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Karachi : des magistrats accusent l’Elysée d’avoir violé le secret de l’instruction

par L’étau se resserre.

Publie le jeudi 22 septembre 2011 par L’étau se resserre. - Open-Publishing
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La question a été posée sur Twitter par le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi : dans son communiqué visant à mettre hors de cause Nicolas Sarkozy dans l’affaire Karachi, l’Elysée affirme que "le nom du chef de l’Etat n’apparaît dans aucun des éléments du dossier". De plus, ajoute le communiqué, il "n’a été cité par aucun témoin ou acteur du dossier" judiciaire.

Ces deux affirmations semblent surprenantes : comment, en effet, l’Elysée peut-il affirmer que le nom de M. Sarkozy n’apparaît pas dans ce dossier sans y avoir eu accès ? Or le chef de l’Etat ou la présidence ne sont pas parties civiles, en principe, et n’ont aucune raison d’avoir pu consulter un dossier d’instruction en cours.

Interrogé en marge du déplacement du chef de l’Etat à New York par Arnaud Leparmentier, qui suit l’Elysée pour Le Monde, un proche du chef de l’Etat a répondu, laconique : "On lit l’AFP". Vérification faite, l’Agence France-presse n’a jamais publié de dépêche donnant une telle information.

Le président de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Christophe Regnard, interrogé sur ce point par l’AFP, a jugé :

"C’est clairement une violation du secret de l’instruction. C’est assez incroyable que l’Elysée reconnaisse aussi benoîtement qu’il a eu accès à des pièces. Cet affichage est assez anormal", a-t-il expliqué.

"Il ne faut pas être naïf, ajoute le magistrat. On sait que les informations remontent. Mais d’habitude, cela demeurait caché. Objectivement, ça sent la panique à bord", conclut-il.

"VIEILLES MÉTHODES TROTSKISTES"

L’affaire commence à agacer l’entourage présidentiel. Le même proche de M. Sarkozy a fait plusieurs allusions : "La théorie de l’amalgame, on connaît. Ce sont de vieilles méthodes trotskistes", a-t-il lancé, réemployant les mots dont l’UMP s’était servis en 2010 contre Mediapart.

Le même s’en prend également à la gauche : "On ne va pas se faire donner des leçons par des gens mis en cause dans l’affaire DSK ou du sang contaminé". Allusions transparentes à François Hollande et Laurent Fabius.

Les députés socialistes ont à nouveau demandé, jeudi 22 septembre, la levée du secret défense qui empêche la consultation de documents à même de faire avancer l’affaire.

Agacé de cette nouvelle affaire, Claude Guéant a demandé jeudi, en marge d’un déplacement à Meaux (Seine-et-Marne) : "Cessons les boules puantes" et "laissons la justice faire son travail".

Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a dénoncé "un PS prêt à tout pour salir" le président Nicolas Sarkozy, avec des "insinuations incessantes, systématiques et calomnieuses"

Franck Riester, député UMP de Coulommiers (Seine-et-Marne), a lui aussi critiqué le PS, dénonçant "la surenchère nauséabonde jouée par le PS dans l’affaire de l’attentat de Karachi".

Dans un communiqué, François Fillon a fustigé des "attaques insidieuses et calomnieuses" contre le chef de l’Etat.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/22/des-magistrats-accusent-l-elysee-d-avoir-viole-le-secret-de-l-instruction_1576288_823448.html#ens_id=1561228

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