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L’enfer de Fallujah : préparation à la boucherie

Publie le mardi 9 novembre 2004 par Open-Publishing


La bataille de Falloujah se poursuit

de Jim Krane

Les forces américaines et irakiennes s’enfonçaient dans le centre de Falloujah
mardi, au deuxième jour de la grande offensive visant à regagner le contrôle
de la ville sunnite, rencontrant moins de résistance que prévu de la part des
insurgés. Pendant ce temps, des centaines de rebelles armés prenaient position
dans le coeur de Ramadi, à une cinquantaine de kilomètres de là.

Dans ce contexte, le Comité des oulémas musulmans, principale organisation religieuse
sunnite du pays, a appelé mardi les Irakiens à boycotter les élections générales
prévues en janvier. Son secrétaire général Hareth Souleimane al-Dari a estimé que
ce scrutin se tiendrait « sur les corps de ceux qui sont tués à Falloujah ».

Entre 10.000 et 15.000 soldats américains encerclent la ville, où se trouveraient environ 3.000 combattants sunnites, d’après les commandants américains.

Dans la nuit de dimanche à lundi, quelque 6.000 militaires américains et 2.000 militaires irakiens ont envahi Falloujah par le nord, lançant l’assaut général contre la cité rebelle.

Trois soldats américains ont été tués et 14 autres blessés au cours de 12 dernières heures à Falloujah, où des combats de rue les opposaient aux insurgés. L’armée américaine affirme avoir perdu cinq hommes au total depuis le début de cette action d’envergure.

D’après des habitants, des affrontements faisaient rage mardi dans le nord de la ville. Des témoins ont vu au moins deux chars américains en flammes. Un hélicoptère Kiowa a essuyé des tirs mardi dans le sud-est de Falloujah ; le pilote a été blessé mais a réussi à regagner sa base.

Cependant, l’armée américaine affirmait rencontrer une résistance moins grande que prévu à Jolan, un dédale de ruelles dans le nord-ouest de Falloujah, considéré comme un fief rebelle. A la mi-journée, les blindés américains ont franchi l’autoroute qui traverse la ville d’est en ouest, pénétrant ainsi le sud de la ville.

Des petits groupes d’insurgés -composés de moins de 20 personnes- ouvraient le feu sur les militaires américains mais se retiraient face à la puissance de tir des chars et des mitrailleuses ennemis, a rapporté Michael Ware, un journaliste du magazine « Time » embarqué avec les troupes US.

Le colonel Michael Formica, commandant de la 2e brigade de la 1e Division de cavalerie, a affirmé que le cordon de sécurité autour de Falloujah allait être renforcé afin d’empêcher les rebelles habillés en civil de s’enfuir : « Je en veux pas que ces gars sortent d’ici. Je veux qu’ils soient tués ou capturés en s’enfuyant. »

Des habitants de Ramadi contactés par téléphone ont rapporté que le centre de leur ville était aux mains d’hommes armés de Kalachnikov, de mitrailleuses et de lance-roquettes. D’après le général George Casey, commandant américain en Irak, 50 à 70% des 200.000 habitants de Falloujah ont fui la ville. Un couvre-feu permanent y a été décrété.

« Les civils innocents dans cette ville ont tous les conseils dont ils ont besoin pour savoir comment éviter les ennuis », a déclaré lundi le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld. « Il n’y aura pas un grand nombre de civils tués, et certainement pas par les troupes américaines ».

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et la Croix-Rouge internationale se sont inquiétés du sort des dizaines de milliers de personnes ayant fui les combats de Falloujah. La Croix-Rouge veut faire parvenir de l’aide humanitaire aux civils dès que possible.

Parallèlement, les autorités irakiennes ont décrété mardi un couvre-feu à Bagdad et dans les faubourgs avoisinants dans le cadre des pouvoirs accordés par les décrets d’exception annoncés le week-end dernier, selon le cabinet du Premier ministre intérimaire Iyad Allaoui.

« Dans le cadre de l’autorité conférée par les lois d’exception, nous avons décidé d’imposer un couvre-feu à Bagdad et ses faubourgs de 22h30 à 4h du matin, à partir du mardi 9 novembre 2004 et jusqu’à nouvel ordre », précise le communiqué officiel. (AP)

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