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L’argent, c’est trop sérieux pour être confié aux banques.

Publie le mercredi 22 octobre 2008 par Open-Publishing

Michel Camdessus et Thierry Coste sont à la tête de la société de refinancement, qui distribuera 320 milliards d’euros. Cette société sera contrôlée par les banques, ce qui est une astuce pour éviter à l’Etat de devoir comptabiliser les fonds levés comme de la dette - dette qui doit obéir aux critères de Maastricht. Donc c’est 320 milliards d’euros en moins.

Mais ce qui est intéressant, c’est de voir qu’après la catastrophe financière, les banquiers restent les maîtres du jeu. C’est un peu comme si le Général Gamelin était devenu ministre de la guerre après la débâcle...

Monsieur Camdessus n’est pas le Général Gamelin. C’est un homme prudent, on lui doit les fameux plans d’ajustement structurels que le FMI avait mis en place pour les pays sous-développés afin
1) de faire entrer un peu de rigueur dans leur gestion infantile et désordonnée
2) de les mettre sur la voie du développement, particulièrement en Afrique noire.
Michel Camdessus dirigea aussi le Club de Paris, qui renégociait les dettes que ces pauvres pays avaient douloureusement contractées.

Monsieur Thierry Coste, lui, est moins connu. Il dirigeait « Crédit Agricole Asset Management », un fonds d’investissement adossé au Crédit agricole, qui connut des heures de gloire et de tristesse ; ce fonds d’investissement, on dit aussi « fonds de performance », était capable de donner de bons résultats aux investisseurs quelle que soit la direction des marchés. Hélas, le vent a tourné. De très performant, ce fonds, qui devait gagner à tous les coups, est devenu très contre-performant. Ses actifs se sont dépréciés de quelques 80 % entre début 2007 et fin 2008. S’il avait été un simple « hedge funds » comme les autres, sans capitaux propres, il aurait sans doute mis tout simplement la clef sous la porte ; mais il était adossé au Crédit agricole, grosse banque solide grâce à ses dépôts. Certes, le Crédit agricole affiche cette année des pertes de plus de huit milliards d’euros, son résultat d’exploitation est en chute de 65 % ; son produit net est en chute de 18,5 % ; mais chacun sait que ce n’est pas la faute du Crédit agricole, et encore moins de ses dirigeants, mais c’est la faute des « marchés » parfois bien facétieux...

De mauvaises langues diraient qu’il est bien dommage que cet argent perdu, ces milliards d’euros, ne soit pas allé aux agriculteurs, cela aurait évité à la collectivité de payer pour leur sécurité sociale, structurellement déficitaire, mais ce seraient de bien mauvaises langues.

Reste la gestion de la société de refinancement. Monsieur Coste et Monsieur Camdessus sont à la retraite, ils auront donc, on peut l’espérer, une gestion prudente pour garantir les produits pourris des banques qui viendront leur demander l’argent qu’ils accorderont.
Mais la question est la suivante : si la guerre est une chose trop importante pour la laisser aux militaires, la banque et l’argent ne sont-elles pas, également, trop importantes pour la laisser aux seuls banquiers, même retraités ?

La phrase du jour : celle de Vincent Auriol, de Muret, en Haute garonne, ministre de Léon Blum : « Les banques je les ferme, les banquiers je les enferme. »

Bernard Maris.

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