Accueil > L’Express du 16/02/2004
Les insoumis de l’entreprise
par Hélène Constanty
Ils sont jeunes, précaires, mal payés… et donnent des cauchemars à leurs employeurs. Leurs actions médiatisées tranchent avec celles des syndicats traditionnels et les mettent en phase avec la mouvance altermondialiste. Feu de paille ou naissance d’un pôle contestataire ?
Depuis qu’elle a créé, en novembre 2003, le maxisyndicat (1), un site Internet consacré à l’entreprise où elle travaille, Maxi-Livres, Latifa Abed a été convoquée à trois reprises par son employeur pour des entretiens préalables au licenciement. Trois fois en trois mois, dont une lettre recommandée reçue le 24 décembre 2003. Au pied du sapin. Motif de la colère patronale ? Sur ce site intersyndical, qui regroupe la CGT, FO et SUD, la déléguée CGT a eu l’audace de reproduire des courriers échangés entre les représentants élus et l’inspection du travail.
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« Quelques secondes au journal télévisé font cent fois plus de mal que tous les tracts du monde »
Dans leur panoplie de combat, les rebelles disposent de deux armes de destruction massive : la communication et les réseaux. Leurs méthodes de communication, radicalement nouvelles, ont donné un sacré coup de vieux aux syndicats traditionnels, méfiants à l’égard des médias et experts en langue de bois. Les petits nouveaux, eux, s’autorisent tout. Leur maître mot ? Transparence. Tout doit pouvoir être dit, écrit et diffusé sur Internet, dont ils font une utilisation sans retenue. Plusieurs sites, alimentés par des bénévoles qui y consacrent leur temps libre, se font l’écho de leurs luttes sociales (2). Autrement plus efficace qu’une distribution de tracts à la sortie de l’usine !
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(1) http://lemaxisyndicat.site.voila.fr
(2) www.hns-info.net, www.ac.eu.org, www.bellaciao.org, www.indymedia.org
(3) Génération précaire, Le Cherche Midi, janvier 2004.