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L’Amérique latine de Pinochet et Castro se meurt

Publie le mardi 5 décembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

MONDE - Pinochet est au plus mal. Castro ne va guère mieux.

andrés allemand
Publié le 05 décembre 2006

A l’heure où s’éteignent les dinosaures, la gauche prend les rênes du pouvoir un peu partout en Amérique du Sud. A entendre Chavez, la révolution s’empare du continent. La réalité est toute autre.

Le raccourci est saisissant. Et le contraste frappant. Aux deux extrémités du sous-continent, les ennemis historiques du grand drame latino-américain arrivent en bout de course. Au Chili, l’ancien dictateur Augusto Pinochet, champion de l’ultralibéralisme économique, est dans un état critique suite à l’infarctus du myocarde qui l’a frappé dimanche. A Cuba, le líder máximo Fidel Castro, invisible depuis l’hémorragie intestinale dont il fut opéré en urgence le 27 juillet, était absent samedi aux célébrations pour son 80e anniversaire.

Mais là s’arrête le parallèle. Car le général chilien, s’il survit, devra s’en retourner vivre en ses murs, assigné à résidence pour deux des milliers d’assassinats politiques commis sous sa présidence (1973-1990). Certes, à ce jour, il demeure impuni. Mais sous ses propres yeux, la socialiste Michelle Bachelet, fille d’un militaire tué par ses services, a remporté les présidentielles en janvier dernier. Le pays a ainsi tiré un trait définitif sur la dictature. Tout comme l’ensemble du continent avant lui.

A l’inverse, Castro assiste à un raz-de-marée de la gauche en Amérique du Sud. Un mouvement amorcé il y a huit ans avec la victoire démocratique au Venezuela de l’ancien putschiste Hugo Chavez, réélu triomphalement dimanche avec plus de 61% des voix.

Partout ou presque, la gauche est aux commandes. Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil, Nestor Kirchner en Argentine, Tabaré Vasquez en Uruguay, Evo Morales en Bolivie, Daniel Ortega au Nicaragua, Rafael Correa en Equateur... La plupart cultivent des liens avec Cuba. Il n’y a guère qu’en Colombie, au Pérou et au Mexique que des candidats conservateurs ont remporté la présidentielle. Et encore. Au Mexique, ce fut vraiment de justesse.

Pour autant, assiste-t-on à la victoire idéologique de Castro sur Pinochet ? Rien n’est moins sûr. D’abord, parce qu’il n’y a pas une, mais deux gauche en Amérique latine. Si à Caracas, La Paz ou Quito, la rhétorique est révolutionnaire, ce n’est pas le cas à Brasilia, Buenos Aires ou encore Santiago du Chili, où les gouvernements adoptent plutôt un profil social-démocrate, à la manière des Européens.

Mais surtout, en dépit des discours et de l’amitié souvent affichée envers Castro, aucune de ces démocraties passées à gauche n’a remis en question la structure capitaliste de leur économie. Il y a bien sûr eu des nationalisations, surtout dans l’énergie. Mais les multinationales pétrolières, reconnaissant que leurs privilèges étaient exagérés, ont négocié sans trop rechigner des contrats d’exploitation. Et puis, même l’ultralibéral Pinochet avait renoncé, en son temps, à privatiser le cuivre, principale ressource du Chili.

Ebauche de dégel ?

Ainsi, si la rhétorique souvent révolutionnaire et toujours antiaméricaine a le vent en poupe sur le continent latino, cela s’exprime sans jamais vraiment renoncer au libre-échange. Le Venezuela n’a-t-il pas pour principal partenaire économique... les Etats-Unis !

Cerise sur le gâteau : Raoul Castro, le frère de Fidel, a proposé à nouveau samedi que le dialogue soit renoué entre La Havane et Washington. Pour la deuxième fois. La Maison-Blanche a réclamé, en réponse, un début de transition démocratique sur l’île. Simple échange de politesses ? Ou ébauche de dégel ? Tout semble indiquer que l’époque n’est plus à la confrontation idéologique. Dans ce sens, Fidel Castro et Augusto Pinochet sont bel et bien morts.

 http://www.tdg.ch/tghome/toute_l_in...

Messages

  • Titrer sur Pinochet et Castro comme s’ils étaient équivalents, pour les renvoyer dos à dos après une analyse très approximative...
    C’est encore un "journaliste" qui a écrit ce chef d’oeuvre ?
    Moi, je me suis désabonnée du monde parce que je ne le lisais même plus, fatiguée de ces "commentaires" insignifiants, c’est pas pour les retrouver sur Bellaciao...
    Mais bien sûr, liberté d’expression !
    MC

  • L’amalgame Castro/ Pinochet , c’est tout simplement une insulte pour les milliers de militants chiliens (nombreux communistes) morts dans les camps du Plan Condor.

    le Monde , quand il s’agit de salir Cuba ou le Vénézuela , ne vaut pas mieux que Libération.

  • Bien sur l’amalgame Pinochet/Castro est une honte et décrédibilise un peu plus Le Monde, journal des crétins formatés qui se croient intelligents et cultivés....

    Mais en plsu dire que l’Amérique LAtine de Castro se meurt au moment de l’arrivée au pouvoir de Chavez, Morales, Rafael Correa, Daniel Ortega, etc... c’est complètement faux ! Le Monde prend ses désirs pour des réalités !

    Jips