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L’après-Arafat se fera avec la légende d’Arafat

Publie le lundi 22 novembre 2004 par Open-Publishing
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de Nazem

Le mythe de "Yasser Arafat, obstable à la paix " ne date pas d’hier. Déjà la campagne électorale menée en 1996 par la droite nationaliste israélienne pour la succession de Issac Rabin, faisant suite à une campagne d’appel au meurtre de ce dernier par cette même droite nationaliste, avait pour objectif et slogan électoral le gel du processus d’Oslo et la mise à l’écrat de Yasser Arafat.

Depuis cette date, Oslo, suivi par la récente " feuille de route ", sont devenus les synonymes d’une paix virtuelle, mais toujours officielle, à l’ombre de laquelle s’est opéré un processus de dépossession et de colonisation assurant le démantèlement progressif des structures de l’entité palestinienne.

Le discours de Georges Bush du 22 juin 2002, qui a servi de base à la rédaction de la " feuille de route ", a fixé l’objectif d’écarter Yasser Arafat comme condition nécessaire à l’établissement d’un Etat palestinien à l’horizon de 2005. Rendue officielle et remise aux deux partis au moment de l’invasion de l’Irak, avec l’imposition de Mahmoud Abbas (Abou Mazen) au poste de premier ministre, la " feuille de route " a fait de la promesse d’un Etat palestinien fantôme, au même titre que le mensonge sur les ADM, un des principaux instruments de propagande au profit de la guerre totale menée au nom du futur " Grand Moyen-Orient libre et démocratique ".

Dans cette logique, les Palestiniens ne devaient plus militer pour leurs droits nationaux et contre l’occupation mais pour gagner leur ticket d’entrée dans le Club des Nations Civlisées ! Pour cela, il fallait qu’ils se spérarent de leur chef historique, qu’ils se montrent enfin capables de fonctionnement démocratique, et qu’ils se risquent du même coup dans la guerre civile au nom de la lutte contre le terrorisme.

Logique accélérée depuis début septembre 2004 où les appels à écarter Yasser Arafat, couplés avec la menace publique de son assassinat par Ariel Sharon, se sont multipliés à un rythme hystérique. " Mr le président, combien de temps pouvez-vous attendre ? Combien de temps pouvez-vous conserver cette position alors que les Palestiniens souffrent, qu’il est difficile d’avancer vers les objectifs de la feuille de route, qu’il est difficile d’atteindre ce dont vous parlez comme de votre rêve : un Etat pour le peuple palestinien ? ", harcelait déjà le grand démagogue Colin Powell, le 23 septembre dernier, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Pour le deuxième mandat de Georges Bush, un calendrier-suite de la guerre totale est programmé pour débuter au pied-levé, sans transition, dans une continuité effarante de la fin du premier mandat. Comme dans les univers de sciences-fiction, l’action et la guerre sont rythmées et continues. Ainsi, s’ouvre, instantanément, la guerre en Irak pour écraser Fallouja et d’autres villes irakiennes dans la perspective des élections prévues en janvier et au nom de la reconstruction du pays.

La disparition effective de Yasser Arafat (empoisonné ou pas) devait ouvrir dangereusement la Palestine à un calendrier similaire. Comme par un mystérieux miracle, les deux pays pouvaient se synchroniser, soumis ainsi à la stratégie unifiée de l’Empire qui se veut de plus en plus globale et économe : des élections le 27 janvier (repoussées au 30) en Irak, des élections le 9 janvier en Palestine. Un gouvernement intérimaire en Irak, une autorité de transition en Palestine. Une guerre totale contre la guerrila en Irak, le paris sur le chaos et l’exigence de la mise au pas des factions armées à Gaza et en Cisjordanie. Tel pouvait être le scénario catastrophe voulu de longue date par Ariel Sharon et rendu possible par la disparition de Yasser Arafat, mais...

En réalité, la situation en Palestine s’éloigne nettement de ce scénario catastrophe, et ce justement parce que la légende de Yasser Arafat est le facteur qui n’était pas pris en compte et qui pèse aujourd’hui de tout son poids dans le jeu politique. Ainsi, l’après-Arafat se fait avec la légende d’Arafat, un facteur d’unification de la nation autour de ce qui devient sacré et intouchable : les droits fondamentaux des Palestiniens. Toute feuille de route peut brûler si elle continue de contourner et d’ignorer ces droits.

Le tombeau d’Arafat à Ramallah est devenu un lieu de pèlerinage où l’on vient de toute part déposer des branches d’oliviers, un drapeau palestinien ou encore un keffieh, symbole de la lutte pour un Etat indépendant. Pour les Palestiniens, tôt ou tard le tombeau d’Arafat doit être transféré à Jérusalem. Cette nouvelle symbolique collective, mondialement partagée, enracine l’objectif irréductible de Jérusalem-Est comme capitale du futur Etat palestinien. Récemment, un prisonnier libéré, cheikh Hassan Youssef, haut responsable du Hamas en Cisjordanie, est allé se recueillir, dès sa libération, sur le tombeau d’Arafat. De là, Il a ensuite appelé à poursuivre la résistance.

En symbole d’unité de la nation, la légende de Yasser Arafat modifie radicalement le jeu politique.Toute nouvelle Autorité palestinienne, transitoire ou élue, est tenue d’assumer ses engagements devant le peuple palestinien décidé, dans toutes ses composantes, à faire respecter ses droits. La conservation de l’unité nationale est sacrée. Tout chaos est exclu et condamné. Null ne peut toucher à la résistance palestinienne et exiger le " démantèlement des factions armées " sans risquer le suicide politique. En même temps, le sens de responsabilité est générale. La société palestinienne, dans sa diversité, peut aujourd’hui prendre le jeu démocratique en main pour l’inscrire dans le processus de libération nationale.

Ariel Sharon doit, tôt ou tard, se rendre à l’évidence et aller réviser ses copies à propos de parcelles de terres, éparpillées et assiégées, qu’il compte laisser aux Palestiniens au nom d’un accord de paix. Georges Bush et ses conseillers doivent aussi reviser leur copie à propos de la généralisation de la guerre contre le terrorisme. La lutte des Palestiniens ne saura être emprisonnée dans cette logique.

Déjà, cette machine de propagande subit ses premières pannes. Ariel Sharon ne peut obtenir de la nouvelle Autorité palestinienne ce qu’il a toujours exigé de Yasser Arafat, à savoir, " la collecte des armes et le démantèlement des organisations terroristes ", sans risquer la dissolution de cette même Autorité, ce qui ébranle considérablement sa vieille réthorique. Après s’être essayé dans cette voie pendant une semaine, il a fini par céder. " Il est évident qu’il s’agit d’un processus plus compliqué " a-t-il admis tout récemment. Avant cela, Mouhamed Dahlane, ex-ministre de la sécurité palestinienne, proche des Israéliens, avait estimé que l’Autorité palestinienne ne pourra pas désarmer la myriade de mouvements de résistance durant les huits semaines précédant les élections.

Avec la panne de la logique guerrière, l’offensive de l’Empire devra se concentrer, du moins jusqu’aux élections, sur le plan diplomatique. Un plan non moins dangereux où l’on tente de commercialiser, avec beaucoup d’argent et de moyens, l’idée simpliste que la paix découlera automatiquement de la preuve que les Palestiniens savent " bâtir une démocratie " ou " construire des institutions de sécurité pour combattre le terrorisme ". Un plan non moins dangereux où le débat se limite d’ors et déjà à la date de création de l’Etat palestinien dans des " frontières provisoires ", laissant le choix entre une mise prolongée au formol ou l’adoption d’une solution à la va-vite, sans aucune garantie sur le futur et sur le statut final.

Le futur échec de cette approche simpliste, et enocre colonialiste, appelle dès aujoud’hui à la constitution d’une alternative dans le respect de la volonté et de la personnalité du peuple palestinien.

Assawra

Messages

  • En préambule, le mot qui apparait quand on vient à réagir à l’un de vos papiers : "Rappel : nous effacerons les messages à caractère diffamatoire, injurieux, xénophobe, sexiste, les menaces, la pub commerciale et politique... " Je suis étonné que vous ne vous l’appliquiez pas à vous même.

    Le papier de nazem est bourré de mensonges, de sous-entendus scandaleux et franchement antisémites. Pourquoi laisser entendre qu’arafat a été empoisonné ? comment ne pas rappeler le parcours jusque boutiste dans le terrorisme de l’intéressé ?

    L’auteur de ce papier parle de logique simpliste de l’empire US pour conclure, mais c’est en réalité son papier qui est bourré de clichés manichéens et faux. Pourquoi n’évoque t il pas la corruption qui gangrene le pouvoir palestinien ? Pourquoi ne parle t il pas des détournements de fonds européens dont profite maintenant la femme du défunt ? Il y a quoi au juste qui rapproche ces individus des valeurs défendues dans ce site ? franchement je ne vois pas.