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Jean Louis Gergorin : « l’hypercorruption se développe partout »
Publie le jeudi 22 mars 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Jean Louis Gergorin : « l’hypercorruption se développe partout »
22 mars 2007
Le règne mondial de l’argent sale
La corruption n’a jamais été aussi présente dans l’actualité. L’affaire Clearstream rebondit, le patron de Total est entendu pour des commissions suspectes en Iran, le procès pour détournement d’un magnat des médias s’ouvre aux Etats-Unis.
Trois ouvrages, Rapacités de Jean-Louis Gergorin et Sophie Coignard (Fayard), Le Livre noir de l’économie mondiale de Moisés Naim (Grasset) et Les Goinfres de Patrick Bonazza (Flammarion) expliquent comment la mondialisation facilite la circulation d’argent sale et comment des milliards sortent des circuits réguliers pour se concentrer dans quelques mains.
Jean-Louis Gergorin, corbeau de l’affaire Clearstream mis en examen pour « dénonciation calomnieuse » et « faux et usage de faux », confirme dans son livre nombre d’assertions formulées par le journaliste Denis Robert au sujet des chambres de compensation comme instruments ayant permis la dissimulation de transactions. L’ouvrage montre que certains mécanismes se cachent dans les plus grandes institutions bancaires.
La corruption n’est donc plus l’apanage des paradis fiscaux. Ces livres décrivent souvent des détournements légaux. Si on y ajoute la multiplication des moyens à disposition des dirigeants pour augmenter leurs rémunérations, c’est une part croissante du capitalisme planétaire qui échappe à tout contrôle et qu’on ne voit réapparaître qu’au cours des « affaires ».
La plus retentissante d’entre elles, l’affaire Clearstream, n’est pas close. Gergorin est entendu aujourd’hui comme témoin par les juges d’Huy et Pons, Jacques Chirac pourrait l’être à la mi-juin.
Interview de Jean-Louis Gergorin
Ancien vice-président d’EADS.
Comment faire confiance sur des questions financières à un ancien corbeau, qui plus est mis en examen ?
Pendant trente-six ans, j’ai d’abord servi l’Etat puis l’industrie française d’une façon qui n’a jamais été contestée. En 2003 et 2004, j’ai été happé par l’engrenage Clearstream avec des motivations légitimes, mais en commettant des erreurs. Surtout celle d’avoir saisi les autorités administrative et judiciaire de façon officieuse plutôt qu’officielle.
Vous dénoncez dans votre livre une systématisation de la corruption dans le monde...
Une forme d’hypercorruption se développe partout, notamment dans les nouvelles régions à forte croissance. Avec une impunité de plus en plus garantie par l’économie off-shore. La pierre d’achoppement des régulations antiblanchiment, c’est le système des banques correspondantes. Des banques des paradis fiscaux ouvrent pour leurs clients des comptes dans de grands établissements, ces derniers ignorant le nom des titulaires des comptes. Ce que nous avons observé chez Clearstream est donc généralisé.
Les Etats ou les institutions sont-ils complices ?
Personne ne remet en cause ce système dans la réglementation internationale. La justice est de plus en plus impuissante à remonter les pistes de l’argent sale. Les commissions rogatoires, même en Grande-Bretagne, se perdent dans les sables. Il suffirait pourtant que l’Union européenne et une nouvelle administration américaine s’entendent pour rendre beaucoup plus difficile la dissimulation de l’argent issu de la corruption.
Vous évoquez aussi le dévoiement d’outils sains...
Une part croissante des stock-options est accaparée par un petit nombre de dirigeants et de financiers. Précisément au détriment des forces vives de l’entreprise, en particulier des ingénieurs et des chercheurs.
La justice vient d’établir que les listings de comptes que vous avez envoyés au juge Van Ruymbeke ont été manipulés...
Cette expertise révèle sans l’ombre d’un doute que les listings proviennent d’une falsification des données extraites par l’auditeur Florian Bourges en 2001. Et ce, notamment par l’ajout de noms de bénéficiaires. Il y a eu un mélange subtil de faux, de vrai et de suspect caractéristique d’une manipulation sophistiquée. La principale victime est le juge Van Ruymbeke et son enquête sur les milliards des frégates, qui a été totalement neutralisée.
Qu’avez-vous découvert chez Clearstream ?
D’abord, une facilité légale : un particulier ou une société peut bénéficier des avantages techniques de cette institution. Le client disparaît derrière le nom de sa banque qui a ouvert le compte. Une anomalie a duré jusqu’en 2001 et probablement jusqu’en 2004 : l’existence de comptes non publiés « morts-vivants ». C’est-à-dire des comptes fermés mais encore actifs électroniquement, à travers lesquels des transactions auraient pu être effectuées anonymement. C’est le cas de quatre comptes cités dans la première lettre envoyée au juge. Enfin, de forts indices tendent à démontrer que des centaines de comptes non publiés auraient été désactivés rétroactivement en mai 2004 après la perquisition de Clearstream réalisée à la demande de Van Ruymbeke. Parce que la direction actuelle est au-dessus de tout soupçon, elle aurait intérêt à accepter une investigation sur cette affaire antérieure à sa gestion.
Article et interview : Arnaud Sagnard
Référence : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=727
Messages
1. Jean Louis Gergorin : « l’hypercorruption se développe partout », 22 mars 2007, 22:08
PArdon mais là je ne "pige" pas, le but de l’article c’est de faire de la retape pour Gergorin ?????????
oulalala, ça m’échappe.
On parle bien du même GErgorin ? C’est LUI qui donne des leçons sur l’hyper corruption les stocks options le "service de l’Etat" ???
Et ben là je suis scotchée...
Parce que pour parler corruption je préfèrerais largement une publication de gens comme Del Ponte, Va ruymbeke, halphen ou joly....
Mais gergorin.... mince alors !
La Louve