Accueil > L’inhospitalité a tué deux exilés à Paris et à Calais
L’inhospitalité a tué deux exilés à Paris et à Calais
Publie le lundi 6 avril 2009 par Open-PublishingUn exilé Afghan est mort le dimanche 4 avril 2009 près de la Gare de l’Est à Paris,
tandis qu’à Calais un autre exilé s’est tué en cherchant à traverser la Manche par
le tunnel.
Parions que de « belles âmes » ne manqueront pas de trouver dans ces nouveaux drames
une raison supplémentaire d’affirmer l’urgence d’une lutte renforcée contre
l’immigration. Les 4 000 victimes civiles de la guerre en Afghanistan au cours de
l’année 2008 sont suffisamment éloignées de leurs yeux pour qu’elles leur paraissent
négligeables. Pourtant, il n’y a aucun doute sur le fait que, si les milliers
d’exilés afghans, érythréens, irakiens, soudanais, etc. étaient restés chez eux, un
bien plus grand nombre d’entre eux seraient morts, blessés ou emprisonnés. C’est
bien pourquoi ils viennent en Europe.
Ce sont les conditions d’accueil et de (sur)vie que l’Europe et la France imposent
aux exilés à Paris et ailleurs qui conduisent à des tensions qui peuvent expliquer
les accidents tragiques. Il y a quelques semaines, c’était un bébé irakien qui
mourait à la naissance dans une « jungle » à Grande-Synthe dans le Nord.
Les exilés fuient persécutions et guerres. Ils espèrent pouvoir construire en Europe
un avenir qu’ils n’ont aucune chance de bâtir dans leurs pays d’origine.
Mais beaucoup de ces exilés, ayant eu leurs empreintes enregistrées en Grèce avant
d’arriver en France n’ont aucune possibilité de demander l’asile dans un autre pays
d’Europe. Ils errent donc désespérés en clandestins contraints de pays en pays.
D’autres, arrêtés par la police, notamment chaque semaine dans le parc Villemin, ne
disposeront ni de logements ni d’allocations durant toute la procédure de demande
d’asile. Ils devront donc dormir dehors.
A Paris, alors que des places sont disponibles dans les centres d’hébergement
d’urgence, notamment à La Boulangerie dans le 18ème, des dizaines d’exilés sont
laissés à la rue et doivent dormir dans les rues du 10ème arrondissement. Ils
étaient plus de 80 samedi soir, à la veille du drame de la Gare de l’Est, dont six
mineurs âges de 14 à 17 ans.
De plus, aucune structure d’accueil de jour adaptée n’existe, forçant majeurs comme
mineurs à passer leurs journées dans les rues ou dans le parc Villemin.
Une situation absolument parfaite pour créer des tensions qui, pour la première fois
à Paris, ont entraîné la mort d’un exilé.