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L’inhumation de Yasser Arafat source de tensions
Publie le lundi 8 novembre 2004 par Open-PublishingIsraël autorisera Yasser Arafat à être enterré dans la Bande de Gaza, mais il est exclu qu’il soit inhumé à Jérusalem, ville « où sont enterrés les rois des Juifs et pas les terroristes arabes », a affirmé le ministre israélien de la Justice Yosef Lapid.
Le grand mufti de Jérusalem, Ikrema Sabri a confirmé aujourd’hui que telle était pourtant la volonté de Yasser Arafat. Car les Palestiniens espèrent recueillir des soutiens internationaux pour que le raïs puisse être enterré sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’Islam, a annoncé pour sa part un responsable palestinien sous couvert d’anonymat.
Quoi qu’il en soit, affirme-t-il, les négociations ne commenceraient qu’après le décès d’Arafat : les Palestiniens refusent pour l’heure d’aborder l’issue ultime et de planifier ou de coordonner avec Israël les funérailles ou le lieu d’inhumation de leur dirigeant historique.
Interrogé par l’Associated Press News Television (APTN), Yossi Lapid a lui réaffirmé l’opposition de l’État hébreu au choix de Jérusalem : « Les Palestiniens choisiront où ils l’enterreront, mais il ne sera pas enterré à Jérusalem parce que Jérusalem est une ville où sont enterrés les rois des Juifs et non pas les terroristes arabes », a-t-il dit à APTN. Sans toutefois parler d’éventuelle interdiction sur la Cisjordanie, où Arafat a vécu ces dernières années, confiné à Ramallah.
Sur la chaîne israélienne Channel-Two, Lapid, connu pour ne pas mâcher ses mots, malgré les consignes de profil bas d’Ariel Sharon à ses ministres sur Arafat, a précisé : « Nous parlons à présent de Gaza. Nous n’avons, évidemment, aucun problème avec Gaza ».
De son côté, le chef de la diplomatie palestinienne Nabil Shaath a affirmé qu’il n’y avait aucun contact avec IsraJel pour l’inhumation éventuelle. « Nous avons entendu parler de leur projet uniquement dans les médias », a-t-il dit à l’Associated Press.
Ariel Sharon, grand ennemi d’Arafat, s’oppose catégoriquement à une inhumation, hautement symbolique, sur l’Esplanade, qui viendrait renforcer la légitimité palestinienne à revendiquer la partie arabe de la Ville sainte comme future capitale. Des militaires israéliens ont précisé qu’ils excluaient aussi un enterrement à Abou Dis, en périphérie de la ville sainte. L’option Abou Dis avait été envisagée par certains, car ayant « vue » sur l’Esplanade.
On ne savait pas non plus si le « Vieux » a laissé un testament, mais il a souvent dit ces dernières années à ses proches qu’il voulait être inhumé au Haram al-Sharif (Esplanade des Mosquées), où se trouvent les mosquées Al-Aqsa et d’Omar. L’esplanade (Mont du Temple pour les juifs) est bâtie sur les ruines des temples bibliques, et surplombe le lieu le plus saint des juifs, le « Mur occidental » (Mur des lamentations) reste des fondations du troisième temple. La souveraineté conflictuelle sur ce lieu deux fois saint est l’objet de querelles qui ont fait capoter plusieurs sessions de pourparlers de paix.
Pour des responsables de la sécurité israélienne, s’exprimant eux aussi sous couvert d’anonymat, Gaza semble la seule option : ils sont également contre une inhumation en Cisjordanie.
Le clan d’Arafat, les Al-Kidwa, est originaire de Gaza. La famille y a un lot de 25 à 30 tombes à Khan Younès (sud) du territoire. D’autres options incluent un autre lot sur le bord de la mer, près de l’ancien quartier général d’Arafat à Gaza, ou encore le « cimetière des martyrs » à l’est de la ville, près de la frontière d’Israël.
Alors que le décès du président palestinien risque de provoquer une flambée de violences dans les Territoires, des funérailles à Gaza seraient un cauchemar sécuritaire pour d’éventuels dirigeants étrangers. Le territoire est plongé dans le chaos depuis des mois, en proie aux rivalités des chefs de la sécurité palestinienne, sans compter les mouvements terroristes et les incursions israéliennes, en prévision du retrait israélien annoncé pour l’année prochaine.
Mohammed Bassiouni, ancien ambassadeur d’Égypte en Israël, explique qu’un service funèbre pourrait avoir lieu hors des Territoires palestiniens suivi de funérailles à Gaza. Dirigeant de la Commission égyptienne à la sécurité nationale du parlement, il a proposé l’aide du Caire pour organiser la sécurité de funérailles à Gaza.
Les responsables israéliens, ayant requis l’anonymat, ont déclaré qu’ils avaient reçu des instructions pour se préparer à l’arrivée d’émissaires étrangers pour l’inhumation d’Arafat. Israël a anticipé l’arrivée et l’accueil de nombre de personnalités étrangères -originaires de pays ayant des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu- et la mise en place de mesures de sécurité pour les protéger jusqu’à leur arrivée en territoire palestinien, ont précisé les responsables. AP)
http://www2.canoe.com/infos/international/archives/2004/11/20041105-164750.html