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( Marc Jézégabel - Télérama 2819 )
Après la lecture du rapport de Bernard Gourinchas sur l’intermittence dans I’audiovisuel public, on peut bien sûr crier avec les loups au scandale, contre I’Etat patron voyou et contre le dévolement d’un système d’indemnisation. Plus de 20 % du travail effectué dans les neuf sociétés de radio et de télévision publiques l’est par des intermittents. On le savait peu ou prou. Mais le chiffre révélé par catte enquête est un coup de massue.
Et encore, ce pourcentage ne tient pas compte de la myriade de sociétés (privées) de production qui fournissent en programmes toutes les chaines. Le constat est donc incomplet. Les intermittents sont des permanents de l’audlovisuel. Grâce à un mode de financement conçu, faut-il le rappeler, pour défendre la culture et le spectacle vivant.
Désolé, alors, d’insister, mais cette étude conforte d’abord tous ceux, opposés à la loi en vigueur depuis le 1er janvier dernier, qui réclamaient que la chasse aux abus précède toute réforme.
Ils avaient raison.
L’autre enseignement du rapport est que les intermittents travaillent davantage que les permanents. La belle affaire ! Où l’on découvre que précarité rime avec disponibilité des salariés, et flexibilité avec rendement. Quel scoop !
Au lieu de souligner qu’en plus de détourner I’argent de l’Unedic, c’est aussi le droit du travail qui est bafoué. En toute irnpunité et sur le dos des artisans du spectacle vivant, qui, déjà, en ont fait les frais.