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Irak : tireurs d’élite et blindés cernent le mausolée d’Ali à Najaf
Publie le mercredi 25 août 2004 par Open-PublishingBAGDAD - Le mausolée d’Ali, place forte des miliciens du chef chiite Moqtada Sadr à Najaf, était cerné mercredi par des tireurs d’élite et des blindés américains postés à moins de 20 mètres de l’édifice alors que les Gardes nationaux irakiens patrouillaient en attendant le signal d’assaut.
Le ministre irakien de la Défense Hazem Chaalane avait prévenu mardi que les miliciens n’avaient que "quelques heures" pour se rendre avant que les forces irakiennes ne donnent l’assaut.
Le grand ayatollah Ali Sistani, arrivé mercredi matin à Bassorah (sud de l’Irak) en provenance de Londres via le Koweit, se rendra à Najaf jeudi, a déclaré l’un de ses porte-parole dans la capitale britannique. Le grand ayatollah Ali Sistani, 73 ans, qui se trouvait à Londres où il avait été hospitalisé le 6 août en raison d’une "faiblesse cardiaque", est arrivé en Irak par le Koweït voisin. Plus tôt mecredi matin, le directeur du bureau de M. Sistani, qui l’accompagnait à Londres, avait déclaré à la chaîne satellitaire Al-Arabiya que le dignitaire allait rentrer en Irak et appelait ses concitoyens à marcher sur la ville sainte pour la sauver.
Un avion américain a tiré un missile mercredi vers 10h30 (06h30 GMT) à quelques mètres à l’ouest de mausolée, faisant trembler l’édifice. Toutes les entrées de l’édifice étaient mercredi matin sous le feu des tireurs d’élite américains et plus personne ne pouvait entrer ou sortir de l’enceinte. Les miliciens interdisaient le passage par la porte d’entrée principale, qui se trouve au sud, en raison des tireurs américains qui ouvraient le feu sur toute personne qui entrait ou sortait de l’enceinte.
Au nord, la porte est fermée depuis plusieurs jours, pour les mêmes raisons. Vers 07h30 (03h30 GMT), des chars ont fait une percée à moins de vingt mètres du côté ouest de l’enceinte du mausolée, alors qu’ils se trouvaient la veille à 200 mètres. Par ailleurs, du côté est, les chars américains, à 300 mètres du mausolée, ont fait voler en éclats les défenses de l’Armée du Mehdi. Au sud, les chars américains, qui se trouvent à environ 350 mètres du mausolée, bombardaient les positions de leurs adversaires. Il était difficile de connaître la situation au nord, du côté du cimetière, autre place forte des miliciens.
Des barricades installées par les miliciens pour protéger l’entrée de l’édifice ont été incendiées. Des centaines de Gardes nationaux irakiens (auxiliaires de l’armée), qui ont été déployés la veille pour la première fois dans la vieille ville, continuaient à patrouiller dans les rues et les ruelles à environ 300 mètres de l’édifice. Les autorités irakiennes ont toujours assuré qu’aucun soldat américain n’entrerait dans le mausolée, lieu sacré pour les chiites, et que la tâche d’en déloger les miliciens reviendrait aux forces irakiennes.
Les forces américaines ont repris tôt mercredi matin leurs tirs d’artillerie sur les positions des miliciens près du mausolée, selon un porte-parole militaire américain. Les tirs ont commencé à 06h30 locales (02h30 GMT) et visaient les miliciens installés devant le lieu saint, a précisé le sergent Trevor Candelan. Le porte-parole de Moqtada Sadr, cheikh Ahmad Chaïbani, a lancé mardi un appel pressant à la négociation, alors que de moins en moins de combattants chiites étaient visibles dans les rues, sans qu’il soit possible de savoir s’ils se cachaient ou avaient fui.
"Nous accueillons positivement toute initiative ou proposition de paix qui ne porte pas atteinte à la dignité des Irakiens et au mouvement al-Sadr. Nous n’accepterons aucune solution humiliante pour nous", a-t-il dit.
Les combats ont commencé le 5 août. Le Premier ministre Iyad Allaoui exige le départ de l’Armée du Mehdi du mausolée, le désarmement de la milice et sa transformation en formation politique. De violents affrontements ont par ailleurs éclaté mardi à Amara (370 km au sud de Bagdad) entre l’Armée du Mehdi et les troupes britanniques, dans lesquels 12 Irakiens, dont trois enfants, ont été tués et 54 blessés.
Entre-temps, le vice-président irakien Ibrahim al-Jaafari, un chiite, a effectué mardi une visite impromptue en Iran voisin, a rapporté la télévision d’Etat iranienne.
Cette visite est intervenue au moment où les diplomaties des deux pays s’emploient à dissiper les crispations des dernières semaines. Enfin, un groupe islamiste, l’"Armée islamique en Irak", a affirmé dans une vidéo diffusée mardi sur Al-Jazira détenir le reporter italien Enzo Baldoni. Le Groupe exige le retrait des troupes italiennes d’Irak dans un délai de 48 heures, mais Rome a rejeté cette demande.
A Bagdad, l’ambassade de Pologne a été touchée par des obus, mais on ne déplore aucune victime, selon le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères.
Alliée de Washington depuis le début de la crise irakienne, la Pologne administre une zone en Irak à la tête d’une brigade multinationale.
Les forces polonaises ont été la semaine dernière la cible d’attaques répétées, qui ont fait trois morts. Au total, 14 Polonais sont morts en Irak depuis le début de l’intervention armée dans ce pays, dix militaires et quatre civils.