Accueil > LA GÂCHE DE LA GÔCHE
Lu dans CQFD :
"Pas un suicide, juste un auto-entartage. En acceptant les règles du jeu de la fête à Neu-Neu médiatique, les ténors de la « gauche antilibérale » - se définir par un pléonasme n’augure jamais rien de bon - se barbouillent de ridicule. De leur propre choix et en pleine maîtrise de leur « com’ ».
Ce qui leur dégouline sur le nez, ce n’est pas leur zizanie interne, partout raillée ou déplorée : celle-là coule de source. Après tout, Besancenot n’a pas tort de poser comme préalable que la « gauche de la gauche » ne serve pas de béquille à une version « cheese » de la droite. Buffet n’a pas tort de se trouver au moins aussi légitime que ses rivaux. Et Bové n’a pas tort de faire valoir que le vent du « non » dépasse les clôtures d’un parti politique. Si l’enjeu est de faire plus de 1,5 % ou moins de 7 % des voix à une élection perdue d’avance, c’est normal qu’ils s’emplâtrent.
Le problème, c’est leur participation à la mise en scène de leurs bisbilles. Sur ce point, leur unanimité est totale : tous ensemble dans le pot de crème ! L’un sur RTL, l’autre sur LCI, la troisième sur TF1... Puis les mêmes en sens inverse... Là, l’union y est. Avec des mots qui peinent à faire sens ou alors déjà débités en grosses bûches de langue de poids, comme cette invocation obsessionnelle d’une « dynamique collective » que dément leur seule présence sur le plateau.
Car si vraiment ils la chérissent, cette dynamique, pourquoi la faire clapoter dans des « débats » produits et régis par ses pires adversaires ? Face à Ockrent, José Bové n’a pas rappelé une seule fois quel tonnage de propagande l’animatrice avait abattu en faveur de la Constitution européenne. « Dynamique collective », a-t-il répété six ou sept fois sans trop avoir l’air d’y croire. C’était comme un dimanche de pluie.
On ne lui demandait pas d’être Coluche, mais on espérait que son « invitation » servirait à bousculer un peu tous ces fétiches vermoulus. Au lieu de ça il a « joué le jeu », s’est ajusté à leur grisaille, a déféré à leurs interrogatoires avec une application dévitalisée. Comme en écho au « Je vous raconte ma vie » de Clémentine Autain sur TF1.
Cette triste adaptation à « la réalité » a pris un tour carrément maso quand les six candidats à la candidature ont accepté de « débattre » avec Michel Onfray dans Libération. Après un « Rebond » du philosophe les invitant à s’unir autour d’une table de restau, les six concurrents ont noirci les pages « événement » du quotidien avec des réponses filandreuses expliquant pourquoi c’était une bonne mais aussi une mauvaise idée. Dans une sorte de soumission réflexe à l’autorité médiatique, Autain, Besancenot, Bové, Braouezec, Buffet et Salesse confiaient au journal d’un banquier le soin d’arbitrer leurs querelles.
Ça ne manquait pas de sel de voir les antilibéraux servir la pige à un quotidien qui venait de fustiger leur « pitrerie » deux semaines plus tôt (édito de Gérard Dupuy, 18/11/06) et dont le nouveau dirlo, Laurent Joffrin, a pour devise « Le capitalisme est l’avenir de la gauche ». Sans compter qu’au moment où les « pitres » dialoguaient dans Libé, son rédacteur en chef Renaud Dély sortait un livre expliquant que la campagne du « non » au référendum a été « l’un des événements les plus terrifiants survenus dans l’histoire de la gauche française ».
Il paraît qu’à l’étranger on se gausse de cette inflation de candidatures « à la gâche de la gôche ». Vu de plus près, il n’y a pas de quoi rire.
Publié dans le n°40 de CQFD, décembre 2006.
Messages
1. LA GÂCHE DE LA GÔCHE, 20 décembre 2006, 08:00
facile etstupide !