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L’entrée en lutte des salariés du privé pour... gagner plus !

Publie le mercredi 20 février 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

Travailler plus, ils le font déjà. Les salariés français sont les premiers au hit-parade européen de la productivité horaire. Gagner plus, ils le réclament désormais de plus en plus fort, eux qui gagnent à peine le SMIC ou moins de 1400 euros comme c’est le cas de la moitié des salariés du pays.

Neuf mois après l’élection de celui qui osait se présenter comme le « président du pouvoir d’achat » dans des discours citant pêle-mêle Jaures et Blum, les mêmes font une amère expérience : les seules mesures prises immédiatement après le renouvellement d’une majorité de droite à l’Assemblée furent prises au profit des plus riches de ce pays.

Les salariés au pouvoir d’achat étranglé par les bas salaires et l’explosion de la rente immobilière n’ont le droit à rien ou pire pour certains d’entre eux qu’à la fermeture de leur usine.

Ford à Blanquefort, Kleber à Toul, Arcelor-Mittal à Gandrange, Miko à St-Dizier, ce sont là des noms d’usines, de multinationales, de villes qui croisent la question du pouvoir d’achat, de l’avenir industriel du pays et du rôle des pouvoirs publics, locaux et nationaux.

Sur ce dernier point, le chef de l’Etat qui se veut le champion des usines françaises a surtout démontré qu’il était là encore celui de la défense des actionnaires contre les salariés. Ces derniers concourent aux bénéfices records des groupes du CAC 40 et pour, comme c’est le cas à Gandrange, permettre à un groupe comme Arcelor-Mittal de distribuer un tiers des sept milliards d’euros obtenus en 2007, l’emploi de centaines de familles peut être sacrifié.

Hormis de pieuses déclarations, que propose ce gouvernement ? Une « veille permanente », comme l’a redit la ministre de l’Economie, pour observer « quels pans industriels vont se créer et lesquels vont disparaître ». La belle affaire ! Et puis cela ne mange pas de pain, le souhait « d’améliorer la compétitivité de la France, aider les entreprises à être plus productives, les salariés à être mieux formés, plus adaptés aux évolutions de l’économie ». Ces mots, ressassés depuis des lustres, font de moins en moins illusion auprès de celles et ceux qui paient la « compétitivité » aux prix fort, de la précarité, des bas salaires, de la vie en miettes et ne voient rien venir en retour. Cette réalité insupportable vient se telescoper à d’autres chiffres qui ne demandent qu’à prendre encore plus sens. Les 500 plus grandes fortunes professionnelles cumulent à elles seules 280 milliards d’euros. N’y a-t-il pas là terrain à une autre fiscalité intégrant des critères de justice et d’efficacité sociale ?

Il est une « rupture » décisive qui pourrait être engagée avec une réalité prégnante depuis plus de vingt ans : alors que les richesses produites explosent, les bénéfices des « stars » du CAC 40 en attestent, la part des salaires elle a regressé et stagne désormais. La compétitivité est là mais elle est gangrenée par le cancer financier. Le pire est que celui-ci peut encore prospérer grâce à la crise boursière actuelle : les fonds spéculatifs, les LBO à l’origine des rachats puis liquidations de nombre de petites et moyennes entreprises, vont pouvoir élargir leurs prédations grâce à la baisse des cours. Quel est le rôle de l’Etat : « observer » la concurrence libre et non faussée ou mettre en place des outils contraignants, en matière de crédit, d’impôts ou de formation ?

Le fait nouveau de ce début d’année, qui coïncide avec un rendez vous électoral, est que désormais il faut compter avec la voix des salariés du privé qui commence à s’élever et trouve désormais un écho national. Cela ne peut que contribuer à rouvrir la tenaille dans laquelle MEDEF et gouvernement veulent enfermer les syndicats pour les affaiblir et accélérer les « réformes » antisociales portées par Sarkozy. Ce dernier a du faire marche arrière sur son implication dans la campagne électorale. Avec le logement, le pouvoir d’achat et l’emploi viennent de faire irruption dans le débat.

http://www.pcf.fr/spip.php?article2551

Messages

  • Bien vu, l’huma ! C’est sur cette compréhension commune que tous les communistes et vrais progressistes peuvent faire le nouveau parti anticapitaliste, loin des bourgeois du PS. Regardez la convergence :

     http://www.dailymotion.com/search/b...

  • présent ce soir là
    il est temps de tous s’unir pour combattre tout ces philistins

  • Quand une entreprise ferme et délocalise alors qu’elle est rentable, il faut qu’elle soit reprise par ses employés (modifier la loi dans ce sens) et que l’Etat et les collectivités locales donneurs d’ordres s’engagent à passer des contrats de fabrication avec cette entreprise reprise en coopérative.
    Ce n’est pas très compliqué à faire. Et cela ne doit même pas poser de problèmes au niveau bruxellois. Il suffit d’une banque nationale qui aide ces coopératives en leur prêtant de l’argent à des taux très bas et que ces coopératives s’engagent à rester dans cette banque (attention pas de spéculation, uniquement des prêts aux entreprises) une fois qu’elles ont remboursé leur prêt pour l’alimenter en argent frais et aider ainsi d’autres coopératives (idem Grameen bank).
    D’un autre côté, les collectivités locales peuvent lancer des appels d’offres et prendre le mieux-disant en terme social au lieu de financier. Et ce sans que Bruxelles puisse trouver à y redire.
    Voilà, il n’y a qu’à tenter l’expérience, il y a plein de boîtes en France qui sont rentables et pourtant qui sont délocalisées.

    • Pour les coopératives :

      Pas si simple que cela, beaucoup d’entreprises ne peuvent survivre en coopératives sans faire partie du groupe qui leur sous-traite la production. La question souvent qui se poserait c’est la prise de contrôle de groupes par les travailleurs. Se retrouver en entreprises sous-traitantes, même coopératives, c’est s’auto-exploiter et accepter que les bénéfices soient exfiltrés par contrats.

      Le processus de constitution en coopératives n’est pas un processus applicable dans beaucoup de situations.

      L’article :

      Il met le doigt sur ce qui est en train de se passer . Dans des ciconstances de précarité et de bas salaires extrêmement difficiles il y a une réactivation des revendications des travailleurs du privé , et pas seulement en défense, pour éviter des licenciements, parer des attaques patronales, mais également pour conquérir, sur les salaires, les conditions de travail. Et ce dernier aspect est nouveau.

      Les travailleurs de la distribution dans une journée de lutte bien suivie au 1er Février ont montré que des forces disponibles poir la bataille sociale commençaient à s’accumuler. Le conflit actuel de carrefour Grand Littoral en est l’illustration (12 jours de lutte). Et également la résistance méthodique de la direction de l’entreprise pour ne rien lâcher, même sur de petites sommes, car l’exemple se rependrait comme une trainée de poudre.

      La réactivation de secteurs du privé est une bonne nouvelle, montrant que la peur de la précarité et du chômage, les salaires extrêmement bas, ne suffisent plus à bâillonner et démoraliser les travailleurs.

      Ce phénomène embryonnaire et fragile se voir ailleurs en Europe . Les luttes ne sont plus seulement défensives, et elles commencent à toucher timidement les entreprises privées.