Accueil > Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer

Publie le samedi 3 mars 2007 par Open-Publishing

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

Chaque jour, je m’applique à construire les murs derrière lesquels je n’ai plus qu’à disparaître et fondre, indifférente aux indifférences des hommes et des femmes qui se frôlent au-dehors et qui courent, eux aussi, se réfugier.

Derrière des paravents, derrière des idéaux, voilà nos solitudes bien ficelées à des solidarités si éphémères et si diluées qu’elles n’aboutissent qu’à la dispersion et à l’impasse.

Alors à quoi bon ouvrir la porte ?

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

Chaque jour, je tisse un barreau à la fenêtre de mon esprit et ainsi grillagée, je ne cherche aucun écho, tournant dans l’espace clos de ma cervelle, rebondissant de peur en peur, écartant à peine le volet pour voir et observer, sans laisser entrer la lumière.

Alors je me tais et me terre, mon ego scrutant le fond de moi-même pour rassurer et caresser mes certitudes.

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

Chaque jour, je bâtis la prison de ma pensée. Voilà des murs bien épais où ne se reflètent que les écrans cathodiques qui certifient et authentifient ma réclusion volontaire.

A quoi bon aller dehors à la rencontre de cet autre où je ne pourrais que me diluer ?
Mieux vaut rester chez soi et savourer des vérités simples et bien entendues ; mieux vaut rester chez soi où tout rassure par la reconnaissance.

Tenez, c’est là que j’ai perdu, en un tour de main, le désir d’être à vos côtés.

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

Il me suffit de mettre la clef dans la serrure de mon esprit et de la tourner, sept fois, dans un sens.

Bardée de mots qui se défilent, je n’ai plus de crainte et je n’ai plus de doute, comme libérée des frottements de pensées.

Ne me confrontant qu’à mon image, je ne vois plus de raison de remettre en question ce que je sais, de remettre à plat ce que je suis et si je n’avance plus, c’est parce que j’ai perdu le goût de m’égarer.

Je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

Clic, Clac les portes claquent.
Ici, j’ai laissé pendre à la poignée : « Prière de ne pas déranger ».
Sur une autre : « N’essayer pas de m’atteindre, ma peau s’est rafistolée au-dedans ».
Et là : « Passant passe et n’agite pas le loquet. »
Et puis : « Le verrou est tiré. Je plonge dans le sommeil. »

Non, vraiment non, je n’ai besoin de personne pour m’enfermer.

M. pour O.P.A

l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre
 http://www.myspace.com/orchestrepoetique

M. : interview par Franca Mai :
 http://www.sistoeurs.net/ss/article...

Hacktivismes
 http://hacktivismes.org