Accueil > Iran : Khamenei juge que « le peuple a choisi »
Alors qu’un mouvement de contestation secoue l’Iran depuis la réélection, le 12 juin, de Mahmoud Ahmadinejad, la population attendait beaucoup du prêche, ce vendredi à l’Université de Téhéran, du guide suprême Ali Khamenei.
Ce-dernier a finalement tranché en faveur du président réélu. « Les opinions du président sont plus proches des miennes » que celles d’Akbar Hachémi Rafsandjani, l’ex-président, qui a soutenu le candidat modéré Mir Hossein Moussavi pendant la campagne", a t-il dit.
Déclarant que « le peuple a choisi celui qu’il voulait » comme président, l’ayatollah Ali Khamenei a estimé que « l’élection a témoigné de la confiance du peuple dans le régime » islamique, grâce à une participation exceptionnelle de 85%.
Un avertissement contre « l’extrémisme »
L’Ayatollah Khamenei, qui est la plus haute autorité de la République islamique, a aussi exigé la fin des manifestations et dit qu’il « ne cèdera pas à la rue ». Depuis une semaine, l’opposition organise chaque jour d’imposants rassemblements, dont l’un a dégénéré lundi avec la mort de sept manifestants dans des heurts. Dans son prêche, Ali Khamenei a d’ailleurs lancé un avertissement à l’opposition contre l’« extrémisme » débouchant sur la violence.
Le guide suprême a rejeté la possibilité de fraudes, confirmant que « le président a été élu avec 24 millions de voix ». Mais, a-t-il concédé, tout doute sur les résultats doit être examiné par des moyens légaux. Enfin, il a violemment dénoncé l’attitude des pays occidentaux concernant le scrutin.
Pendant la campagne, l’ayatollah avait implicitement appuyé la candidature de Mahmoud Ahmadinejad et avait salué samedi comme une « grande fête » sa réélection.
L’opposition ne prévoit pas de manifester
Les partisans de Mir Hossein Moussavi, le rival de Mahmoud Ahmadinejad, avaient donné la consigne d’annuler tout rassemblement vendredi. Le candidat battu à l’élection présidentielle avait rappelé jeudi que le mouvement d’opposition visait non pas à s’en prendre au régime, mais à obtenir l’annulation du scrutin.
Un autre candidat, le conservateur Mohsen Rezaï, arrivé troisième lors de la présidentielle, a de nouveau dénoncé des irrégularités. Selon lui, la participation a atteint 140%, dans certaines circonscriptions. « Lorsque je présente (la liste de) 170 circonscriptions où la participation a atteint entre 95% et 140%, est-ce que je dis des généralités ou faut-il examiner cela », a-t-il demandé lors d’une intervention à la télévision d’Etat tard jeudi soir. Il a également de nouveau critiqué le refus du ministère de l’Intérieur de lui fournir le détail des résultats bureau de vote par bureau de vote, comme il le réclame depuis samedi dernier.
Les trois candidats battus au scrutin présidentiel du 12 juin ont déposé plainte pour un total de 646 irrégularités, selon le porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, Abbas Ali Kadkhodaï.
Un Prix Nobel appelle à l’annulation du scrutin
Hier jeudi, la lauréate iranienne du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi a apporté son soutien à l’opposition. Dans une tribune publiée par le journal américain Huffington Post, elle a appelé à l’annulation de la présidentielle et à l’organisation de nouvelles élections.
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