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Italie, les raisons de la Refondation Communiste : notes et réflexions à l’appui de la motion du Secrétaire

Publie le vendredi 21 janvier 2005 par Open-Publishing

VI Congrès : le débat entre les motions

Un avant-propos

Le 6ème Congrès de Refondation Communiste a lieu dans un moment extraordinaire : la possibilité de chasser du gouvernement du pays Berlusconi et la droite est à l’ordre du jour mais ce nouveau cours ne s’est pas encore réalisé. Au contraire, dans le camp des oppositions, pèse le côté indéterminé des composantes modérées et réformistes et l’on ne doit pas non plus sous-évaluer la capacité de réaction de la majorité de droite qui réagit à sa propre crise en accentuant le caractère de classe de son gouvernement et en soulignant les tendances réactionnaires en son sein.

En même temps, la guerre rate tous les objectifs pour lesquels elle avait été proclamée et la situation en Irak se fait, jour après jour, plus instable et dramatique. Malgré cela, la guerre ne réduit pas son champ d’action, au contraire elle s’aiguise. En somme, nous nous trouvons dans une crise profonde qui s’ouvre sur des issues différentes.
C’est dans ce contexte que se situe notre congrès : les décisions que nous allons prendre ne seront pas sans conséquence dans la détermination de l’issue de la crise sociale et politique de notre pays et de l’Europe.

Les documents du congrès

Ce congrès présente une diversité par rapport au passé, dans le positionnement des forces internes. Cinq documents ont été présentés et admis au débat. C’est une grande preuve de démocratie qui démontre combien le débat à l’intérieur du parti est vivant et vital. Du point de vue des composantes internes, on doit souligner cette nouveauté : à côté de la différence stratégique qui se propose à nouveau comme au dernier congrès entre la majorité du Parti et la minorité de Projet Communiste, une différence s’est aussi établie à l’intérieur de la majorité issue du dernier Congrès : les camarades qui font référence à la revue L’Ernesto et ceux qui se reconnaissent dans le revue Erre ont présenté au Congrès deux documents différents, alternatifs aux quinze thèses, présentées par le Secrétaire National et qui ont emporté la majorité absolue des voix du Comité Politique National.

Naturellement, personne ne met en discussion la légitimité de la présentation par ces camarades de documents alternatifs à ceux de la majorité. Mais on ne peut pas légitimer l’hypocrisie de ceux qui, comme les camarades du document "Etre communiste" , soutiennent dans leur document qu’ils auraient préféré un Congrès avec des thèses amendables. Comme cela a été souligné dans le règlement du Congrès, tous les documents sont amendables, à quelque niveau que ce soit (du congrès de cercle au National, en passant par celui de fédération). Le CPN a adopté en tant que texte base les quinze thèses préparées par le Secrétaire : chacun, s’il le veut, aurait pu présenter des amendements à ces thèses et les proposer à nouveau dans les cercles et dans les autres instances du Congrès. Le point est que l’on amende un texte qu’on partage dans ses parties essentielles, on n’utilise pas le subterfuge d’amendement pour sous-tendre une autre ligne politique alternative. On ne peut pas rester assis entre deux chaises pour profiter de la position due au fait qu’on est dans la majorité et puis agir comme si on était l’opposition, on ne fait ainsi que permettre le transformisme des groupes dirigeants.

C’est pourquoi on a affirmé, comme c’est évident, que ce sont les documents et non les amendements qui sont représentatifs. A ce moment-là, les camarades de l’Ernesto ont présenté leur propre document alternatif. Aucun problème : c’était leur droit. Mais nous le répétons, il est hypocrite d’affirmer que l’on aurait préféré un document amendable. Les 15 thèses ne sont pas à prendre ou à laisser, elles sont amendables, leur brièveté même favorise un parcours de congrès qui les enrichissent, à la fin du débat, par les contributions qui arriveront des cercles et des fédérations.

Dans ce document, nous essaierons d’analyser les points fondamentaux du débat au Congrès et comment ces points sont abordés dans les documents, à partir des 15 thèses proposées par la majorité du Parti. En outre, nous essaierons de faire émerger les différences fondamentales avec les documents présentés par l’aire de l’Ernesto et par celle de Erre qui n’étaient pas présents au Congrès précédent.

Les différences stratégiques avec les documents de Projet Communiste et des camarades qui font référence à la revue Falce Martello sont, par contre, mieux connues parce qu’elles sont reproposées d’une manière presque analogue à celle du dernier Congrès. Vis-à-vis des positions que légitimement ces camarades expriment, nous soulignons une différence de fond : leur façon de se situer mènerait à une marginalisation politique du Prc et de sa capacité même à peser dans les mouvements et dans le cadre politique et institutionnel. Le Prc serait réduit à une enceinte autoréférentielle dépourvue de la capacité d’exprimer quelque projet réel de transformation que ce soit.

1. La question du gouvernement

Est-il possible aujourd’hui d’ouvrir une nouvelle phase politique ? Est-il possible de battre la droite en ouvrant un nouveau cours politique ? Comment battre l’hypothèse néo centriste qui vise à remplacer Berlusconi en gardant le cœur des politiques néo libérales ? Comment rendre possible une incidence des mouvements dans les choix politiques pour en permettre une croissance ultérieure ? Voilà les questions auxquelles les 15 thèses essaient de fournir une réponse. Pour Refondation Communiste, le gouvernement n’est pas l’aboutissement, les rôles du gouvernement et de l’opposition ne peuvent pas être classés en fonction d’une hiérarchie selon laquelle le gouvernement c’est bien et l’opposition c’est mal. La question du gouvernement est donc une décision politique et découle du jugement de phase que l’on donne. Notre évaluation est la suivante.

Le Pays demande à ce que le gouvernement de la droite soit chassé et que cela ait lieu en réalisant une politique nouvelle. De son côté, la possibilité pour les mouvements de grandir davantage est liée non seulement à leurs capacités de lutte mais aussi à leur possibilités de peser concrètement dans les choix de fond. Si l’on n’agit pas dans les deux directions, le risque est que les mouvements se replient sur eux-mêmes et que leurs capacités d’expansion soient érodées.

Est-il possible aujourd’hui de se proposer ce projet ?

Nous pensons que oui, pour deux raisons : la crise dévastatrice des politiques néolibérales d’un côté et la croissance des mouvements de l’autre. La combinaison de ces deux facteurs a rompu l’unité du centre gauche qui n’existe plus en tant que sujet unitaire et qui est en train de se désarticuler sur tous les thèmes fondamentaux en changeant l’orientation de grandes organisations de masse (si l’on pense à la Cgil et à l’Arci, pour donner l’exemple de la plus grande organisation des travailleurs et de celle de la société civile).

Est-ce une issue escomptée ?

Absolument pas. Son issue dépend du profil réformateur de la coalition démocratique qui se propose comme alternative à la droite et des discriminantes programmatiques (à commencer par le retrait des militaires de l’Irak et de l’abrogation des lois du gouvernement qui empêchent tout processus réformateur). C’est pourquoi nous avons dit que le thème de la démocratie devait être le premier engagement du programme : car l’autonomie et le développement des mouvements doit représenter le caractère fondateur du nouveau cours politique. Nous pensons que cet objectif doit être déclaré ouvertement et poursuivi sans hésitations.

2. Le désistement

En ce sens, nous trouvons une différence substantielle avec les positions exprimées dans les autres documents qui, avec plusieurs nuances, proposent à nouveau le raccourci du désistement.

Cette position est erronée et subalterne. En substance elle propose à nouveau le vieux schéma qui a déjà été défait par l’expérience qui a suivi la victoire électorale de 96. En outre, au nom de la défense de refondation, on arrive à proposer une subalternité politique et culturelle du Parti. En somme, Refondation n’irait bien que pour la première partie du match, celle de l’expulsion de Berlusconi, et reviendrait sur le banc des remplaçants dans la deuxième mi-temps, la décisive, pour gagner le défi d’un nouveau cours politique. Un match certes difficile, mais ne pas le jouer signifie l’avoir déjà perdu.

Le parti devrait se réduire à ce que les réformistes pensent des mouvements : ils sont bons quand on est à l’opposition pour battre le gouvernement et l’on doit les renvoyer dans leurs foyers quand il s’agit de gouverner. Ce n’est pas un hasard si le désistement est l’idée qui plait à Letta, de la Margherita et qui ne déplait sûrement pas à D’Alema.

Et puis, le parti devrait s’équiper pour une campagne électorale absolument inefficace : s’il a beaucoup de voix et que ses députés sont indispensables pour gouverner, qu’est ce qu’il faudra faire ? Refaire les élections (mais ce serait politiquement suicidaire) ou négocier avec le centre gauche un programme de gouvernement (mais, à ce moment-là, quand les jeux sont déjà faits) ? A moins qu’il y en ait qui pensent à une campagne électorale en sourdine où l’on dise de ne pas trop voter pour le Parti pour qu’il ne soit pas trop déterminant par la suite...En somme, le désistement propose à nouveau aujourd’hui une subalternité à un cadre politique que nous accepterions alors comme impossible à modifier.

3. Le programme

Les camarades du document "être communiste" posent le problème d’une négociation sur le programme. Ils disent : au gouvernement mais à des conditions précises et ils affirment que cela a été "une erreur d’être entrés dans la Grande Alliance Démocratique" sans en discuter dans le Parti et avant même d’avoir défini et concordé un programme partagé".

Si l’on entend que Refondation n’est disponible qu’à un gouvernement qui rompe avec le cycle néo libéral et amorce un nouveau cours, on affirme une choses évidente. Il est tout à fait évident que Refondation n’est pas disponible à n’importe quel gouvernement. Mais ici, la question est autre. Il s’agit une nouvelle fois de la proposition de la négociation infinie où Refondation est d’un côté et les autres de l’autre et on "négocie, négocie..." jusqu’à la veille des élections dans une discussion exténuante dans l’huis clos du rapport entre les partis. Comment ne pas voir que c’est justement la décision de Refondation de relancer ouvertement le défi du gouvernement qui a contribué à faire bouger la situation ? Cela a ouvert en grand les portes et les fenêtres du débat politique, a ouvert au rapport avec les organisations des travailleurs, les mouvements, les conflits. Une discussion tous azimuts et pas fractionnée selon le vieux schéma où les mouvements proposent et les partis décident. Une discussion ouverte au peuple des oppositions à travers ce que nous avons défini "les primaires sur le programme". Si, plutôt que de penser de la vieille façon, on s’engageait vraiment à réaliser l’implication des associations, des mouvements, du peuple des oppositions dans la construction du programme, nous aurions réalisé un déplacement vers la gauche que même la négociation la plus déterminée entre les partis ne pourrait pas imaginer obtenir.

4. La rupture de 1998

Les camarades du document "Une autre refondation est possible" avancent une critique de fond : avec le projet de construction de l’alternative programmatique de gouvernement, nous trahissons le vrai virage du parti, celui qui a été réalisé lors de la rupture d’avec le gouvernement Prodi en 1998.

On aurait envie d’adresser une boutade à ces camarades : si le doigt indique la lune, ne regarde pas le doigt mais la lune ! La rupture d’avec le gouvernement Prodi est le fait mais le vrai virage est ce qui a déterminé ce fait. La vraie question est donc la conquête de l’autonomie par rapport au cadre politique. L’acte refondateur n’est donc pas la rupture mais l’autonomie. Au nom de la même autonomie, suite à un jugement sur la phase, il est aujourd’hui possible de se proposer l’objectif de la constitution de l’alternative programmatique de gouvernement.

5. Le rapport avec les mouvements

Les 15 thèses sont nettes : le fait d’être à l’intérieur des mouvements identifie le caractère de fond de l’initiative de Refondation Communiste. La capacité du parti a été d’avoir compris la grande nouveauté du mouvement alter mondialiste quand il a fait surface même quand ils étaient nombreux à gauche à le regarder avec un aristocratique détachement.

A l’intérieur du Parti aussi, il y eut une forte discussion. Les résistances à un rapport nouveau avec les mouvements ont été nombreuses. Dans ce cas aussi, on a mis en avant la "tradition" selon laquelle le Parti doit être à la tête des mouvements selon un aménagement hiérarchique sur la base duquel le rôle de guide revient au Parti. Jusqu’à la veille des journées de Gênes, les pages des journaux accueillaient les voix critiques de ceux qui dans le Parti s’auto proclamaient les gardiens de l’orthodoxie. Si ces positions avaient eu le dessus, Refondation Communiste aurait été écartée de la possibilité de participer en tant que protagoniste au "Mouvement des mouvement" et aurait perdu la grande occasion de saisir le caractère durable du mouvement.

Ces camarades, qui proposent aujourd’hui la motion "Etre communiste" ne peuvent plus nier la grande importance du mouvement et combien celui-ci a pesé pour changer l’opinion de masse sur la globalisation néo libérale et sur la guerre. Mais ils n’ont pas changé leur positionnement politique et culturel. Pour eux, en substance"la question du gouvernement" se propose à nouveau en tant que négociation entre les partis et refait surface une idée "de camp" où un rassemblement de partis et de pays est pris comme référence indépendamment des choix concrets que ces partis et ces pays sont en train de faire par rapport aux discriminantes imposées par le mouvement du non à la guerre et aux politiques néo libérales. De cette façon, au-delà de déclarations d’enthousiasme générales et évidentes, on est en contradiction avec l’esprit de fond du nouveau mouvement pour la paix qui fonde son non a à la guerre et au terrorisme précisément sur le refus de quelque "camp" que ce soit.

6. Les mouvements et le gouvernement

Une question différente est proposée par les camarades du document "Un autre Refondation est possible". Leur critique est la suivante : avec l’objectif de la construction d’une alternative programmatique de gouvernement Refondation Communiste a affaibli son rapport avec les mouvements et "le déplacement de notre axe politique leur a littéralement coupé l’herbe sous les pieds".

En réalité, c’est ce qu’il y a dans la tête de ces camarades, ce n’est pas ce que disent les mouvements, ni ne correspond le moins du monde à notre politique. Au moment où fait surface une contradiction entre la croissance des mouvements et le rôle institutionnel du Parti, notre choix est toujours clair : du côté des mouvements. Refondation l’a prouvé à l’occasion de passages très durs en défiant tout le cadre politique et en risquant la marginalisation politique comme ce fut le cas lors de la rupture avec le Centre gauche en 1998. Une telle cohérence est restée inchangée comme le prouve aussi le dernier cas de notre sortie de l’administration Bassolino en Campanie suite aux évènements de Acerra.

Y a-t-il un risque de repli des mouvements ? Oui, ce risque est là et nous interroge tous, partis, syndicats, associations, comités des mille conflits de travail et territoriaux qui regardent vers une véritable alternative. La question est qu’aujourd’hui il faut proposer un projet global, sortir des réponses sectorielles ou par morceaux. C’est pourquoi nous avons envisagé l’idée d’une rencontre des mouvements, d’une unification de parcours et de projets. Sans une idée et un parcours pour une alternative de société, le risque pour tout le monde est celui du repli.

La lutte d’en bas est fondamentale et l’autonomie des mouvements par rapport au cadre politique est la condition même de leur croissance et de l’avancée de la politique. Mais sans relier les luttes d’en bas à la capacité de peser et d’obtenir des résultats, même la capacité de lutte et d’expansion peut subir une sérieuse difficulté et la spirale de la récession peut suffoquer les mouvements.

C’est pourquoi nous pensons que, dans cette phase, caractérisée par la crise du berlusconisme et de son bloc social, il faut se proposer une alternative programmatique de gouvernement. Et donc le but de l’alternative de gouvernement est de favoriser une croissance ultérieure des mouvements. C’est pourquoi nous pensons que c’est avec les mouvements qu’on construit cette perspective.

7. La non violence

Les 15 thèses sont claires : la non violence comme choix politique représente un acquis politique et culturel de grande portée pour réaliser la refondation d’une pensée et d’une pratique communiste dans le nouveau millénaire.

La non violence comme choix politique, ici et maintenant, n’est pas simplement et banalement refus de comportements de supercherie ou d’intolérance. La non violence a une charge active, c’est une autre façon de concevoir et de pratiquer la politique. La non violence est celle que le Mouvement a pratiquée à Gênes, quand il a su réagir à la répression abstraite et généralisée mise en pratique par un pouvoir supra national en échappant à la spirale répression/violence/nouvelle répression. Le mouvement a ainsi mis le pouvoir en échec et a conquis un consensus de masse qu’il aurait perdu s’il avait réagi sur le même plan que le pouvoir.

Il ne faut pas confondre la non violence avec la légalité. Violence et non violence ne sont pas synonymes d’illégalité et de légalité. La guerre, la plus grande expression de la violence, revêt l’uniforme de la légalité. La non violence peut amener et même amène souvent dans la société capitaliste dominée par la violence de l’exploitation à désobéir à des décisions du pouvoir et à des lois injustes. Nous l’avons fait dans le "stopping train", nous l’avons fait encore dans mille expressions des conflits de travail et territoriaux. La non violence comme choix politique échappe à l’idée de "camp", celle pour laquelle "l’ennemi de mon ennemi est mon ami", mortifère pour la possibilité d’expansion du mouvement.

La non violence est l’unique modalité de l’action politique qui permette une réelle généralisation et une réelle pratique de masse, consentant à quiconque de la pratiquer collectivement et individuellement. La non violence amène avec elle une critique du pouvoir et de sa neutralité aussi bien dans la version de "l’entrée dans la pièce des boutons" que dans celle de la "prise du Palais". Le pouvoir, comme la science, n’est pas neutre, n’est pas le volant d’une voiture qui devient bon ou mauvais selon qui le tient. Le pouvoir doit être enquêté de façon critique. La non violence aide cette enquête parce qu’elle met l’accent non seulement sur le résultat mais sur le processus pour l’obtenir. Elle affirme même que le résultat que l’on veut obtenir, le but, doit être incorporé dans le processus, dans les moyens, autrement, à plus long terme, même la fin serait compromise.

La non violence permet de réels échanges avec les pensées critiquant la société capitaliste qui se sont développées ces dernières années et qui ont enrichi la pensée et la pratique d’une transformation sociale. Le féminisme, l’écologisme critique, le pacifisme, les mille formes des expériences de la solidarité internationale et en vue d’une citoyenneté universelle amènent avec eux de nouvelles acquisitions d’idées et de pratiques révolutionnaires et la non violence en représente un bastion. On ne peut pas non plus penser à de réels échanges/partages avec les pensées, les parcours, les actions de ces nouveaux mouvements en dehors du choix de la non violence comme guide de l’action politique. En dehors de ce choix, il n’y a pas d’échange/partage avec les mouvements, mais de vides litanies qui cachent une indifférence de fond. On ne comprendrait pas non plus les révolutions d’aujourd’hui, même celles qui sont armées pour se défendre comme la zapatiste, hors du choix de la non violence et d’une nouvelle pratique de critique du pouvoir séparé.

Dans la motion des camarades du document "Une autre refondation est possible", il est textuellement dit : "Nous sommes pour le pacifisme radical mais nous ne partageons pas la "métaphysique" de la non violence". Que signifie cette expression ? Qui a donc parlé de la "métaphysique" de la non violence ? Pour nous, la non violence est une catégorie de l’action politique, valable dans cette période historique et dans ce contexte, et non une religion. Ces camarades, qui se disent ouverts aux mouvements, entretiennent donc une ambiguïté sur un point de fond de l’innovation politique et culturelle du Parti qui les fait rester au milieu du gué.

Comme sur le gouvernement où, entre le projet de l’alternative programmatique de gouvernement et l’opposition, ils choisissent de rester au milieu, en proposant de nouveau le désistement, puis la navigation à vue, de même sur l’innovation de culture politique et sur les échanges avec le mouvement, ils ménagent la chèvre et le chou : pacifistes intégraux (?) mais sans la non violence comme choix de leur action politique.

Dans la motion "Etre communiste", on fait preuve d’une véritable incompréhension qui est pire que la déformation : c’est l’incapacité de comprendre, avec pour bagage l’orthodoxie momifiée. Ils affirment : "Les formes de lutte dépendent du contexte dans lequel on les pratique : en Italie, il est aujourd’hui possible de pratiquer la lutte pacifique parce qu’hier, les partisans ont battu le fascisme, les armes à la main : par contre, en Irak - après une guerre et une occupation illégitime - le peuple irakien est obligé de donner vie à une résistance, même armée, pour vaincre les envahisseurs". C’est l’expression d’une vieille logique de continuité à cause de laquelle on confond non violence et légalisme, comme si la non violence se réduisait à un trait de délicatesse dans la lutte politique, à du "bonisme" pour employer un terme à la mode. C’est exactement le contraire, comme le prouvent même les mouvements de masse les plus récents dans le Pays. La non violence, ce n’est pas seulement défiler, ou faire des pétitions ou se mobiliser au moment du vote : la non violence est une pratique active de désobéissance qui détermine une généralisation du conflit et qui, à travers un partage et une pratique de masse, se propose de le dépasser à ses racines. Scanzano et Melfi voudront sans doute enseigner quelque chose.

Enfin, ces camarades réalisent un autre grave malentendu qui en dit long sur leur inadaptation à comprendre les nouveautés de l’élaboration politique et culturelle du mouvement. Ils affirment textuellement : "Même le concept selon lequel les communistes ne luttent pas pour conquérir le pouvoir nous parait non seulement étranger à notre histoire, mais incompréhensible ; perdre de vue ce terrain, pour demeurer purs et sans taches, signifierait renoncer à la lutte politique". "Critique du pouvoir" et "renoncement au pouvoir" deviennent donc synonymes, démontrant ainsi que, dans leur façon dogmatique de se situer il n’y a de place que pour une vision traditionnelle du pouvoir et du rapport entre gouvernement, société et mouvements.

8. Non violence et résistance

Il est politiquement insensé de mettre en relation le choix de la non violence comme choix politique ici et maintenant avec d’autres époques et d’autres contextes. La référence à la Résistance italienne est pour cette raison absolument hors sujet. Mais il y a pire.

Séparer, dans la Résistance, la lutte armée du projet de société, tailler dans le vif, séparant en son sein l’aspect de résistance à l’ennemi occupant, du processus de libération, signifie opérer sur un corps vivant et le tuer. De cette manière, on ne défend pas la Résistance, non seulement on assèche sa vitalité encore actuelle mais on en trahit l’aspect le plus profond. Mais c’est précisément ce que font ces camarades en mettant directement en relation la Résistance au nazi fascisme et la résistance irakienne. Et ce n’est pas accidentel : dans un autre passage, la résistance irakienne est mise en relation avec celle du Viêt-Nam. C’est qui l’idée de "camp" qui revient au premier plan.

Que l’on fasse bien attention, on ne remet pas ici en question le droit d’un peuple à résister par les armes à une occupation militaire ou à une agression ni le fait que toute partie, même celle qui est armée, doit avoir le droit de participer à des négociations de paix. Sur ce point, il n’y a entre nous aucune dissension. Le point de désaccord est ailleurs. A la différence de ce que font les camarades de "Etre communiste", pour passer à la solidarité militante, il doit y avoir, selon nous, le partage du projet de société, il doit y avoir un processus de libération.

En somme, les Talibans en Afghanistan ne sont pas les Viêt-Congs et la résistance irakienne ne peut être mise en rapport avec la Résistance en Italie. En faisant ainsi, non seulement on ne comprend pas ces phénomènes mais on en arrive à trahir l’esprit et le message de ces autres expériences, en Italie comme au Viêt-Nam (au-delà, naturellement, des issues et des contradictions de toute expérience que l’on doit de toute façon examiner).

En ce qui nous concerne, nous croyons qu’il est possible et nécessaire d’échapper à cette logique "de camp" et que l’on peut être contre l’invasion de l’Afghanistan sans se ranger aux côtés des Talibans et être contre l’occupation de l’Irak et pour le retrait immédiat des soldats étrangers, avant tout du contingent italien, sans se calquer sur la résistance irakienne et même en en voyant les contradictions et l’élément politiquement corrupteur du nouveau terrorisme.

9. La spirale guerre/terrorisme

Les camarades de la motion "Etre communiste" affirment : "nous sommes en désaccord avec ceux qui - avec la complicité des médias - évoquent une présumée spirale guerre/terrorisme. Non seulement cette formule efface du tableau la Résistance irakienne mais de plus, elle suggère une équivalence inadmissible des responsabilités. La plus nette condamnation du terrorisme demeurant ferme..." Là aussi, on regarde vers le phénomène du terrorisme à travers le prisme du passé, comme si l’on se trouvait face à la guerre d’Algérie où des moyens discutables sont utilisés dans un but partagé de libération. On ne comprend pas le nouveau phénomène du terrorisme et sa capacité à infiltrer et à devenir hégémonique dans la lutte armée.

Le terrorisme prend naissance comme projet politique, utilise les contradictions du monde - la guerre aussi - en les pliant à son projet. Le terrorisme, dans la dimension globale qu’a lancée le défi de Al Kaida, ne se présente donc plus comme un moyen de combattre une guerre juste mais comme une fin en soi, c’est-à-dire qu’il est porteur d’une idée de société et des rapports entre les cultures et les différences. C’est pour cette raison que l’on dit, dans les 15 thèses, qu’il est "fils et frère de la guerre". Par le terme "spirale", on ne veut pas repérer une hiérarchie du type "la guerre génère le terrorisme" ou bien, au contraire, "le terrorisme cause la guerre". Par cette expression, on affirme qu’il existe aujourd’hui entre la guerre et le terrorisme une relation par laquelle, pendant qu’ils se combattent, leur combat lui-même est la condition de leur reproduction et plus l’affrontement est aigu, plus grande est la force avec laquelle ils s’alimentent. D’autre part, la grande force d’expansion du mouvement pour la paix et sa capacité à être l’interprète d’un besoin répandu de l’humanité naît justement dans le fait des’êtresoustrait au choixde camp et d’avoir proposé une critique radicale de la guerre et du terrorisme.

10. L’histoire des communistes

Nous ne pensons pas du tout quel’histoire du mouvement ouvrier soit un tas de ruines. Dans les 15 thèses, on dit : "le grand et terrible 20ème siècle a vu se réaliser, à travers la lutte des classes, l’entrée des masses en politique et, dans ce cours, de grandes expériences d’émancipation se sont produites, les plus grandes qu’on ait connues jusqu’à présent. Le mouvement ouvrier a été le grand protagoniste du siècle mais il a été vaincu, en premier lieu, l’échec, là où il s’est constitué en état dans les sociétés post-révolutionnaires...La critique au stalinisme n’est donc pas simplement la critique des dégénérescences de ces systèmes mais celle du noyau dur qui a déterminé cette issue et elle est, pour cette raison, le point auquel il est impossible de renoncer pour la construction d’une nouvelle idée du communisme et de la façon de le construire".

Une prise de position inverse est celle des camarades de la motion "Etre communistes", au-delà de l’énième bouleversement de la position de la majorité, comme s’il y avait une hâte dévastatrice à vouloir raser toute l’histoire du mouvement ouvrier et effacer indifféremment tous les protagonistes et les contributions présents dans cette histoire. Le véritable point de différence est la logique de la continuité. Dans la position qu’expriment ces camarades, le bilan critique de l’histoire du mouvement ouvrier se réduit à la "critique nette des erreurs et des processus dégénératifs" qui ne peuvent engendrer aucun doute "sur l’aspect prédominant de l’expérience révolutionnaire du mouvement communiste". En pratique, on revient en arrière de plus de 30 ans, avant même ce qui fut le débat au sein du PCI. Ce n’est pas par hasard que ressurgit la critique que Cossutta fit à Berlinguer quand celui-ci prit nettement ses distances du modèle soviétique en parlant de " l’épuisement de la force propulsive" de cette société. Dans le document de "Etre communiste", au chapitre 18, refait surface le regret pour les Pays du socialisme réel et l’on met le doigt sur les "conséquences mondiales de la disparition de l’Union Soviétique". La "nouvelle" critique de ces camarades marche à reculons et revient à la théorie du "contrepoids", c’est-à-dire au camp soviétique, critiquable autant que l’on veut, mais fondamental pour la compétition avec les Etats-Unis et le maintien d’un équilibre dans le monde.

C’est une position doctrinaire, dogmatique et conservatrice qui est reproposée. On recommence ainsi la vieille diatribe sur l’actualité de la notion classique d’impérialisme et de la théorie afférente des conflits inter impérialistes,et, au mépris d’une analyse des forces réelles en jeu, on propose à nouveau l’idée d’impérialismes européens et japonais en lutte avec celui des USA, comme si tout ce qui s’est passé ces dernières années ne nous avait rien appris. Comme si le rôle absolument hégémonique des USA n’était pas apparu clairement, ainsi que le caractère subalterne à cette domination, de l’Europe, du Japon et ainsi de suite. L’analyse proposée est tellement datée qu’on y parle de "l’Inde non alignée", en oubliant que le mouvement des Pays non alignés appartient à une autre période de l’histoire, comme si les paroles utilisées sortaient d’archives poussiéreuses.

Il y a là un point de différence conséquent avec la position des 15 thèses : nous proposons d’actualiser le communisme comme processus de transformation. C’est pourquoi nous pratiquons l’innovation politique et culturelle comme les communistes, dans les moments les plus hauts de leur histoire, ont tenté de le faire, y réussissant dans certains cas. C’est une issue par la gauche de la crise du mouvement ouvrier que nous proposons et pas une fuite de cette histoire. Ceux qui ont parlé de changer le nom du Parti ou d’éliminer du symbole la faucille et le marteau ont trompé nos camarades et empoisonné le débat interne.

11. La Gauche Européenne

La naissance du Parti de la Gauche Européenne est le fait nouveau de la politique européenne et Refondation fait partie de ses fondateurs et de ses protagonistes. En effet, l’Europe est pour nous le banc d’essai de la construction de l’alternative et le Parti de la Gauche Européenne est la subjectivité politique qui peut constituer le noyau fondateur de la gauche alternative en Europe. Il s’agit d’un processus en cours, n’excluant personne mais incluant à travers un processus ouvert. Le Parti de la Gauche Européenne commence à faire ses premiers pas et à s’affirmer comme l’interlocuteur en mesure de relever le défi que le mouvement pour la paix et celui du conflit social lancent à la politique. La possibilité même de penser à la construction de l’autre Europe passe par l’affirmation de cette nouvelle subjectivité politique. Il suffirait de penser aux principaux thèmes de l’affrontement social et politique : le Parti de la Gauche Européenne est l’unique force politique européenne qui exprime de façon compacte une position alternative au traité constitutionnel européen, sans aucune division en son sein, pas au nom d’un renfermement sur la défense de l’Etat national ou d’intérêts corporatistes mais au nom d’un autre processus constituant, véritablement démocratique et participatif. Sans cette subjectivité, la politique européenne serait le monopole des deux formations principales, les socialistes et les démocrates chrétiens. Mais le choix de la Gauche Européenne n’a pas été sans douleur et la participation du PRC à ce projet a conduit à un vif débat interne. Ce débat est aussi reproposé dans les motions pour le congrès.

Les camarades de la motion "Etre communiste" proposent à nouveau la critique à l’estampille conservatrice : la Gauche Européenne ne se configure pas comme une formation politique des partis communistes, anticapitalistes et anti-impérialistes européens et de nombreux partis communistes européens n’ont pas adhéré à son acte de naissance. Cette critique relève le caractère de la position politique de ces camarades. Pour eux, l’unité se retrouve sur l’identité et non sur les choix politiques discriminants du mouvement (le non à la guerre et aux politiques néo libérales). Mais il s’agit là des vraies discriminantes sur lesquelles il est possible de faire grandir une subjectivité politique à la hauteur de la situation. Hors de cette position, il y a le ballet habituel des "coordinations" entre forces politiques qui, unies peut-être par les noms mais divisées sur la politique, finissent par ne jamais rien décider. C’est cela, "l’emplâtre sur la jambe de bois" que proposent ces camarades : une modalité aussi vieille qu’inefficace pour envisager une vraie politique unitaire de la gauche alternative.

Les camarades du document "Une autre refondation est possible" proposent eux aussi une critique. Ils affirment que le projet de la Gauche Européenne naît sur la base d’un rapport avec les gauches libérales et socio démocrates, dans une perspective de gouvernement donc, et qu’on a donc choisi des partenaires en Europe sur la base d’une disponibilité commune à des alliances de gouvernement en excluant, pas par hasard, les gauches les plus engagées dans la construction de mouvements. Cette critique nous semble, elle aussi, totalement infondée.

La Gauche Européenne voit en son sein un noyau de forces promotrices qui se sont mutuellement reconnues non sur la base de leur positionnement par rapport au gouvernement mais sur la base de leur position par rapport aux discriminantes du mouvement. C’est cela, la réalité des faits. Elle ne naît pas du tout sur la base d’un rapport privilégié avec la gauche modérée, mais, au contraire, elle offre plutôt aux mouvements un interlocuteur politique alternatif à celui du parti Socialiste Européen. Comme cela a déjà été dit, le traité constitutionnel européen en est le premier banc d’essai.

Par rapport à la question où la Gauche Européenne comprendrait des partis "gouvernistes" et exclurait les partis d’opposition, nous nageons en pleine confusion et nous en sommes à la négation de la réalité effective du positionnement de chacun des Partis qui en font part. La construction d’une subjectivité politique s’accomplit sur des discriminantes de fond, pas sur la position, au gouvernement ou à l’opposition, qui dépend de la phase politique et peut changer. Comme on l’a déjà dit, gouvernement et opposition ne sont pas classables en fonction d’une échelle de valeurs selon laquelle l’un est bien et l’autre mal ou vice versa. Faire découler de ce positionnement, le regroupement ou la désagrégation de la Gauche Européenne signifie faire une opération purement idéologique et velléitaire, une subjectivité "en accordéon", dans laquelle les partis entrent ou sortent selon les évènements singuliers.

La Gauche Européenne est une construction qui inclue. Contrairement à ce que disaient les adversaires, aucune contradiction ne s’est déterminée entre le Parti de la Gauche Européenne et la collaboration plus large au sein du GUE au parlement Européen. D’autres forces politiques d’alternative en Europe sont intéressées au projet et regardent avec attention en direction de cette nouvelle subjectivité ; de nouvelles forces ont décidé d’y adhérer, outre celles qui l’ont promue. La Gauche Européenne croît en adhésions et en consensus.

Refondation Communiste qui se bat depuis le début pour le plus d’inclusion possible, fait partie de ses protagonistes et son rôle a été largement reconnu par la Présidence du Parti. Son rôle et son prestige en Europe et dans le monde ont augmenté.

Avec la Gauche Européenne, en Italie aussi, de nombreuses forces, réalités, personnalités individuelles intéressées au projet de la gauche alternative, ont reconnu dans ce projet un saut de qualité dans la bonne direction. Grâce à leur adhésion à la Gauche Européenne, ces subjectivités externes au Parti ont eu la possibilité d’être impliquées dans un processus qui est, en même temps, l’expression d’un projet fort. Que serait-il arrivé si les arguments opposés par les camarades des documents alternatifs à celui de la majorité avaient prévalu, ces arguments qui, en substance, au nom d’évaluations opposées, voulaient freiner le projet ? Aucun fait nouveau ne serait arrivé et l’on se serait encore enfoncé dans une discussion aussi hostile que peu concluante.

Aujourd’hui, par contre, nous pouvons partir de quelque chose d’important qui a été construit et que, tous ensemble, nous devrions chercher à faire croître en un projet qui ne doit exclure personne mais, progressivement, inclure toutes les forces qui veulent construire une autre Europe de la paix et de l’alternative au néo-libéralisme. La dimension de l’Europe est notre référence : c’est pourquoi, nous, qui ne voulons rien éliminer de notre symbole, nous voulons y ajouter la mention Gauche Européenne pour indiquer le sens et la direction d’un chemin qui veut aller au-delà de sa propre nation et envisage un processus de transformation à l’échelle continentale.

12. Le parti

Le parti, en son sein, souffre, est souvent enfoncé dans des conflits de positions déchirants qui empêchent, de nombreuses fois, que s’expriment toutes les énergies et toutes les richesses qu’il a en son sein et, en même temps, que se transforment en consensus actif l’intérêt et la sympathie suscités par sa politique. Et pourtant, une nouvelle génération, pas seulement au sens de l’état-civil, de cadres et de militants a fait surface et s’est imposée, conquérant, certes avec beaucoup de fatigue, des rôles importants de direction politique. On est cependant encore loin de pouvoir considérer ce processus achevé.

Le Parti a subi une perte d’adhérents lente, limitée mais constante qui est en contradiction avec le consensus croissant et la grande capacité de mobilisation dans les manifestations, dans les luttes, dans les conflits locaux. On ne peut plus renvoyer une discussion, une discussion sérieuse, approfondie, sans populisme et sans caresser dans le sens du poil une idéalisation du concept de "base" qui, à lui tout seul, ne peut pas représenter une sortie de cette crise. Une crise qui se situe à l’intérieur du long cycle de la crise de la politique mais que l’on doit explorer jusque dans la modalité particulière de vie et d’organisation du Parti.

En somme, le problème ne peut pas être affronté comme le font les camarades du document "Etre Communiste", avec la seule affirmation rituelle que l’on répète à chaque congrès : il faut redonner une position centrale aux cercles, aux Fédérations et aux expressions de base du Parti. Il faut, au contraire, dire quoi faire pour aller dans cette direction.
On ne peut pas l’affronter non plus, de façon tout aussi rituelle, comme le font les camarades du document "Une autre refondation est possible" qui disent : il faut éviter que le cercle se transforme en simple comité électoral, il faut qu’il redonne vitalité à son action sociale et la Fédération ne peut pas être simplement une structure hiérarchique. Il faut dire quoi faire pour aller dans cette direction.

En somme, c’est le thème de l’organisation du Parti et de sa vie interne que l’on doit aborder. De plus, il faut aborder le thème de comment faire pour que s’exprime, en tant que subjectivité interne au Parti, la richesse sociale que le Parti exprime dans son ensemble aussi bien dans ses formes traditionnelles que dans les expérimentations effectuées (que l’on pense, par exemple, à certaines expériences exemplaires des jeunes communistes) et que dans les subjectivités qui se relient à son projet d’ensemble (que l’on pense à l’expérience du Forum des femmes, au Forum écologiste, à la Gauche Européenne, aux Revues, aux Fondations et ainsi de suite).

Si l’on veut effectivement prendre le taureau par les cornes, il faut se proposer d’engager, tout de suite après le Congrès national - qui doit réfléchir et décider de la position politico culturelle, de l’innovation et de la ligne politique - une Conférence d’organisation avec une valeur stratégique de la même importance que l’assise du Congrès. Voilà quelle est notre proposition.

Une conclusion

Le parti a une solidité propre. Il a passé et gagné des défis qui auraient désagrégé des forces beaucoup plus consolidées et organisées. Il a su défier la fixité du cadre politique et dépasser de très dures épreuves. Refondation Communiste n’est pas une force politique marginale et sans influence. C’est une force vivante, présente depuis le début dans le mouvement de contestation de la globalisation néo-libérale (même quand ils étaient nombreux à gauche et jusque dans le Parti à regarder avec un détachement aristocratique le "mouvement des mouvements"), présente dans tous les mouvements de lutte, au travail, dans les conflits territoriaux, avec une force électorale consolidée et en augmentation, avec la capacité de faire partie des principaux protagonistes de la construction d’une nouvelle subjectivité politique de la gauche radicale en Europe, le Parti de la Gauche Européenne. Il n’est même pas pensable de battre la droite, en Italie, dans les régions, dans les départements et dans les communes sans un rapport d’alliance avec Refondation Communiste.

En même temps, Refondation Communiste est la force politique essentielle pour la construction de la gauche alternative. Etaient-ce des issues facilement prévisibles ? Tout le contraire. Qui ne se souvient pas qu’en Italie, on a tenté de marginaliser, c’est-à-dire de mettre hors jeu, Refondation Communiste et de rendre sa force non essentielle ? Comment ne pas voir aussi dans les récentes déclarations de D’Alema sur l’extension du majoritaire, d’un côté que ce désir n’est pas assoupi dans des secteurs de la gauche modérée et de l’autre, l’amertume d’avoir été vaincus sur ce point essentiel ?

On ne peut séparer cette donnée incontestable, reconnue par des camarades, des amis et des adversaires (et admise également dans les autres motions du Congrès) de la ligne politique pratiquée. Cette ligne politique ne peut pas être découpée selon les convenances de telle ou telle position au sein du Parti : positionnement à l’ intérieur des mouvements, proposition politique d’ouverture aussi bien à la globalité des oppositions politiques et sociales que comme construction de la gauche alternative, innovation de la politique et du sujet de la politique, innovation de culture et de théorie politique du mouvement ouvrier (thèse 2) représentent dans leur ensemble la globalité de cette ligne. Cette ligne politique ne doit pas être compromise. C’est pour cela que nous demandons au Congrès du Parti de la confirmer et de lui donner plus de force.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

sourse : http://bellaciao.org/it/art_se.php3?id_article=7168