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Islande, le paradis de la finance devenu enfer économique

Publie le jeudi 16 octobre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Islande, le paradis de la finance devenu enfer économique

Marianne2.fr

Pour mieux comprendre la crise financière, Marianne2 interroge des économistes sur ses épisodes marquants. Aujourd’hui, Jean-Marc Daniel, professeur d’économie à l’ESCP et à l’Ecole des Mines, revient sur le « miracle financier » islandais qui précipite l’île au plus profond de la crise.

Pendant que la quasi totalité des bourses mondiales repartent à la hausse, Reykjavik a enregistré mardi 14 octobre à midi une chute vertigineuse de 76% de son indice (l’OMX 15). Depuis la semaine dernière, l’Islande a vu son système bancaire s’effondrer, entraînant dans sa chute l’économie toute entière de ce petit pays qui se flattait hier du plus haut niveau de vie de la planète, concurrençant l’arrogant Luxembourg.

Comment ce paradis économique de 300.000 habitants a-t-il pu connaître une telle déroute en si peu de temps ?

Jean-Marc Daniel, professeur d’économie à ESCP-EAP, chargé de cours à l’Ecole des mines de Paris et directeur de la revue Sociétal.

« Habituellement, les crises économiques des Etats sont présentées comme des crises des finances publiques : crise mexicaine de 1994, crise argentine en 1998, etc. Or dans le cas de l’Islande, les comptes de l’Etat sont en excédent et tout l’endettement est porté par les trois banques du pays. Et cet endettement est très élevé : il atteint en flux annuel 15% du PIB, ce qui en comparaison du pire déficit extérieur de l’Union européenne (Espagne :10% du PIB), est énorme.

La raison de cette dette tient à ce que l’Islande produit très peu mais a un niveau de vie très élevé. Pour compenser la différence, le système bancaire a, depuis les années 1990, emprunté massivement au Royaume-Uni et à la Suède. L’Etat a bien géré ses fonds mais les banques ont profité du système pour aller plus loin.

Le problème de ces dettes, c’est qu’elles ont été contractées en euros et en livres sterling, des monnaies très fortes. Or, pour garantir ces prêts, les banques ne disposent que de l’épargne des Islandais, donc de couronnes islandaises. Pour continuer d’emprunter, le système bancaire a dû remonter ses taux d’intérêts pour maintenir la valeur de la devise nationale très haut.

Quand les banques britanniques et suédoises, victimes de la crise, se sont retournées vers les banques islandaises toutes en même temps pour récupérer leurs mises, ces dernières ne pouvaient payer qu’en couronnes islandaises. Les banques étrangères ont refusé la devise et son cours s’est effondré. L’Etat islandais n’a pas eu d’autre choix que de nationaliser les banques, récupérant leurs dettes.

Maintenant, pour honorer ces emprunts, l’Etat doit trouver des euros et des livres sterling. Les banques étant paniquées, elles ne souscriront pas de prêts, il doit donc se tourner vers un autre Etat, ou un organisme international. D’un côté, la Russie propose son aide avec une forte arrière-pensée politique : depuis la création de l’Otan, l’Islande est une position stratégique et son renflouement par la Russie serait un signe fort pour les Etats-Unis. Les Islandais le savent et font mine de s’intéresser à l’offre de Moscou pour attirer la bienveillance américaine.

Mais la Réserve fédérale a d’autres économies à sauver. Reste le FMI. Mais les hésitations sont très fortes car le Fonds ne peut pas voler à la rescousse de tout le monde. Or, personne ne sait si, demain, la Turquie ou un pays pétrolier frappé par la chute des prix du baril ne va pas avoir besoin de l’argent que le FMI aura donné à l’Islande. Il serait difficile de laisser plonger des pays en voie de développement au profit d’un des Etats les plus riches du monde.

L’enjeu est important et Dominique Strauss-Kahn peut en sortir grandi ou diminué. Sa victoire en tant que candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012 se joue peut-être à Reykjavík aujourd’hui ! »

Jean-Marc Daniel est directeur de la revue Sociétal. Il est l’auteur de La politique économique, paru dans la collection Que sais-je ? aux éditions PUF, et de l’ouvrage Le taureau face aux tigres, l’Europe et le reste du Monde, paru le 12 octobre 2008 aux éditions Pearson.

http://www.marianne2.fr/Islande,-le...

Messages

  • Beurk !

    Marianne vole au secours de Dominique ? c’est ça "Big Mamma" ? :-)

  • Pendant que la quasi totalité des bourses mondiales repartent à la hausse,

    16.10.2008

    Comme Paris, les Bourses européennes s’écroulent

    http://www.leparisien.fr/economie/c...

    Pour l’info des Français : ... il y a vraiment du souci à se faire ?

    • Moi j’aime bien lire ça :

      Or dans le cas de l’Islande, les comptes de l’Etat sont en excédent et tout l’endettement est porté par les trois banques du pays

      Quand tout le monde se demande où passe l’argent, eh bien nous savons à présent que l’Etat n’est pas très loin.

      De là à penser que nos caisses de l’Etat sont bien remplies, notamment avec le prix de l’essence, les super économies faites sur le domaine public (écoles, fusions de services...), on n’est pas loin de la vérité. Le train de vie de l’Elysée (+ 11 %), l’augmentation de 50 % de fonctionnaires à sa botte, l’auto-augmentation de 200 % de son salaire, les 360 milliards d’euros à injecter dans les banques foireuses. Il ne manque plus que les salariés descendent dans la rue pour réclamer des augmentations de salaires conséquentes (rattrapage), notamment du smig porté à 1500 net, les dettes de la Sécu épongées, etc...

      Pourquoi se gêner quand Sarkozy a menti à tous les français : l’Etat n’est pas en faillite, la preuve .