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L’histoire de France par N. Sarkozy

Publie le mardi 20 mars 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Analyse du discours de N. Sarkozy adressé aux jeunes le 18 mars 2007 :

1) "Elle était sérieuse, elle était profonde, elle était grande, Jeanne d’Arc à 19 ans devant ses juges."
Jeanne d’Arc n’a pas choisi de mourir à 19 ans. Les Anglais l’ont condamnée au bûcher en tant qu’hérétique, comme une femme se livrant à une imposture. D’autre part, le roi de France de l’époque, Charles VII, n’a pas voulu payer la rançon pour la faire libérer des Bourguignons qui l’avaient capturée et qui, du coup, l’ont vendu aux Anglais. Le roi de France était bien content de se débarrasser de cette jusquauboutiste ainsi que de nombreux membres de sa cour. Mais bon, il ne faut pas le dire, il faut en finir avec notre esprit de repentance.

2) "Ils l’étaient tout autant les jeunes soldats de l’An II qui traversèrent toute l’Europe en chantant la Marseillaise, victorieux des plus puissantes armées du monde par la seule force de leur amour de la patrie et de leur passion de la liberté."
Les soldats de 1793-1794 n’ont pas traversé l’Europe. Ils ont défendu le sol français. La levée en masse était destinée à sauver la Révolution contre la coalition des rois étrangers. La guerre avait été déclenchée par la bourgeoisie girondine pour se défaire de la pression populaire. Pendant la Révolution, être patriote, c’est être révolutionnaire.
En faisant son erreur, N. Sarkozy vise à faire un amalgame entre les soldats de l’an II et les grognards de Napoléon I° qui, eux, ont battu toutes les armées européennes. Mais, honorer Napoléon, c’est trop caricatural, cela ne passerait pas dans l’opinion. Alors N. Sarkozy nous fait un beau raccourcis historique en présentant finalement Napoléon comme un continuateur de la Révolution. Alors que les guerres napoléonniennes sont purement impérialistes, elles ’ont rien de révolutionnaires. Au contrire elles ont corrompu les idéaux des soldats de l’an II.

3) "Ils l’étaient aussi les conscrits qui n’avaient pas vingt ans et qui mouraient par milliers dans les plaines de Champagne sous la mitraille allemande pendant la Grande Guerre."
N. Sarkozy fait donc allusion à la bataille du chemin des dames de 1917. Ce fut une véritable hécatombe dirigée par un boucher du nom de Nivelle. Les soldats en ont eu tellement marre de ces massagres inutiles qu’ils se sont mutinés. N. Sarkozy a dû penser qu’il fallait célébrer le 90° anniversaire de ces mutinés qui voulaient imiter les Russes en pleine révolte contre le tsarisme et la guerre.
En tout cas, ce qui est sûr, et comme le nom de conscrit l’indique, les jeunes poilus ne désiraient pas forcément aller sous la mitraille allemande. Il y avait même des tirailleurs sénégalais que l’on a envoyés au massacre en priorité, d’ailleurs l’Etat-major espérait impressionner les soldats allemands en leur opposant des Noirs que l’on présentait dans l’Europe colonialiste de l’époque comme des cannibales sanguinaires.

4) "Ils étaient sérieux, ils étaient profonds, ils étaient grands les jeunes résistants qui en juin 44, au péril de leur vie, tentaient de retarder les divisions blindées allemandes qui remontaient vers la Normandie."
Juste une brève remarque, les Résistants n’étaient pas forcément tous jeunes. Ils voulaient écraser le nazisme, mot absent du discours, discours qui valorise au contraire Guy Môquet. Les Résistants ne se battaient donc pas contre l’occupant nazi mais par nationalisme. Pour revenir à Guy Môquet, N. Sarkozy doit reconnaître que c’est un communiste du fait de l’intervention de M.-G. Buffet, mais il dit qu’il était Français avant d’être communiste.

5) "Au-delà de la droite et de la gauche, au-delà des partis, au-delà des croyances, il y a quelque chose de plus grand qui s’appelle la France."
L’historien israëlien Zeev Sternhell démontre de façon assez convaincante que les idées d’extrême-droite sont nées en France dans le dernier quart du XIX° siècle. Un des auteurs majeurs de cette époque, Maurice Barrès, a mêlé le discours révolutionnaire de la gauche aux idées ultra-conservatrices de la droite. Pour lui, ce qui prime, ce sont les racines et les traditions : les divergences partisanes sont superficielles. La lutte des classes n’existent pas. Ce sont les nations qui luttent entre elles pour s’affirmer comme des êtres vivants.
N. Sarkozy, comme chacun sait, n’est pas archaîque et pourtant il nous sert de vieilles idées antérieures à la I° guerre mondiale. Il nous montre de vieilles lunes comme ce rêve d’une union sacrée entre tous les Français, la négation même de la démocratie ! La république est organisée de manière à garantir la liberté de pensée et l’expression de la diversité. Or le nationalisme nie la diversité puisqu’il ne peut y avoir qu’un seul drapeau à suivre...

En conclusion, tout cela est bien inquiétant. J’aimerais que la gauche dénonce avec plus de rigueur la dérive nationaliste de N. Sarkozy. Car, derrière ce discours, se profile l’ombre d’une dictature qui ne dit pas son nom. Les mots disent souvent plus que ce qu’ils veulent bien dire dans l’immédiat. Les références de N. Sarkozy sont Napoléon, Déroulède et Barrès, et enfinla révolution nationale de Pétain. Tous sont soigneusement cachés mais ils sont bien présents.
Tout cela aboutit à banaliser le candidat Lepen qui peut parfois jouer au modéré face aux outrances de N. Sarkozy et Ph. de Villiers et à valoriser F. Bayrou qui semble être un recours pour les électeurs de droite qui souhaitent conserver un cadre répblicain pourtant bien mis à mal pendant les mandats de J. Chirac.
Pour renverser la dynamique ultra-libérale, il faut absolument voter contre le système actuel, c’est le vote M.-G Buffet qui me paraît dans ce cas le plus efficace parce que, finalement, son programme devrait être celui du PS et de toute la gauche. Le problème est que S. Royal est incapable de proposer quoi que ce soit d’audacieux susceptible de contrecarrer la dynamique ultra-libérale, ce qui déçoit son électorat qui a voté majoritairement non à la constitution européenne. Elle tente de façon pathétique d’imiter N. Sarkozy en se présentant comme "mère de la patrie".
Cela nous donne donc une campagne confuse où chacun des candidats du système capitaliste se dit ni de droite ni de gauche, s’affirment comme patriotique, voire nationaliste, tout en validant le libre-échange et les accords de l’OMC. Cette confusion déboussole les électeurs en général et favorise l’extrême-droite qui se présente comme révolutionnaire.
Il est donc impératif, pour l’avenir des luttes sociales, d’avoir un PCF plus solide et plus rigoureux dans son opposition aux idées dominantes.

CED

Messages

  • votre connaissance de l’histoire n’est pas votre force non plus, pas une ligne sur les crimes de staline, le pacte germano-soviétique et les repressions a l’est. alors vous êtes vraiment mal placés

    • Le sujet était les non-dits de Nicolas Sarkozy.
      Il me semble correctement traité.

      L’allusion au PCF n’arrive qu’à la fin : ce n’était peut-être pas utile mais ne remet pas en cause le début du texte.

      Merci les amalgames ... très utiles pour dénigrer des idées.

    • Bof cette critique n’est pas terrible. Le pacte germano-soviétique ne se justifie pas politiquement mais du point de vue de la Realpolitik, on ne peut pas dire réellement la même chose. Les démocraties anglaises et françaises ont toujours dit non à une alliance avec l’URSS et espéraient que Hitler se défoule sur ce pays. Ainsi elles resteraient tranquilles....

      Mais je ne comprends pas cette tournure d’esprit. On critique Sarkozy et on me balance Staline à la tête. Je dois donc me taire et ne rien dire des hommes politiques actuels, tout cela à cause des crimes de Staline. Pourtant ce personnage n’est qu’un moment de l’histoire, le communisme existait bien avant lui et existe après lui. L’idée de partage fraternel l’a toujours dépassé...

      En réalité Staline est le meilleur allié des anticommunistes. C’est le personnage auquel ils se rallient sans cesse. Faites plutôt une critique raisonnée du communisme... Là c’est plus difficile, alors on va chercher Staline et son cortège effroyable de meurtres. Comme cela l’histoire s’arrête... En tout cas cette focalisation est inquiétante car les anticommunistes finissent par ressembler à leur figure repoussoir : aucun esprit critique possible, se taire à cause des crimes du passé, être tout le temps taxé d’archaïsme...

      Staline, je n’y pense pas... Je pense à ce que disent les candidats aujourd’hui. Sarkozy recycle des vieilles idées que la droite avait abandonnées depuis 1945. Voilà c’est tout. Si vous pensez le contraire, démontrez-le sans me sortir encore une fois la figure venue de l’Est...

      CED

  • Il a simplement oublié de dire que les comunistes, sauf quelques-uns, réels patriotes, ont attendu 41-42 pour commencer à résister !! Ne pas oublier que les COMMUNISTES se sont partagés la Pologne avec les "nazistes" et qu’en France ils n’ont commencé à bouger que lorsque l’Allemagne a envie le domaine du bon "petit pére des peuples "

    • Le premier maquis de France fut mis en place près de Rouen (76)par neuf personnes : six hommes et trois femmes.Cétait au début février 1941. Ils et elles étaient tous et toutes des COMMUNISTES .

      françois Pellarin.

    • Il a simplement oublié de dire que les comunistes, sauf quelques-uns, réels patriotes, ont attendu 41-42 pour commencer à résister !! Ne pas oublier que les COMMUNISTES se sont partagés la Pologne avec les "nazistes" et qu’en France ils n’ont commencé à bouger que lorsque l’Allemagne a envie le domaine du bon "petit pére des peuples "

      C’est probablement pour ça que la police française a arrêté mon papa, en tant que journaliste et responsable communiste en 1939, alors que, mobilisé,’il devait partir au front se battre contre les Nazis, et l’a foutu en tôle avant de le remettre après la capitulation à ceux qui l’ont envoyé à Büchenwald.

      Alors MOI j’oublie rien, surtout les pas infos que je tiens de première main et pas en lisant les historiens anticoco primaires. Et pas non plus en répètant à l’infini comme certains des élucubrations négationnistes qui ne servent qu’à tenter de salir les idées et les oeuvres de ceux qui se sont battus contre les Nazis.

      D’ailleurs ce négationnisme là n’a pas l’air de choquer contrairement à un autre dont on entend parler tous les jours, même un peu trop.

      Comme si les Communistes, les Peuples européens et le reste des Déportés n’avaient pas subi eux aussi de plein fouet les crimes Nazis.

      Et, entre parenthèse, à Communiste il faut un "C" capitale et deux "M". Je veux bien qu’on tente de minimiser le concept, mais pas jusque là.