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Israël durcit sa politique envers les pacifistes

Publie le jeudi 31 juillet 2003 par Open-Publishing

Cinq pacifistes étrangers, membres du Mouvement
international de solidarité (ISM), ont été
blessés, dont un grièvement, lundi, par des tirs
israéliens, lors d’une manifestation contre le
mur de séparation érigé par Israël en
Cisjordanie. Les militaires ont fait usage de
leurs armes lorsqu’un groupe de 500 manifestants
palestiniens, mené par une centaine de
pacifistes d’ISM, ont jeté à terre un portail du
mur, près du village d’Anin. L’objectif était
de permettre aux agriculteurs palestiniens de se
rendre dans leurs champs, auxquels ils n’avaient
plus accès depuis l’érection du mur. Mardi 29
juillet, le premier ministre israélien, Ariel
Sharon, a réaffirmé à Washington qu’Israël
continuerait la construction de cet ouvrage,
qu’il qualifie de "clôture de sécurité".

Dix jours plus tôt, un groupe de militants d’ISM
avaient été expulsés, après avoir passé huit
jours en prison. Parmi eux, Thomas Pellas, un
Français enseignant de mathématiques, membre de
l’association France-Palestine Solidarité
(AFPS), entré en Israël fin juin pour participer
à un projet d’aménagement d’une aire de jeux
financé par l’AFPS, pour l’école primaire des
Bédouins Jahalin, vivant dans une banlieue de
Jérusalem-Est, et pour y animer des ateliers
pour enfants.

"UN GRAVE DANGER"

Dans des déclarations au Monde, Thomas Pellas
explique qu’il s’était joint le 10 juillet à des
pacifistes d’ISM pour aider les Palestiniens à
lever des barrages interdisant le passage entre
les villages de Til et Iraq Bourin et la ville
de Naplouse, en Cisjordanie. Alors qu’un
bulldozer palestinien était sur le point de
lever le dernier barrage, des militaires
israéliens sont intervenus à bord de deux Jeep
et ont lancé des grenades lacrymogènes pour
disperser les pacifistes qui tentaient de
s’interposer. Puis, reniant un engagement pris
après négociation de ne procéder à aucune
arrestation si les deux barrages étaient remis
en place - ce qui fut fait -, les soldats ont
saisi le bulldozer, arrêté le chauffeur
palestinien ainsi que six pacifistes, dont deux
israéliens. Ces derniers furent relâchés le
lendemain "faute de charges".

Les autres, dont Thomas Pellas, ont été soumis à
un rude interrogatoire, puis maintenus en
détention avec quatre autres "internationaux"
arrêtés à Jénine pour avoir installé une tente
sur une terre réquisitionnée pour l’édification
du mur. Ils furent traduits en justice sous
prétexte qu’ils constituent "un grave danger
pour Israël", jugés et expulsés avec
interdiction de retour pour plusieurs années.
Durant leur détention, groupés dans une cellule
exiguë sans fenêtre et la lumière électrique
allumée en permanence, ils ont été privés de
leurs affaires personnelles, interdits d’accès à
la cantine et n’ont eu qu’un contact limité avec
leurs avocats.

Israël a nettement durci depuis trois mois sa
politique contre l’ISM et toute autre
organisation dont le but est de "perturber les
opérations de l’armée israélienne". Une
militante d’ISM, Rachel Corrie, 23 ans, a été
tuée en mars, écrasée sous un monticule de terre
poussé par un bulldozer de Tsahal, alors qu’elle
s’opposait à la destruction d’une maison
palestinienne dans la bande de Gaza.

Mouna Naïm