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Israël : Une occasion perdue, peu sont ceux qui s’interrogent

Publie le dimanche 23 septembre 2007 par Open-Publishing
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de Michele Giorgio
traduit de l’italien par Karl&Rosa

Même le premier ministre Ehud Olmert, après avoir appris la nouvelle, avait souligné que l’Etat et la société israélienne "ont échoué dans l’éducation des jeunes en les éloignant d’idéologies dangereuses et malsaines". Et pourtant, moins de dix jours après l’arrestation à Petah Tikva (Tel Aviv) de huit jeunes néonazis juifs, le débat interne sur le racisme et l’intolérance que l’évènement aurait dû garder vivant longtemps s’est déjà éteint.

Les titres sur des pages entières apparus sur les principaux quotidiens du pays sont désormais un souvenir. Du néonazisme en Israël on ne parle presque plus, aussi parce que le monde politique s’est empressé de minimiser et de circonscrire le phénomène. "Cela a été un accident isolé" a tout de suite corrigé le tir le premier ministre israélien. "N’incriminons pas un peuple entier et évitons le guet-apens de la généralisation, maintenant il ne faut absolument pas penser à des solutions qui auraient un impact sur toute la population", a-t-il expliqué.

Pour Olmert et son gouvernement, on doit prendre au sérieux, mais jusqu’à un certain point, la cellule néonazie démantelée et en tout cas, disent les dirigeants israéliens, c’est le résultat d’un mal généré à l’extérieur et pas à l’intérieur du pays, à savoir parmi les immigrés en provenance de l’ex URSS et à la « juiveté » incertaine. Les réactions de différents ministres ne surprennent pas non plus, toutes visant à frapper les « mailles larges » de la loi du retour qui permettrait à des individus sans racines juives véritables de pouvoir entrer en Israël et en devenir des citoyens.

Le ministre de l’intérieur Meir Sheerit a demandé soit révoquée la nationalité des huit néonazis s’ils sont jugés coupables. Et le leader du parti religieux Shas, Elyahu Yishai, a affirmé que si les accusations sont confirmées au tribunal il faudra annuler leur nationalité israélienne et considérer la possibilité de les expulser. Ainsi, paradoxalement, se retrouve sous accusation cette loi du retour dont pourtant les autorités israéliennes et l’Agence juive, surtout ces 15 dernières années, se sont servi pour garantir des flux d’immigration constants, de manière à ce que la croissance démographique des Palestiniens en Israël et dans les Territoires occupés soit compensée (et combattue).

Selon Yoav Stern, du quotidien Haaretz – le seul à avoir ouvert un intéressant blog sur l’argument -, « Israël est en train de perdre l’occasion d’analyser en profondeur la croissance du racisme sous toutes ses formes – nous a-t-il dit il y a quelques jours – l’histoire des néonazis juifs à été close d’une façon hâtive avec la motivation des « pommes pourries » et en prétextant que les arrêtés sont partiellement des Juifs, qu’ils avaient profité de la loi du retour pour quitter leur pays d’origine et qu’ils étaient arrivés en Israël en portant dans leur bagage leur idéologie nazie.

Une version qui n’est vraie que dans une mesure minime. Parmi ces jeunes néonazis il y a des militaires, des personnes qui menaient une existence semblable à celle de tous les autres citoyens, qui étaient en somme une partie intégrante de la société et même des appareils de sécurité de l’Etat ». Et puis, est arrivée la nouvelle qu’un des arrêtés, un ancien officier de l’armée, a travaillé pendant une période dans le siège du Shin Bet (sécurité intérieure), l’un des endroits les plus protégés à Tel Aviv et qu’il fut embauché comme apprenti électricien, en jouissant de liberté de mouvement dans l’édifice.

Selon Yoav Stern, les Israéliens devraient se demander, « mais ils ne le font pas », comment il a pu arriver « que des jeunes se soient déclarés des nazis en appartenant pourtant à un peuple qui a risqué d’être exterminé par Hitler ». Ils découvriraient, a-t-il ajouté, « qu’ils ne sont pas le produit d’une culture étrangère à Israël mais, au contraire, qu’ils sont en réalité la manifestation de tendances racistes bien esquissées contre les Palestiniens et les Arabes, qui du terrain de la politique et du conflit ont été lentement absorbées et développées par la société ». Le bruit de l’arrestation des huit « nazis juifs » a donc obligé Israël à poser son regard au moins pendant un jour entre les murs domestiques, mais il n’est pas arrivé à secouer les consciences.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

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