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José Bové au "Grand jury RTL - "Le Monde" - LCI"

Publie le mardi 9 septembre 2003 par Open-Publishing

" Les hommes et les femmes politiques sont de moins en moins issus du terrain
et fonctionnent de plus en plus en circuit fermé. "
( José Bové )

José Bové au "Grand jury RTL - "Le Monde" - LCI"

Comment vous définissez-vous aujourd’hui ? comme le défenseur des agriculteurs, le porte-parole des adversaires de la mondialisation ou le fédérateur du mouvement social ?
Je n’ai jamais dit que j’étais l’animateur du mouvement social. OAS_AD(’Middle’) ; Mais le haut-parleur d’un certain nombre de malaises dans la société et d’une contestation d’un ordre mondial néolibéral. Mon rôle s’arrête là. Quand j’ai dit que l’automne serait brûlant, c’était un constat et pas du tout un mot d’ordre que je lançais. La leçon la plus importante du Larzac, c’est que le mouvement social a gagné son autonomie.

Contre les partis politiques ?
Il faut que les choses soient claires : il y a, d’un côté, le mouvement social avec des organisations syndicales, des associations, des ONG et, de l’autre côté, des partis politiques qui se présentent à des élections et qui peuvent porter des projets. Les partis politiques ont leur importance. Mais nous sommes là comme des aiguillons pour faire en sorte que le débat s’instaure. Sur un certain nombre de questions, on peut être efficace en dehors du champ politique.

Mais à vos yeux, c’est bien le mouvement social qui est moteur ?
La démocratie par le vote est un acquis important qui ne doit pas être perdu ni utilisé n’importe comment. Parfois, c’est vrai, quand on voit ce que peut devenir la politique, ça risque de faire reculer la participation électorale. Historiquement, tous les grands acquis sont partis de mouvements sociaux.

Les partis politiques traditionnels représentent-ils la France réelle ?
Cela soulève deux questions. Tout d’abord, les hommes et les femmes politiques sont de moins en moins issus du terrain et fonctionnent de plus en plus en circuit fermé. Le second problème est que les principaux partis politiques n’osent pas avancer des idées novatrices de peur de rater la prochaine échéance électorale.

La frontière droite-gauche reste-t-elle pertinente ?
J’ai toujours dit que je me sentais de gauche. La frontière peut rester pertinente s’il y a un véritable projet de gauche. C’est aux partis politiques de l’affirmer.

Comment prolonger l’élan du Larzac ?
Actuellement, le rendez-vous, c’est le sommet de l’OMC et chacun travaille pour obtenir un moratoire. La prochaine étape, c’est le forum social de Paris en novembre et le débat sur le projet européen que nous voulons.

Mais faut-il structurer ce mouvement, l’organiser davantage ?
Au siècle passé, le fantasme était que les choses changeraient en faisant la révolution. Les gens ont compris que ça ne fonctionne pas et, surtout, que ça n’améliore pas la situation. Aujourd’hui, on est entré dans l’ère des révoltes. C’est très déstabilisant parce que personne ne sait comment ça commence et comment ça s’arrête.

Propos recueillis par Gérard Courtois, Ruth Elkrief et Pierre-Luc Séguillon