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L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir
par Sid Ahmed Hammouche et Pierre-André Sieber
Publie le lundi 28 novembre 2011 par Sid Ahmed Hammouche et Pierre-André Sieber - Open-Publishing15 commentaires

Armes chimiques ou simples lacrymogènes ? Les gaz utilisés par les forces de l’ordre provoquent saignements, spasmes et divers troubles. Et mettent l’Egypte en émoi.
(Du Caire) Quel gaz les forces de l’ordre ont-elles utilisé sur la place Tahrir pour disperser les manifestants ? Sur le terrain, de nombreux témoignages, notamment de médecins, décrivent des effets assez terrifiants, comme des troubles neurologiques. « C’est comme si les yeux allaient sortir des orbites », décrit un insurgé gazé, victime de troubles respiratoires et de perte de la vue.
Dans une vidéo postée sur Facebook, on voit une personne à terre secouée de spasmes.
Le site d’information indépendant égyptien Bikyamasr.com dévoile une photo de cartouche tirée par la police et les militaires contenant un gaz lacrymogène très agressif, le « CR » (dibenzoxazepine), décrit comme six à dix fois plus puissant que le gaz lacrymogène « CS » (dichlorobenzal et dérivés), employé en France notamment.
Fumée jaune et fumée blanche
Sur la photo diffusée par le site d’information égyptien, on peut lire que le fabricant est américain, Combined Tactical Systems basé à Jamestown (Pennsylvanie, USA). Mais cette firme ne donne aucune information à la presse. La branche du lacrymogène aime conserver une certaine opacité.
On se souvient de la cargaison française à destination de la Tunisie repérée à Roissy au début des révoltes... La livraison avait toutes les autorisations légales.
La France n’achemine plus ce matériel dans les pays du Maghreb, au Moyen-Orient ou en Afrique depuis qu’on débuté les révoltes du Printemps arabe.
Un contact tenté par La Liberté avec un producteur français de gaz lacrymogène autorisé n’a rien donné.
Un professionnel de la branche actif en France – qui souhaite garder l’anonymat – s’étonne toutefois des effets décrits par les gaz utilisés sur la place Al-Tahrir pense qu’il ne s’agit pas de lacrymogène usuel, ce dernier ne provoquant pas de troubles neurologiques.
Même si, comme le rapporte Bikyamasr.com, il s’agirait de cartouches périmées depuis plusieurs années.
C’est aussi l’avis de spécialistes en Suisse. « Il y a trois sortes de gaz lacrymogènes : le CR, le CS et le CN », explique Hugo Kupferschmidt, directeur du Centre d’information toxicologique basé à Zurich :
« Les cartouches de gaz CR dégagent normalement une fumée jaune, or celles aperçues à la télévision émettaient de la fumée blanche. »
Selon lui, les gaz lacrymogènes usuels, même fortement dosés, ne provoquent pas de troubles neurologiques :
« Les effets décrits me font penser que les cartouches employées contenaient des gaz de type nervins, qui sont de vraies armes chimiques de guerre. [...]
Il s’agit peut-être d’un produit semblable à celui utilisé par les forces spéciales russes lors de la prise d’otage du théâtre de la Doubrovka de Moscou du 23 octobre 2002. »
Des tirs de lacrymo à bout portant
L’utilisation de gaz nervins qui peuvent provoquer des lésions aux poumons, cœur et foie, c’est aussi ce qu’a avancé le prix Nobel de la paix Mohammed el-Baradei sur Twitter le 22 novembre. Le candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue avant fin juin 2012 en Égypte a dénoncé la violence dont ont fait preuve les forces de l’ordre :
« Du gaz lacrymogène contenant des agents inervants et des balles réelles sont utilisés contre les civils à Tahrir, c’est un massacre. »
Human Rights Watch affirme aussi que des tirs de lacrymogènes effectués à bout portant ont tué des manifestants sur le coup.
Voilà ce qui met l’Egypte en ébullition, en plus d ela contestation du pouvoir militaire et les désillusions à la suite du discours du maréchal Tantaoui. Dans le pays, une forte polémique au sujet de l’emploi de ces gaz prohibés a éclaté. L’armée tente de s’en laver les mains et le ministère de la Santé égyptien dément formellement l’utilisation de tels moyens.
Effets à long terme
Mais ce qui inquiète, c’est que les gens subissent depuis cinq jours les tirs de ces gaz. Quels sont les effets à long terme ? Un professeur en neurologie de l’université Ain-Shams du Caire, contacté par nos soins, a testé les effets sur lui en s’exposant longuement sur la place Tahrir :
« Il provoque plusieurs symptômes tels que des crises convulsives, des spasmes oculaires et une détresse respiratoire. »
Selon ce spécialiste, le type de gaz utilisé est encore indéterminé, mais il est certainement plus corrosif que celui qui a été utilisé par les forces de Moubarak en janvier. Il invite les Egyptiens à collecter le maximum de vidéos et de douilles possible pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
Un masque d’hôpital ne suffit pas
Contactée par téléphone, Sibiya a dû fuir son appartement situé à proximité de la rue Mohamed Mahmoud, à côté de l’université américaine du Caire, là où se déroulent les affrontements. « Un masque d’hôpital ne peut pas vous sauver de ce gaz », explique-t-elle :
« Les enfants portant aussi un masque sont très fortement incommodés. Il y a tellement de gaz que les premiers jours, on ne pouvait pas ouvrir les fenêtres de la maison. Au deuxième jour, nous avons été obligés de quitter l’appartement. »
Elle poursuit :
Et dire que depuis cinq jours, les bombes de gaz pleuvent sur la rue Mohamed-Mahmoud ! Dès les premiers jours nous avons eu des nausées, des maux de têtes. Aujourd’hui, on a les yeux gonflés de sang.
Les petits sont complètement perturbés. Ils sont stressés et agités de tremblements comme s’ils subissaient en continu des crises semblables à l’épilepsie. »
Quant à Salem al-Chirabi, animateur culturel, il ne quitte plus son masque à gaz :
« On panique. On dit que le gaz est cancérigène, qu’on va crever ! Je me suis déjà évanoui. J’ai vu des amis faire des crises. Certains accusent le gouvernement égyptien d’utiliser des armes chimiques contre nous.
Aujourd’hui il y a plus de 400 personnes dans un état grave. La police a même balancé des gaz dans les bouches d’aérations du métro de la place Al-Tahrir pour nous intoxiquer. »
« J’ai perdu conscience et puis vomi du sang »
Magda, une étudiante de 23 ans, a également été prise au piège dans un nuage de gaz lacrymogène. « Je suis tombée comme une mouche », déclare-t-elle au bout du fil.
« Des gens m’ont évacuée sur une moto. J’ai été aspergée par un liquide et j’ai repris conscience difficilement, comme si je venais de sortir d’une narcose complète. J’ai vomi du sang.
Oui, le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, nous fait vomir du sang. Alors moi, j’ai décidé de mourir sur la place Al-Tahrir pour libérer le pays de la junte militaire. »
Autre cas encore, Rania, membre du comité révolutionnaire. « L’air est irrespirable sur la place Tahrir », peste-t-elle au téléphone :
« Il y a cette odeur de gaz qui est si forte qu’il est impossible de rester sur place plus de cinq minutes. Les gens sont tous munis de masques achetés sur place 2 euros ou offerts par des infirmiers sur la place Al-Tahrir.
Mais même avec un masque, on suffoque à cause du gaz. »
Autre malheur : l’acte II de cette révolution a fait beaucoup de blessés aux yeux, dont beaucoup sont devenus borgnes. Rania :
« Ils n’en sont pas pour autant démoralisés et affirment qu’ils ont perdu un œil mais pas la vision sur le futur de l’Egypte qui se débarrassera coûte que coûte de la junte militaire. »
Messages
1. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 11:12
ah bon ? y aurait des bons gaz et des pas bons ?
2. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 11:13, par Copas
Et bien, pourquoi pas demander un mandat d’arrêt international contre les vendeurs de ce type de merdes ?
Où bien un procès en Egypte pour complicité quand ce peuple se sera débarrassé du pouvoir des militaires ?
1. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 15:45
Il faut appeler les ouvriers qui fabriquent ce gaz à se mettre en GREVE et à refuser de PRODUIRE DE LA MORT !
3. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 11:27
Il perd ses yeux pour la révolution
Il a perdu un œilpendant le soulèvement contre Hosni Moubarak, l’autre durant les manifestations contre le pouvoir militaire. Ahmed Harara est devenu malgré lui l’un des héros de la révolution égyptienne. « Je refuse d’être un symbole. Le vrai symbole, c’est la place Tahrir et les gens qui y manifestent », affirme ce dentiste de 31 ans, l’œil gauche caché par un pansement.
On vient l’applaudir sur l’emblématique place, l’embrasser, le féliciter. Tout près, sur une pancarte accrochée en haut d’un poteau électrique, on lit : « Nous sommes tous tes yeux, Ahmed Harara. »
Il s’est lancé dans la « révolution du 25 janvier » aux côtés des milliers de jeunes conspuant le président Hosni Moubarak, avant de se retrouver borgne trois jours plus tard après voir été visé par des tirs de la police anti-émeutes. « J’ai été touché par de la grenaille au crâne, au cou et à l’œil droit. Quatre éclats ont détruit ma rétine », dit cet homme brun, soutenu par ses amis.
Mais même après avoir perdu un œil–et son travail–« je suis redescendu dans la rue », cette fois pour fustiger l’armée à la tête de l’Etat, accusée de rééditer la politique de répression de M. Moubarak, chassé le 11 février du pouvoir.
Le 19 novembre, premier jour des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, il est dans la rue Mohamed-Mahmoud, près de la place Tahrir. Une balle en caoutchouc lui arrache le second œil.
Il n’a certes pas été la seule victime : des militants égyptiens ont accusé les policiers « arracheurs d’yeux », de tirer notamment des balles en caoutchouc en visant délibérément les yeux des contestataires. Mais en perdant un œil dans chacune des deux mobilisations, Ahmed Harara est considéré comme un « martyr vivant ». ats/afp
Sid Ahmed Hammouche envoyé spécial au Caire
autres articles :
http://www.laliberte.ch/info/le-bras-de-fer-continue-entre-manifestants-et-pouvoir-militaire-sur-la-place-al-tahrir-bondee
4. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 11:54
Alors lieux de fabrication des gaz : Etats-Unis, Israël ? Fatalement de pays assassins !
1. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 12:44
Italie... :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article122653
France ?
2. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 16:12
La France, l’Allemagne aussi pourquoi pas....
3. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 17:57, par Cop
Sous réserves il me semble qu’en début d’année les armes "anti-émeutes" utilisées en Egypte comportaient un panel particulièrement internationaliste de fournisseurs (sauf des Chinois)...
Un peu comme les tenues ninja des flics iraniens.... bingo ! le look trahissait des fournitures communes de nos bons vieux états "démocratiques"...
Tout net, et de partout, il est nécessaire d’identifier qui fournit les dirigeants violents du nord, du sud, de l’est, de l’ouest.
En attendant les lois qui nous permettront de trainer en prison les individus qui se livrent à ce commerce et dirigent ces fabrications, en jouant aux limites du droit international sur l’utilisation de gaz de combat sur des populations.
5. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 16:03
Par exemple, selon WIKIPEDIA, BAYER fabrique le gaz TABUN
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bayer_AG
OU EST LA SOLIDARITE OUVRIERE DANS CE BORDEL ?
6. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 16:04
LES ARMES CHIMIQUES
http://loulou.chars.chez-alice.fr/armchim.htm
7. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 16:11
les fiches en français du centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies sur le gaz V.x par exemple http://emergency.cdc.gov/agent/vx/french/pdf/facts.pdf
1. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 17:34
Partout dans le monde, les policiers "défendent la population contre les méchants voleurs".
Pas du tout l’ordre social injuste...pas du tout.
2. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 19:16, par Zangao
L’étape suivante déjà programmée, c’est l’intervention de flics d’un pays tiers. Notre chère Mam y a contribué.
3. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 29 novembre 2011, 11:39
Eh !Oui, voyons on ne touche pas à l’ordre établi : dogmatique "BOBOS" oblige !!!
8. L’Egypte paniquée par les gaz utilisés contre les manifestants place Tahrir, 28 novembre 2011, 20:13, par cat75
http://www.milipol.com/