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(inspiré par un texte de Moonir)
Pour être francheJe ne suis pas du tout étancheJe me considère comme fran-çaiseMême quand j’étais là –basEnfant fanfan jouant sur la falaiseMais depuis que je suis làSans plus rien d’une reineSans même le droit de sauver mes rêvesen votant l’amour qui germe sur la grèveJe vous avoue avoir l’impressionDe rester pour vous l’étrange tunisienneÉtrange étrangère polygameDepuis 2001 je fais mes gammesEt j’apprends de jour en jourDe la France de mes écueilsQue je suis en fait InternationaleDe mes seuils à mes feuillesComme vous que vous soyezDe Bonneuil ou de MontreuilDe saint- Denis ou de CréteilVous portez une montre à l’œilCoureurs de rêve et d’idéalAs de pique As de cœurComme vous je cherche des sandalesJe suis Alice sans malice ni rancœurJe rythme ma milice et ma montureAvec une centrifugeuse de culturesMes valises débordent de balisesVenant de partoutJ’ai ainsi la patience d’une hindoueQui sait être au- dessus des remousJ’ai la fierté légendaire d’un arabeNe soyez pas étonnés de voir ici ou làDes anciennes ballades et des airs de rababJe ne les brade pas et Rien ne peut me faire paradeJ’ai l’abnégation d’une chinoiseQui me permet de ne pas rester pantoiseJ’ai l’imagination d’une américaineEt si tu me rencontres en poésie sous-terraineFais donc gaffe à tes gènes et tes veinesJ’ai l’érotisme d’une antillaiseQue ce soit sur une musique Zouk ou raïJe bouge mes fesses et avec mes entraillesJ’entonne des youyous de fa dièseJ’ai une langue adultère une amante françaiseEt comme elleIl faut savoir être balèzeJ’ai le silence d’une russeSi Mes pensées sont d’orMa voix ne s’endort pasCar c’est mourir de remordsComme un chien mordu par les pucesJ’ai aussi la gestuelle d’une italienneMême si je passe souvent pour une Alien (e)J’ai le rythme d’une espagnoleEt quand je slame mes états d’âmeJe réclame le flamenco des parolesDes poétesses Ces grandes dameJ’ai en plus la finesse d’une anglaiseEt autour d’un thé sans les braisesEt sans l’ombre des parasolsJe sais reconnaître un passé de foutaisesJ’ai l’ouverture d’esprit d’une canadienneMon accent comme mes tics sont une parureQui me donne une carrure qui est la mienneJ’ai un ancrage dans des origines diversesEt quand je détache mes cheveux de gitaneJe sais que j’ai Un charme qui renverseEt si tout s’agite au tour de moiJe garde pied qui milite sur un sol en titaneJ’ai le sens de la conversation d’une portugaiseJe sais protéger ceux que j’aimeEt refuse d’être un port de glaiseJ’ai le sens du combat d’une AfricaineD’elle j’ai hérité ces mots que je tresseCette trace du labeur et de la peineLe feu dans les mains de détresseJe porte en moi la souffrance d’une palestinienneLes larmes de l’orphelineLe deuil des veuves les mots du grooveDes femmes de laves qui louventQu’elles soient libanaises ou israéliennesC’est toujours la même douleur qui couveQui nous fait lâcher des hyènesSans nous briser les ailes par un excès de zèleJe n’ai pas besoin de chars ni de bombardiersJ’écoute l’acharnement de la pierre des quartiersLe cœur en obus les mots en roquettesJ’ai dans mes poches des poèmes en grenadesDes haïkus de feu et des coups de mitraillettesEt pour l’amour de vous qui me serrez des sérénadesPour vous plaire je ne me servirai pas des paillettesCar pour l’internationale desservie qu’on affameAvec des promesses à la rame du bonheur qu’on émietteIl y a la mare tourmentée la quête inquiète d’une femmeUne femme de feu d’air d’eau et de terreUne femme en rose de sable et en étoile de merUne femme qui a l’âme des amarres funambulesArrimée à des embarcadères en la(r)mes somnambules
© Inès A.
P.S. Dédicace spéciale à Marie-Georges Buffet, Patrick le Hyaric et Jeannette Simon (grâce à qui je reçois tous les jours l’Huma dans ma boite aux lettres)
P.S.S. Tunisienne née en 1979, en France depuis 2001 pour un 3ème cylcle en Lettres modernes, je n’ai pas le droit de vote n’ayant pas la nationalité française (que je ne pourrais pas demander tant que je suis encore "étudiante") alors que je connais bien LA france et l’Histoire de LA france.