Bellaciao
La sécurité : un bien commun !
Alors que les violences policières explosent, des voix s’élèvent y compris au sein de la police. Antony Caillé, secrétaire général CGT-Intérieur en dresse le constat, souligne l’épuisement des troupes et questionne la stratégie à l’œuvre. Dans son livre « Que peut la police ? », il explique en quoi la mission de service public de l’institution doit primer via une réforme en profondeur.
Souvenons-nous : le 5 décembre 1986, Abdel Benyahia, 19 ans, tombait d’une balle en plein cœur tirée par un policier ivre. Le lendemain, Malik Oussekine, 22 ans, était battu à mort par des voltigeurs (brigade d’intervention mise en place sous Charles Pasqua). « Ce drame a provoqué une onde de choc nationale et la dissolution immédiate de l’unité en cause », rappelle Antony Caillé, le secrétaire général CGT-Intérieur dans « Que peut la police ? ». Il poursuit : « L’événement a aussi marqué durablement la culture policière : ce que certains appellent le « syndrome Oussekine », cette conscience tacite qu’il existe des limites à ne pas franchir ». Une morale percutée par le durcissement des règles du maintien de l’ordre. Les morts de Zined Redouane (tuée par une grenade lacrymogène en 2018), de Cédric Chouviat (mort étouffé en 2020) ou de Nahel Merzouk (tué à bout portant en 2023) en attestent. Tout comme les blessures de Geneviève Legay (2019), de Michel Zecler (2020) ou de Jérôme Rodrigues (2019) et tant d’autres…
Inquiétante escalade
« La sécurité n’est pas un champ de bataille. C’est un bien commun », affirme l’enquêteur de la judiciaire. Après avoir évoqué l’histoire de la police française, mise en place au XVIIe siècle mais aussi son propre parcours, il explique l’intensification de la violence actuelle par la mise en pratique de règles et d’outils édictés par les gouvernements, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron. Peu à peu, les gardiens de la paix se sont vu sommés de devenir des forces de l’ordre avec obligation de rendements rapides et chiffrés. Si on comprend que les attentats de 2015 appelaient à renforcer la vigilance, on doit s’interroger sur les conséquences des moyens déployés tels les fiches S et les assignations à résidence. La crise des Gilets jaunes puis la pandémie de Covid n’ont pas arrangé la situation. Le « tout sécuritaire » se renforce alors que s’étend la fracture entre la population et la police. Les armes s’achètent en nombre : caméras de surveillance, gaz lacrymo couplé aux LBT, drones… Les formations s’amenuisent, les heures sup’ s’amplifient (...)
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