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L’Effondrement Des Fonds De Pensions Aux US Marque t’il La Fin De La Retraite ?

Publie le vendredi 19 décembre 2008 par Open-Publishing

Sauf changements rapides, l’histoire de l’humanité montrera que le phénomène "retraite" s’est limité à une génération. Après la Seconde Guerre Mondiale, alors que les économies européennes et japonaises étaient en lambeaux, le capitalisme américain pouvait réalisé "le Rêve Américain" car il y avait peu de compétition étrangère si on peut dire. Pour la première fois, on a promis aux travailleurs - après avoir travaillé 30 ans et plus - qu’ils pourraient prendre leur retraite en toute sécurité. Cela a été largement le cas... pour une génération.

La deuxième génération affronte une réalité dévastatrice. 2008 était supposée être un point fort pour la retraite : première année où les baby boomers atteignent l’âge de 62 ans avec la frénésie de retraite supposée commencer (car les gens pouvaient commencer à bénéficier de leurs retraites). Cependant, en début d’année, un sondage réalisé a conclu que 1 sur 4 de ces baby boomers retardait son départ à la retraite - seuls les baby boomers qui en fait avaient un plan de retraite (par capitalisation ndlt) ont été sondés. Depuis, l’économie a plongé et de nombreux autres départs à la retraite sont retardés. Malheureusement, dans la réalité, c’est qu’un grand nombre de travailleurs qui avaient prévu leur départ à la retraite devront travailler jusqu’à leur mort, rejoignant ainsi les millions d’autres baby boomers qui n’ont jamais eu de tels rêves.

Les experts appellent ceci la "tempête parfaite" de la retraite. Tout ce qui pouvait mal se passer, s’est effectivement mal passé. Cependant, cette tempête n’est pas due à des forces surnaturelles mais à un effort coordonné de Big Bizness et de leurs pantins de politiciens.

La destruction délibérée des retraites (par répartition ndlt) et leur remplacement par le 401(k) (retraite par capitalisation en actions ndlt) a été bien sûr, un pas de géant pour attaquer la retraite, mais maintenant que la crise économique a surgi, nous ne faisons que commencer à en voir les effets ruineux.

Fin Septembre, juste avant que la crise commence à prendre de l’ampleur, on a découvert que l’année dernière la valeur des comptes en actions (401(k) avait perdu près de 2 mille milliards $. Depuis, la perte s’est largement accrue. Ceci est d’autant plus dévastateur que prés d’un tiers de ceux qui ont souscrit au 401(k) et qui ont la soixantaine, avaient placé 80% de leur argent en actions (Les fonds de pension ont été détruits de manière similiaire).

Le 401(k) était le plan du siècle. Les entreprises se sont déchargées des "pesantes" retraites et ont utilisé les forces combinées des médias et des politiciens pour vendre leur ruse au public, au grand bénéfice de Wall Street. On a dit aux travailleurs que le cycle des effondrements boursiers était terminé et que les placements en actions étaient sûrs. Il existait d’autres facteurs en plus pour investir dans des actions : les taux étaient si bas que les investissements dans les bonds du trésor et autres instruments moins risqués offraient que de petits retours, et comme les employés ont cessé de contribuer aux fonds de retraite, il était nécessaire d’avoir un plus important retour sur investissement.

Plus important encore, les entreprises ont baissé les salaires depuis les années 70, il y a eu moins d’argent a épargner pour la retraite, et cela à créer une atmosphère de desespoir.

Tout " pari sûr" pour investir s’est finalement révélé risqué, la récession n’a rien épargné. Après la bulle high tech - qui a emporté avec elle des millions d’économie de personnes ayant investi dans le 401(k) - le marché de l’immobilier est devenu l’endroit pour investir. Maintenant le plus sûr placement s’est lui aussi dégradé. Pour des millions de personnes, la maison dans laquelle ils vivaient était leur nid, ils avaient planifié de la vendre et d’en acquérir une plus petite. Il n’en est plus question.

Le Républicain Robert Andrews, (D-NJ) qui préside le sous comité à la santé à l’emploi au travail et aux retraites au Sénat, l’a dit cruement " certains auront trés peu, d’autres auront presque rien, et certains n’auront rien quand ils prendront leur retraite. "

Ce processus s’accélère à cause des nouvelles ruses de Big Bizness : se déclarer en faillite pour détruire les "obligations de retraite". Ces obligations s’appliquent également aux travailleurs déjà à la retraite dont beaucoup voient leur retraite diminuée de moitié, les obligeant à reprendre un emploi.

Maintenant, la menace de faillite est constamment utilisée dans les négociations des contrats avec les syndicats pour pousser les travailleurs à faire des concessions, car une fois la faillite prononcée, les accords syndicaux ne sont plus valables. La menace de fermeture de l’entreprise est une forme trés efficace d’intimidation.

Ce phénomène est au centre du débat de GM (General Motors). Les politiciens au Congrés liés aux grandes entreprises ne peuvent décider s’ils nomment un " Tsar de l’automobile" pour superviser la destruction des retraites des travailleurs de l’industrie automobile, ou utiliser la méthode de faillite qui a fait ses preuves. Il ne se passe pas un jour sans que les medias de masse ne se liguent entre eux pour critiquer le plan de retraite et la couverture médicale des travailleurs " gâtés" de GM. Une hypocrisie à vous rendre malade.

Ceci après que l’UAW (plus gros syndicat de l’industrie de l’automobile US ndlt) ait déjà accepté en 2007 de faire les concesssions les plus honteuses. Bien que souvent les concessions sont faites au nom de "la sécurité de l’emploi", le résultat c’est que les entreprises sont encouragées par de telles actions. Finalement, chaque avantage obtenu par les travailleurs et qui entre en conflit avec le profit de l’entreprise est visé. La demande de concessions ne s’arrête jamais, et rapidement on en arrive au point que les avantages d’avoir un syndicat sont remis en question, car on obtient rien quand on a dans l’esprit de faire des concessions.

La lutte des travailleurs de l’industrie de l’automobile est en première ligne du combat pour la retraite au niveau national, car leurs luttes dans les années 30 avaient pavé la voie des retraites. Ce qui est également important, c’est les luttes émergeantes des fonctionnaires, la dernière forteresse des travailleurs qui touchent une retraite. Les fonctionnaires vont voir leurs retraites sérieusement attaquées avec l’intensification de la crise, et les coupes dans les budgets gouvernementaux. Voir " State Budget Crisis Deepens" sur ce site www.informationclearinghouse.info.

Pour les travailleurs, combattre la stratégie de faillite des entreprises et la fermeture de celles ci est une nécessité immédiate. Cette tactique va s’amplifier alors que la crise s’approfondit et que les entreprises cherchent à "restaurer leur profit" en baissant drastiquement les salaires. Si une entreprise essaie d’avoir recours à un tel acte criminel, les travailleurs devraient demander une aide pour eux-mêmes, le gouvernement devrait s’approprier l’entreprise pour que les travailleurs conservent leurs emplois, comme cela a été fait pour les banques. La direction doit être licenciée et au lieu d’un bureaucrate du gouvernement, les travailleurs doivent eux -mêmes gérer l’entreprise.

Pour que ce programme soit un succés, il faut de nouveaux niveaux d’organisation et de solidarité, tels que par exemple celui de United Electrical Workers ( UEW - Travailleurs Unis du Secteur de l’Electricité) qui ont occupé leurs usines, et se sont organisé de façon remarquable. Ils ont remporté une victoire éclatante en utilisant les méthodes des luttes d’origine des travailleurs de l’automobile dans les années 30. S’il faut mener un combat, cea doit être fait sérieusement et avec détermination, en unissant à la fois les retraités et les travailleurs actifs. Les travailleurs de l’UEW ont montré la voie au mouvement des travailleurs qui ne peuvent plus s’appuyer sur les concessions des syndicats ou les promesses des politiciens Démocrates, mais seulement sur leur force collective.

Shamus Cooke 15/12/08 -www.informationclearinghouse.info- S. Cooke est travailleur social et syndicaliste et écrit pour le Workers Action ( http://www.workerscompass.org/ ). Mail : shamuscook@yahoo.com