L’urgence, battre SARKOZY

L’urgence, battre SARKOZY

Voilà un sujet qui fait débat avec certains camarades qui y voient un ralliement honteux au social libéralisme. Naturellement il n’est nullement question pour la LCR de se rallier au PS ; nous nous refusons à battre les estrades en compagnie de ses représentants et à jouer la comédie de la « gauche unie ». Cependant il faut être clair : le 6 mai il n’y aura sur la table que deux bulletins. La défaite de SARKOZY passe par le vote ROYAL.

Ce qui distingue ROYAL de SARKOZY (et de BAYROU) ne réside pas tant dans leur programme économique et social, inspiré pour les trois du libéralisme européen dont les directives s’appliquent en France malgré la victoire du NON.

En revanche SARKOZY a annoncé qu’il prendrait immédiatement des mesures pour limiter le droit de grève, renforcer l’appareil répressif et museler la jeunesse. Nous devons prendre très au sérieux cette volonté de briser les résistances populaires, comme Thatcher l’a fait en Angleterre, où le mouvement ouvrier a été cassé, violemment réprimé après l’échec de la grève des mineurs. Cet écrasement a permis d’imposer une libéralisation effrénée, le prolétariat britannique étant dans l’incapacité de lutter.
Cela n’arrive pas qu’aux autres. Il serait prétentieux et cocardier de croire qu’en France une telle tentative échouerait devant la levée en masse.
Deux éléments sont en effet à prendre en compte. Le premier est que l’élection de SARKOZY provoquerait dans un premier temps davantage d’abattement que de mobilisation. Ce mercredi 25 avril au matin, sur le marché de la Monnaie où la LCR était étrangement la seule à diffuser un tract appelant à battre SARKOZY, nous avons entendu s’exprimer cette résignation par une population qui a tout à craindre d’une élection qu’elle ne voit pas comment éviter. Et si on peut penser qu’elle provoquerait quelques troubles dans les banlieues, rien ne nous permet de dire que ces révoltes, surtout si elles sont attisées par des provocations, ne seraient pas réprimées brutalement sans que cela n’émeuve le reste de la population. N’ayons pas la mémoire courte : l’état d’urgence décrété par CHIRAC fin 2005, pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, n’avait pas une grande incidence sur la vie des gens, mais on peut aussi le considérer comme un ballon d’essai. Et force est de constater que les protestations ont été maigrichonnes !

Le deuxième élément relève de la sociologie électorale. SARKOZY a réussi à capter en sa faveur une partie du vote protestataire qui s’exprimait au profit de LE PEN. Il l’a fait en reprenant de manière ignoble les thèmes du Front National, entre autre avec sa proposition du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, avec la tentative de remettre la « sécurité » au centre des débats.
Mais aussi et surtout il a joué habilement sur les divisions du salariat, en les attisant.
La France qui travaille contre les assistés, les salariés du privé qui ont fait des sacrifices contre ces privilégiés de fonctionnaires, la dénonciation des « régimes spéciaux », le « service minimum » en cas de grève, les « découvertes pédagogiques » à la DE ROBIEN visant à dresser les parents contre les enseignants ; ce sont des classiques de la droite dure, mais force est de constater qu’ils ont porté dans l’électorat populaire, au sein d’une classe ouvrière hétérogène et politiquement désorientée.

C’est bel et bien un choc frontal qui se prépare car le MEDEF exige que la France rattrape son « retard dans les réformes indispensables ». Quel(le) que soit l’élu(e) du 6 mai, l’offensive libérale se poursuivra, mais nous ne sommes nullement indifférents aux conditions de ce combat. Les libertés syndicales et démocratiques en font partie, mais il semble que les multinationales soient prêtes à se dispenser de ce vernis quand il leur faut imposer des reculs sociaux aux travailleurs et à la jeunesse.

GF (LCR)