Accueil > L’ordinateur, dernière Tour de Babel
Mi-Janvier, je recevais un coup de fil d’un vieil ami, un homme que je tiens en très haute estime et qui m’annonçait l’envoi de son livre : un essai sur l’ordinateur, dernière Tour de Babel.
Jean Coulardeau espérait bien, et mon avis, et des articles de soutien sur le ouèbe, c’est bien naturel, vu nos bonnes relations et le peu de moyens de son éditeur (petite maison alternative bien connue des auvergnats : La Galipote...)
En 2001, j’ai rédigé un dossier Vache Folle, Homme Fou ? pour la revue Biocontact (mensuel gratuit, lectorat : clients des boutiques bio), qui m’employait alors et me risquai à traiter de l’éradication du varron, dossier des plus sensibles, puisqu’il tendait à démontrer que « la maladie » de la vache folle allait continuer à se propager en sautant la fameuse barrière des espèces [ce qui est le cas…cf la tremblante du mouton, de la chèvre…], puisque le lobby « scientifric » en niait les causes réelles… Ainsi, même l’élevage bio n’était pas à l’abri, pendant que les consommateurs de lait bio achetaient un lait bio singulièrement agrémenté de résidus d’un produit extrêmement toxique, l’Invermectine, utilisé pour l’éradication de cette fameuse mouche.
Jean fut, avec une poignée d’amis, l’un des rares à me soutenir lorsque je perdis soudainement mon boulot, le dossier à peine publié... Mais revenons à son livre et à la mi-janvier : Très pris par ailleurs, je ne lui promis pas de le lire tout de suite. Et c’est dommage !
La lecture de son essai critique nous rappelle à la raison et la prudence quant au sentiment de toute puissance que semble nous conférer l’ordinateur-araignée, et son prolongement gluant et parfois glauque qu’est Internet. Si le Ouèbe permet de joindre rapidement des foules d’individus, il nous pousse à donner des réponses immédiates, sans recul, à des foules de problèmes posés, ce qui nous conduit souvent à à nous empailler stupidement et prendre, dans l’urgence, de mauvaises décisions… susceptibles de détruire tout aussi vite le bel édifice, que l’on vient juste de bâtir.
Tout cela pour vous dire que je fus captivé par la lecture de l’essai de Jean, ayant enfin pris le temps de le lire et relire. Pour passer beaucoup de temps devant l’ordi, m’étant donné pour tâche de faire circuler de l’information « libre », je ne suis pas dupe de l’outil et ne peut qu’adhérer totalement au constat de la première partie. Ceci dit, on a beau se croire informés, cet essai permet de remettre les pendules à l’heure… Concernant l’objet, le livre, c’est de la belle ouvrage, plaisir de tenir en mains un bien imprimé, dense et aéré à la fois, qui nous met à l’aise. De larges marges ont été aménagées, plus des notes bien placées qui nous évitent de tourner les pages. Je serais étonné que les grands éditeurs ne piquent pas l’idée. Les marges ont un autre avantage : il reste de la place pour nos notes, approbations, contestations éventuelles.

Nous voilà dialoguant avec l’auteur, grâce à un livre interactif, qui s’attaque de front au mythe qu’Internet puisse être le seul média interactif ! La seconde partie portant sur des réflexions plus ésotériques, elle peut surprendre. Moi, j’adore… Avec beaucoup d’humour et de sagacité, Jean Coulardeau, anar exaspéré par les « rappels à l’ordre » d’une société informatisée, automatisée et liberticide qui vire à ce que je définis comme le « technofascime », nous explique calmement que ce modèle de « développement » non seulement va vers sa chute, mais nourrit comme ultime projet, de nous y entrainer tous…
Le livre refermé, une conclusion s’impose à moi. Lénine avait tord avec sa célèbre boutade "le capitalisme nous vendra même la corde avec laquelle nous allons le pendre". De fait, le capitalisme est en train de nous vendre la corde avec laquelle il veut que nous nous pendions ...
A lire d’urgence ! Mais bon, c’est vous qui voyez…
Le bouseux
Tout sur le Varron, Sur le site bioventure, Les archives de la coordination contre l’éradication
Présentation de l’auteur :
Après un divorce d’avec les Arts et Métiers, Jean Coulardeau étudie l’économie et la sociologie. Etudes interrompues par le service militaire qu’il fit en prison d’où il sortit quinze jours avant les barricades de 68. Il s’essaya dans l’enseignement tant universitaire que secondaire avant de se lancer dans l’agriculture où il prit sa retraite. Sa vie « aventureuse » se poursuivit de procès en procès avec l’Administration, toujours appuyé par Jacques Ellul. Il vit aujourd’hui dans sa ferme où avec sa femme, institutrice en retraite, ils ont la joie de voir leur fils et sa compagne poursuivre leur travail pour une agriculture respectueuse du vivant.
Extraits de la Préface de Dominique Ellul, fille de Jacques
Ce livre, tel un corps à corps avec la matière nourri de l’actualité d’un monde massacré par notre quête de pouvoir, ne laisse pourtant pas le goût d’amertume et d’impuissance que la plupart des ouvrages qui traitent de la société contemporaine et de l’écologie laissent d’ordinaire.
Il s’articule sur trois plans qui s’alimentent mutuellement :
– Les faits ;
– La Genèse des faits et leurs engrenages ;
– La réponse du « sage » que j’intitulerai « le marcheur », désignant ainsi une dynamique particulière.
Pour mettre en évidence les trois plans, je suis obligée de les séparer, mais le texte, lui, fonctionne différemment : tout y est imbriqué dans une parfaite logique.
L’ordinateur y est prétexte. Il est « la Tour de Babel », symbole de la puissance anéantie par elle-même. Autour de lui et en lui sont générés l’absurde et ses mille mensonges. A ce stade, je dirais que tous les sujets d’actualité y passent : de la croissance à l’agriculture dite « raisonnée », du chômage à la concentration urbaine, au pillage du tiers-monde en passant par la biologie moléculaire, le féminisme, l’homosexualité, les manipulations génétiques, la Vache Folle, les vaccins, les religions orientales et les protections sociales…. Rien n’est laissé pour compte. Bien sûr la militarisation, l’administration, la science et l’argent y ont une place de choix. Bref, la somme est lourde et le constat irréfutable.
Résumé ainsi par Muriel, libraire au Puy en Velais « Réflexions sur ce qui est, peut-être, devenu l’ultime et illusoire bouée de sauvetage ».
Il l’a dit : "Cet essai n’est pas destiné à détruire l’ordinateur et la société qui le génère, mais se veut simplement une réflexion sur cet instrument, adressée à ceux qui tentent également de rester hors des murs de la Tour-prison."
"L’ordinateur n’ouvre pas les humains sur le vivant, mais les ferme dans une cité artificielle qui se croit toute puissante."
"Pourquoi s’en prendre plus particulièrement à l’ordinateur ? Parce qu’il est plus que toutes les autres tentatives réunies : plus unificateur et uniformisateur (...), plus universaliste (...), plus totalisateur enfin, car il a vocation à tout posséder, parvenir à la connaissance totale".
Jean Coulardeau*
Fiche
Auteur : Jean Coulardeau La Ribe - 43430 LES VASTRES
Sur son Blog, présentation de l’essai
http://tourdebabel.over-blog.org/article-5025294.html
Editions « La Galipote » Rue du Commerce 63910 Vertaizon tél. 04 73 68 08 83
EAN 9782915257083. Prix : 16 €
Disponible chez l’auteur (+3.5€ de port) l’éditeur, les bonnes libraires militantes et en Fnac
Jacques Ellul ? http://www.ellul.org/
Messages
1. L’ordinateur, dernière Tour de Babel, 8 mars 2007, 11:03
J’ai envie de proposer le parallèle entre l’avènement de l’ordinateur, ultime outil de parcellisation uniformisatrice des sociétés et l’automobile, une des première production démocratisant l’égoïsme social et détruisant les pratiques traditionnelles d’échanges et de transports collectifs...
en plus, l’ordinateur et en particuilier le net, c’est un pas de plus dans la construction d’une folie collective, une psychose puisque une culture radicalement artificielle et sans rapport concret à la réalité qu’elle soit celle de l’univers matériel ou l’univers psychoaffectif...
c’est la porte à l’enfer de l’enfermement autonome et consentant avec sinon effacement de la capacité de distanciation critique objective à l’information reçue, peut-être bien aussi l’ultime pas de dépersonnalisation des masses établi par la télévision et les stratégies conquérantes du néo-libéralisme issu des désirs de tout puissance inspirés des modes de fonctionnement nazi...
bon tout ça en condensé et raccourci exprès pour que peut-être, cela en fasse réagir
paul