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L’extension du domaine de la précarité

Publie le mercredi 18 janvier 2006 par Open-Publishing
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L’extension du domaine de la précarité

Quel hold-up sur l’histoire ! Ce matin, les hiérarques du MEDEF tiennent leur assemblée générale dans le cadre prestigieux des Salines royales d’Arc-et-Senans, que leur architecte rêva comme une cité idéale pour les travailleurs. Ironie grinçante, c’est dans ces murs que Laurence Parisot va revendiquer un monde modelé selon les désirs du patronat. Elle n’aura pas à élever le ton. Dominique de Villepin est déjà au travail. Dès la veille de l’arrivée en Franche-Comté des limousines, il a préparé un cadeau de prix, la précarité comme parcours obligé pour les jeunes.

Le premier ministre voit loin, il faut bien le lui reconnaître. L’entrée dans la vie active commencera à quinze ans, puis lui succédera un premier contrat précaire - le contrat première embauche, qui vient d’être annoncé -, puis une vie de petits boulots sous le signe du contrat nouvelles embauches ou des divers dispositifs d’intérim ou de temps partiels où l’on travaillera au moins 39 heures, jusqu’à une retraite, repoussée après soixante, voire soixante-cinq ans et durant laquelle il vaudra mieux continuer à travailler, quand on est un salarié modeste, si on veut parvenir à survivre. La règle deviendra la démolition du droit du travail et l’insécurité sociale le lieu commun. Nul cependant ne sera abandonné à son sort... des contrôles, contraintes et conditions en tous genres seront imposés aux plus pauvres, généralement soupçonnés de tricher pour toucher leurs maigres allocations.

Dans ce tableau sombre de l’avenir, aucune exagération. Toutes ces mesures ont bien été annoncées par le chef du gouvernement, qui en fait « une exigence sociale absolue ». Pour amuser la galerie, il prétend sortir les jeunes de la « trappe à précarité » quand c’est la précarité qu’il sort de sa trappe pour en faire le lot de la grande majorité des habitants de ce pays.

Les mesures qui s’additionnent ne sont pas un sacrifice passager qui permettrait aux 618 000 jeunes sans emploi de reprendre pied. Ce n’est pas en effet le chômage qui va reculer, ce sont les droits sociaux. Déjà, après l’effet d’aubaine qui avait vu les entreprises se précipiter vers les CNE qui permettent de licencier un salarié sans justification pendant une période de deux ans, les intentions d’embauche refluent en décembre. Alors que c’est prétendument dans
le bâtiment qu’on trouve le plus d’emplois non pourvus, c’est cette branche qui recrute la plus forte proportion de CNE. Plutôt que des CDI... Et, au total, déjà 28 000 signataires de ce contrat ont été licenciés.

Même la CFDT, qui se distingue plutôt par l’approbation que par la critique, s’indigne du dispositif, en jugeant qu’il « institutionnalise la précarité ».

La refondation sociale prêchée par Ernest-Antoine Seillière a trouvé ses hérauts à l’UMP, où Nicolas Sarkozy a lâché la bonde aux tentations les plus réactionnaires. On ne se refrène plus dans les beaux quartiers. Les salariés ont intérêt à réagir sans délai, dès le 31 janvier d’abord avec la CGT, puis le 2 février, comme vont le faire les fonctionnaires à l’appel de la FSU, la CGT, FO, l’UNSA et la CFDT.

Et les jeunes et la population ont bien besoin de se mêler de près de l’avenir politique, pour une véritable rupture avec le libéralisme.

Par Patrick Apel-Muller

http://www.humanite.fr/journal/2006-01-17/2006-01-17-822013

Messages

  • lire l’appel de Bernard Thibault Une réaction unitaire s’impose !

    La CGT est la seule confédération qui appelle à cette journée (les autres confédérations se défilent, depuis le 4 octobre : quelques déclarations, mais aucune mobilisation des salariés !) . Des fédérations CGT se positionnent actuellement pour la grève ; voir par exemple les Organismes Sociaux

    Je reproduis ci-dessous une partie des commentaires que j’ai écrits suite à cet appel de Thibault :

    Certains objecteront que le 31 janvier sera "une journée sans lendemain". C’est faire fi que des tas de gens se battent actuellement, bien trop isolés : nous devrions tous être derrière - ou plutôt - avec eux. Il ne tient qu’à nous, dans la mesure de nos moyens de les accompagner dans leur lutte. Et puis, il nous appartient à faire vivre ce mouvement, dans l’unité. C’est parfois compliqué, les camarades peuvent être tièdes, hésitants parfois, mais l’important je pense est d’avoir la volonté de se battre ensemble, sans jamais renoncer.

    Une vague de grèves, de manifestations ne se décrète pas du jour au lendemain, mais le mouvement génère le mouvement, c’est une évidence amplement vérifiée par l’histoire. Alors, qui sait, demain, après demain, un jour prochain : il faut batir ensemble, dans l’unité la plus large possible. Le gouvernement, le patronat, certains "syndicats" croupions n’attendent pas : la tendance est forte qui balayra tous nos droits si nous les laissons faire.

    Les chômeurs ne sont pas spécifiquement appelés ? Thibault n’a pas non plus parlé des employés de la Sécu (par exemple) , ni de ceux qui se battent à Noyelles-les-Selle pour conserver leur usine, et l’occupent : ceux là méritent -et tant d’autres- pourtant une mention, non ? Mais la CGT-Chômeurs tente de mobiliser les chom’du

    Tu n’es pas syndiqué CGT ? et alors ? C’est marqué sur ton front ? Comme une tâche d’infâmie ? Ce n’est pas nous qui te l’avons collée, bien au contraire ! L’appel s’adresse aux salariés -les privés d’emploi étant cqfd des salariés privés d’emploi, les retraités d’anciens salariés ayant mérité leur repos-, les intermittents (salariés atypiques certes, mais salariés), on a besoin d’eux pour la culture de l’esprit -voie de l’émancipation- qu’ils nous apportent au jour le jour, donc à toi aussi, camarade ! Tu es non seulement bienvenu, mais souhaité ! Et qu’est-ce qui t’empêche de nous rejoindre ? On serait tellement plus fort avec toi !

    RESISTANCES !

    Patrice Bardet, militant Ufict-CGT CRAM Nord Picardie