Open-Publishing

Lors d’une conférence de presse, à quelques heures d’une réunion
paritaire de la dernière chance réclamée lundi par le ministre de la
Culture Jean-Jacques Aillagon, afin de trouver une issue au conflit des
intermittents, Ernest-Antoine Seillière a déclaré : "Pour l’image de la
France, tout cela est catastrophique. Il ne faut pas se faire
d’illusions. Quand les touristes annulent leurs voyages, les effets sont
profonds et ne s’oublient pas (...) Cela nous scandalise !"

Fustigeant "ceux qui se couchent dans la rue d’Avignon", le patron des
patrons a dénoncé des soi-disant grévistes, qui continuent d’être payés
"avec le fric des travailleurs", alors que, normalement, tout gréviste,
qu’il soit fonctionnaire ou du secteur privé, n’est pas rémunéré. "Il ne
faut pas céder à ce mouvement grossier qui donne à penser que le monde
de l’entreprise n’est pas à l’appui de la culture", a encore dit le
président du Medef, précisant que le mécénat en provenance du secteur de
l’entreprise représentait 198 millions d’euros par an versés aux
artistes.

Dénonçant la "pression" du gouvernement, qui a demandé une réouverture
des discussions sur le nouveau statut de l’assurance chômage des
intermittents, le président du Medef a toutefois salué la volonté du
ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, de traquer les "abus" de
certaines entreprises qui embauchent des "faux intermittents", citant
notamment des coiffeurs, des barmans.

"LE TRIANGLE DU SILENCE"

"Nous sommes sensibles à l’argument selon lequel le ministre a identifié
d’incroyables abus (...), des faux intermittents, des faux chômeurs",
a-t-il souligné, tout en s’inquiétant du manque d’inspecteurs du travail
pour contrôler ces "abus".

Cédant à la demande du ministre, le Medef a convoqué une réunion mardi à
16h00 avec les partenaires sociaux où seront réunis le patronat et les
syndicats, y compris ceux qui n’ont pas signé l’accord contesté par les
intermittents. "Cette rencontre pose deux problèmes", a dit
Ernest-Antoine Seillière, pour qui elle révèle d’une part "que le
système a dérivé dans une zone scandaleuse" et pose d’autre part le
"problème de la démocratie sociale dans notre pays". "Nous sommes dans
le domaine de l’arbitraire le plus complet !", a-t-il lancé, accusant le
gouvernement de revenir sur un accord signé par des syndicats
majoritaires qui représentent 40% au niveau de l’Unedic.

S’il a reconnu que la CGT, qui n’a pas signé l’accord, est sans conteste
majoritaire dans le secteur du spectacle, il a rappelé qu’elle ne
représentait que 27% à l’Unedic. "Quand on nous dit que ce sont des
syndicats minoritaires qui ont signé, ce n’est pas la vérité", a-t-il
dit. "Nous sommes soumis à la pression de l’autorité qui fixe ses
conditions !", a-t-il déploré, faisant allusion à la demande du
gouvernement de retarder l’application de la réforme jusqu’au 1er
janvier 2004 au lieu d’octobre 2003, de lui apporter un toilettage et de
la mettre en oeuvre progressivement. "Il faut sauver la réforme, sinon
elle est morte", a-t-il insisté.

Il a aussi dénoncé "le triangle du
silence" formé à ses yeux par la CGT, accusée de noyauter le monde du
spectacle, le gouvernement, accusé de se défausser, "trop heureux de
voir les salariés du privés financer la culture", et les employeurs qui
se rendent coupables d’"abus".