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L’islamisme, prétendument combattu, est en pleine expansion

Publie le mardi 12 septembre 2006 par Open-Publishing
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L’islamisme, prétendument combattu, est en pleine expansion

Au lieu de la démocratie, la « guerre contre le terrorisme » a généré une poussée de l’islam politique et un regain de l’islamisme radical.

Deux discours de George W. Bush, l’un prononcé au Congrès le 20 septembre 2001, l’autre sur l’état de l’Union le 29 janvier 2002, allaient donner naissance à une politique agressive qui s’est traduite par une poussée islamiste dans tout le monde arabe et musulman. Dans ces deux discours, le président américain déclarait « la guerre contre le terrorisme » ainsi qu’aux pays dits de « l’axe du mal » - l’Irak, l’Iran et la Corée du nord, accusés de soutenir ce terrorisme et qui constituent une menace contre le « monde civilisé ». L’Irak, bien sûr, était la cible prioritaire. Et, de façon concomitante, afin d’éliminer toute menace potentielle, il importait, selon Bush, de démocratiser les pays arabes et musulmans, au besoin par la contrainte, pour constituer un nouvel espace géopolitique favorable aux intérêts des États-Unis. Ainsi naissait l’idée du « grand Moyen-Orient », dont l’Irak devait constituer le premier jalon.

Cinq ans après, l’administration Bush a récolté l’inverse exact du but recherché. Les interventions américaines en Irak et en Afghanistan, sur fond de crimes et de tortures, le soutien à la répression d’Israël et à sa politique de colonisation en Cisjordanie, et tout récemment son feu vert à son agression contre le Liban ont accru comme jamais les ressentiments anti-américains des populations du monde arabe et musulman, nourri l’islamisme radical qui n’en demandait pas tant et permis un retour remarqué de l’islam politique sur la scène moyen-orientale et asiatique, ainsi qu’en Europe.

Malgré les coups qui leur ont été portés en Égypte, en Arabie saoudite, en Algérie, au Maroc mais aussi en Indonésie, les djihadistes sont toujours aussi actifs. Plus encore, le nombre de sites Internet islamistes est passé d’une douzaine en 2001 à 4 500 en 2005 (1). Quant à l’islam politique, s’inscrivant dans une logique d’intégration au jeu politico-institutionnel et dans la mondialisation néolibérale - en conformité sur ce point avec le processus dit de démocratisation cher à Washington -, il est en train de s’imposer par les urnes dans plusieurs pays soumis à des pouvoirs autoritaires.

Soutenus par Washington, ces derniers ont fait le lit de l’islamisme en l’instrumentalisant durant les années quatre-vingt contre les partis communistes et de la gauche nationaliste, forces au demeurant discréditées aux yeux de l’opinion du fait de leur soutien, dit « critique », à ces mêmes pouvoirs autoritaires quand ceux-ci se réclamaient alors de l’anti-impérialisme. Pis : ces régimes autoritaires ont tué dans l’oeuf toute tentative d’émergence de contre-pouvoirs laïcs se réclamant des valeurs de la démocratie et des libertés. Ils ont ainsi créé un vide socio-politique que les mouvements politico-religieux ont su combler grâce à leurs réseaux de mosquées et d’associations caritatives. Et, profitant surtout de financements considérables en provenance des pays du Golfe, ils ont su répondre à une demande sociale croissante - aide sociale et de santé en faveur des démunis - et pallier ainsi les défaillances des États minés par la corruption.

Vis-à-vis de Washington, l’islam politique tient un discours ambigu. Autant il dénonce le soutien accordé à Israël, l’occupation de l’Irak, exploitant le ressentiment anti-américain des populations, autant il sollicite sa compréhension, voulant apparaître comme la seule alternative à l’islamisme radical en mesure de l’endiguer sur le terrain religieux, pour se présenter par conséquent comme un acteur incontournable de la scène politique.

Au Maroc le Parti de la justice et du développement, qui n’a présenté de candidats que dans la moitié des circonscriptions en 2002, est la troisième force parlementaire. Et en 2007, il risque d’être le premier parti du royaume. En Algérie, les islamistes siègent au Parlement et détiennent plusieurs postes ministériels. En Égypte, malgré la fraude électorale, les Frères musulmans ont remporté 88 sièges sur 454 à l’issue du scrutin législatif de 2005. À Gaza et en Cisjordanie, c’est le Hamas qui est sorti vainqueur des urnes en janvier 2006. Au Koweït, en juillet dernier, les islamistes ont raflé la majorité des sièges, tandis qu’au Pakistan, allié des États-Unis, ils sont présent dans tous les rouages de l’État... On observe un scénario identique en Indonésie et dans les républiques de l’Asie centrale.Ainsi, en lieu et place d’une démocratie moderne, la politique de Washington risque de conduire à l’émergence de sociétés fondées sur le religieux, niant le droit au libre-arbitre et maintenant les femmes dans un statut d’infériorité socio-politique.

(1) Selon un rapport de la Fondation

pour la recherche stratégique.

Hassane Zerrouky

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-09-11/2006-09-11-836388

Messages

  • Ca ne veut rien dire l’islam politique

    Si n’étaient élus (en pays musulman) que les candidats dont le seul programme est d’être eux-mêmes musulmans, tous les candidats seraient élus (ou au moins 90% pour les pays à majorité musulmane). Quel respect pour tous les citoyens de ces pays : tous des lobotomisés à la sauce Al Qaeda ?

    Se contredire autant dans un article, encore un joli ramassis monochrome de préjugés pseudo analystes sur l’islam et les pays musulmans. mais au fait pourquoi ça dérange, pourquoi (notamment) tous ces partis dérangent parce qu’ils sont payés par les USA ? parce qu’ils sont religieux ? parce qu’ils sont musulmans ? Parce qu’ils prennent "la" place d’autres qui ont été massacrés, contraints au silence.... parce qu’ils sont peut-être les fils cachés d’Oussama, parce que la révolution irannienne leur fait peur (mais ils ont envahi qui, l’iran et leur révolution islamique ?) Ah oui peut-être parce que Dieu est mort ou qu’il n’existe pas et qu’il faut sauver ces peuplades et leur présenter la démocratie, la vraie, la nôtre et de force s’il le faut (Un baiser à la mort mais une mort consciente, sans espoir). Ils font du caritatif, mais c’est pour ramener des voix, ils pallient à un état corrompu mais c’est pour ramener des voix, et c’est depuis que Dieu est mort que le journal l’Humanité, médias d’autres bords, politiciens (surfant sur la vague antiislam,etc participant à ce lynchage en règle) sont devenus omniscients. une omniscience sélective enfin seul Dieu est parfait...OUPS !