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Ismail Karaman, cette fois exécuté par la justice
Publie le mercredi 27 octobre 2010 par Open-Publishing
Le 6 juillet 2001, Ismail Karaman, militant recherché du mouvement marxiste anatolien DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple) âgé de 24 ans, est abattu en plein jour aux abords du cimetière de Firuzköy dans le quartier stambouliote d’Avcilar par les policiers de la section antiterroriste de la Sûreté, au motif qu’il n’a pas répondu à leurs sommations.
Le lendemain, la Direction de la Sûreté affirma dans un communiqué qu’Ismail Karaman était membre d’une unité combattante du DHKP-C et qu’il avait été tué au cours d’une confrontation armée.
Pour enquêter sur les faits, la Sûreté désigna sans vergogne les policiers personnellement impliqués dans l’assassinat d’Ismail Karaman.
Ces derniers prétendirent qu’Ismail Karaman avait tiré cinq coups de feu dans leur direction.
Information démentie par l’Institut médicolégal démontrant dans la foulée que les balles qui traversèrent le corps d’Ismail avaient été tirées dans son dos et à courte distance.
Par ailleurs, peu avant son assassinat, de nombreux militants de gauche arrêtés auraient entendu les policiers dire qu’Ismail Karaman serait exécuté pour venger la mort de trois des leurs.
Le 25 octobre dernier, la 5e Cour d’assises de Bakirköy a acquitté Nihat Culhaoglu et Ali Ersan, les deux policiers inculpés d’homicide, concluant qu’ils avaient « agi dans les limites légales de l’autodéfense ». Les demandes d’enquête introduites par la partie civile ont été systématiquement rejetées par la Cour.
Le président du tribunal Ilhami Yilmaz a toutefois émis une opinion divergente, estimant qu’il y avait bien lieu de condamner les policiers à une peine maximale de 4 ans de prison en vertu des articles 87 § 4 et 29 du Code pénal turc pour « homicide volontaire ».
A la sortie du tribunal, Me Taylan Tanay, avocat de la famille Karaman et président de la section stambouliote de l’Association des juristes progressistes (CHD), a déclaré : « Ce verdict a une nouvelle fois fait tomber le masque démocratique du gouvernement AKP. Il montre que le problème dans les affaires de crimes politiques et de massacres n’est pas la fuite des auteurs. (…) Il s’agit d’un crime de plus dont les auteurs ont pu bénéficier des largesses et de la bienveillance de Dame justice. »
Le 26 octobre 2010
Sources : Birgün, Halkin Sesi TV, Firatnews.