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L’état actuel du PS, vu de l’intérieur par un connaisseur
Publie le mardi 29 juillet 2008 par Open-Publishing1 commentaire
L’état actuel du PS, vu de l’intérieur par un connaisseur
mardi 29 juillet 2008
par luc Douillard
Les lecteurs de ce blog connaissent le seul vrai secret de famille du PS : Ce parti ne cherche désormais plus à remporter les élections nationales, mais à les perdre méthodiquement, car elles ne sont pas pour lui un objectif intéressant, au regard du seul enjeu qui vaille : la maintenance et l’agrandissement des fiefs locaux. C’est le grand héritage culturel de la décentralisation mitterrandienne : Le PS a cessé d’être un parti national, même s’il fait encore semblant.
Il y en a un qui m’épate toujours avec ses formules d’expert marketicien inventif, c’est le député Cambadélis, qui tente toujours de traduire, dans une langue moderniste straus-khanienne, son savoir-faire d’ancien trotskyste lambertiste. Cette semaine, il a affirmé que le PS souffrait d’une « contraction idéologique » compliquée par une « détraction » des individualités qui s’y affrontent vainement en champ clos (« détraction », notez, et non distraction, diffraction, dispersion ou décontraction).
Un autre responsable PS m’épate par son enthousiasme verbal pour dénigrer son parti, à croire qu’il en jouit, c’est Gaëtan Gorce, lui aussi député. On n’ira peut-être pas en vacances avec lui, si l’on croit son récent regret de n’avoir pas entraîné le PS à voter la modification constitutionnelle du régime sarkozien. Mais quelle verve !
« Ce qui est dramatique, c’est que le Parti socialiste est devenu un système qui fonctionne sur lui-même. Il réagit quand il est attaqué et la seule préoccupation de ses dirigeants est d’en garder le contrôle. » Bien vu, Gaëtan. (Interview paru hier vendredi 25 juillet dans « Libération », page 9, recueilli par François Wenz-Dumas).
Et aussi : « Sa stratégie est celle que définissait Pierre dac : ’’Ni pour ni contre, bien au contraire’’. » On ne doit pas s’ennuyer dans les réunions du groupe socialiste, même si Gorce semble détester cordialement Jean-Marc Ayrault.
Gaëtan Gorce précise, tout à sa joie mauvaise : « Il est vrai, comme disait l’ancien président du conseil Henri Queuille, que la politique ce n’est pas l’art de résoudre les problèmes mais de faire taire ceux qui les posent. » (Mais je crains que cette célèbre citation ne soit apocryphe. À Henri Queuille, à moins que ce ne soit Edgar Faure, on attribue aussi cette remarque proverbiale : « Il n’y a aucun problème suffisamment urgent, dont on puisse encore retarder le traitement ». Avec aussi cette variante : « ...En instaurant une nouvelle commission de travail. » Je cite de mémoire.)
Et pour Gorce, aucun espoir que les jeunes générations de socialistes parviennent à changer quelque chose : « J’ai espéré (...) mais, disait Gramsci, le vieux ne veut pas disparaître et le nouveau ne peut pas apparaître ». (De mémoire là aussi, il me semble que la citation exacte de Gramsci, ressemblerait plutôt à : « Quand le vieux ne parvient pas à mourir, et que le neuf ne parvient pas encore à naître. »
Ceci dit, Gaëtan Gorce énonce trois constats remarquables de lucidité, qu’il faut retenir, même si, à l’état brut et parfaitement exempts de toute proposition alternative concrète, ils renforceront le nihilisme ambiant :
1 – Sur la morbidité de la trajectoire actuelle Jospin-Hollande-Ayrault :
« L’establishment du parti (socialiste) a trop intérêt à sauvegarder le système pour préserver son pouvoir. Nous sommes en train de devenir une forteresse assiégée, comme l’était le Parti communiste dans les années 70. Je ne souhaite pas que le Parti socialiste connaisse le même sort. »
2 – Sur les oppositions frontales du PS, comme face à la réforme des retraites en 2003 :
« Cette stratégie permettait de masquer nos divisions, et le fait que nous n’étions pas capables de dire quelle réforme des retraites nous aurions fait ».
3 – Sur le fameux réformisme :
« Aujourd’hui le PS a le discours creux de ceux qui se déclarent réformistes, sans avoir réfléchi au contenu des réformes qu’ils souhaitent. »
Avec ça, bon moral pour la rentrée à venir.
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Messages
1. L’état actuel du PS, vu de l’intérieur par un connaisseur, 29 juillet 2008, 21:28
On dirait du Canard. Sans ailes.
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