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"L’homme qui a prévenu une guerre nucléaire" décoré à New York
Publie le lundi 6 février 2006 par Open-Publishing"L’homme qui a prévenu une guerre nucléaire" décoré à New York
NEW YORK, 20 janvier - Andreï Lochtchiline, RIA Novosti. Au cours d’une cérémonie qui a eu lieu jeudi au siège de l’ONU à New York, une distinction de l’Association Citoyens du Monde a été remise au colonel en retraite Stanislav Petrov.
"Nous sommes infiniment redevables au colonel et devons remercier le destin d’avoir fait en sorte qu’à un moment critique de l’histoire il ait fait preuve de sang-froid et de perspicacité", a déclaré le président de l’association, Douglas Mattern, en remettant à Stanislav Petrov une statuette de cristal représentant une main tenant un globe terrestre et portant l’inscription : "A l’homme qui a prévenu une guerre nucléaire".
Dans la nuit du 25 au 26 septembre 1983, alors qu’il était de garde au poste de commandement du système d’alerte aux missiles Serpoukhov-15, Stanislav Petrov, qui était alors lieutenant-colonel, avait décidé d’ignorer le signal d’un appareil indiquant que cinq missiles balistiques intercontinentaux emportant chacun dix ogives nucléaires avaient été tirés depuis les Etats-Unis en direction de l’URSS. Jugeant que cinq missiles stratégiques étaient notoirement insuffisants pour une première frappe, l’officier avait annoncé une fausse alerte. En effet, une défaillance s’était produite dans le système d’alerte.
"Je suis heureux de la haute appréciation donnée à mon comportement, mais ce qui me gêne c’est qu’on le qualifie d’héroïque, a dit Stanislav Petrov dans son intervention. Je n’ai fait qu’accomplir mon travail. Un travail qui d’ailleurs était collectif et j’aurais été absolument impuissant sans la présence précieuse des subordonnés qui étaient à mes côtés".
Interrogé par RIA Novosti sur la question de savoir s’il avait été sanctionné ou récompensé pour avoir décidé à ses risques et périls d’annuler l’alerte aux missiles, le colonel en retraite a répondu : "Il n’y a eu ni sanction, ni récompense. Dans un premier temps on m’a bien sûr dit que j’allais être proposé pour une distinction. Mais ensuite une commission d’enquête a fini par trouver des carences dans mes actions. Il faut dire que certains membres de cette commission étaient responsables de la défaillance du système d’alerte".
"Il est notoire que des pannes de systèmes d’alerte aux missiles se sont produites tant dans l’ancienne Union soviétique qu’aux Etats-Unis, a dit à RIA Novosti l’attachée de presse du représentant permanent de la Russie à l’ONU, Maria Zakharova. Parfois on prenait pour des missiles balistiques intercontinentaux des phénomènes naturels, des nuées d’oiseaux, des aurores boréales. Mais jamais en Union soviétique (Russie) et aux Etats-Unis on n’avait décidé d’appuyer sur le bouton "riposte". On ne prenait même pas en considération des données émanant d’une seule source ou d’un seul système".
"Même si un officier avait fait état d’un signal émanant de satellites et annonçant l’approche d’un missile nucléaire, il n’y aurait pas eu de guerre nucléaire", a fait remarquer l’attachée de presse.