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LA MISERICORDE, LA GRACE ET L’ATHEE
Publie le mercredi 27 juin 2007 par Open-Publishing3 commentaires
LA MISERICORDE, LA GRACE ET L’ATHEE MECREANT.
Certains mots sont employés massivement dans un certain cadre culturel, dans une certaine configuration idéologico-spirituelle et pas dans une autre. Ansi miséricorde et grâce sont depuis des siècles et dans de nombreux pays porteur de sens dans le monde chrétien mais ne sont guère usités chez les athées et les penseurs matérialistes. Il y a des exceptions. Ce texte ne fait que souligner une exception.
Si le second texte sur la grâce est plus personnel le premier texte lui, sur la miséricorde, est intégralement repris du Traité du désespoir et de la béatitude d’ André COMTE-SPONVILLE (sous titre compris) qui n’est peut-être pas resté aussi mécréant que Daniel BENSAÎD (3).
I - CE QUI S’APPREND ICI C’EST LA MISERICORDE : LECONS DE TOLERANCE ET DE PARDON(*).
A) - TOLERANCE VIS-A-VIS DES AUTRES, bien sûr ;
puisqu’il n’y a pas d’âme, puisqu’il n’y a pas de moi-substance, puisqu’il y a que des corps - que des corps et leur histoire -, chacun n’est que l’effet des circonstances. Voyez les nouveaux-nés : de quoi sont-ils responsables ? Et nous qui en sommes issus ? Tout se joue là, où rien ne se choisit, et tous les choix ultérieurs.
Il n’y a que l’histoire, disait Marx, et cela vaut aussi pour les individus ; tout s’explique alors, et tout se comprend.
Il n’y a que la nature/, disait Spinoza, laquelle inclut l’histoire et les individus ; qui la comprend inévitablement lui pardonne.
Il n’y a que des atomes et du vide, disait Epicure ; à qui allez-vous en vouloir ? Les atomes sont innocents, et le vide n’est rien.
Le matérialisme apaise les rancoeurs. Nul méchant qui se soit voulu tel, nul imbécile qui l’ait mérité, nul lâche qui l’ait choisi. Tout enfant est innocent, donc aussi tout adulte : il n’a pas choisi son enfance, il n’a pas choisi d’être ce qu’il est. A chacun son histoire, dont nous sommes nés, à chacun le jeu sans fin des causes. Il n’y a pas d’âme ; il n’y a pas de moi ; et nul volonté qui ne soit déterminée.
Désespoir et sérénité.
Il n’y a que l’histoire : à quoi bon haïr ses ennemis ?
Il n’y a que la nature : paix à tous !
Il n’y a que des atomes et du vide : miséricorde !
B) - Mais tolérance aussi, TOLERANCE surtout, VIS A VIS DE SOI.
S’il n’y a pas de Dieu, s’il n’y a pas d’âme, à quoi bon la honte ou le remords, à quoi bon la tristesse ? Pourquoi torturer ce qui n’existe pas ? Il y a des crimes sans doute, mais pas de criminels. Des fautes, mais pas de coupables. Et pas même de norme indiscutable : dans un univers sans juge suprême, le bien et le mal cesse des références absolues. Il n’y a pas de commandements, et le péché n’existe pas. L’esprit humain est seul, et juge comme il peut. Dieu ne reconnaitra pas les siens. La morale disparait alors, qui n’était que le discours des prêtres et des censeurs. Epicure et Spinoza sont d’accord là-dessus : toute tristesse est mauvaise, toute joie est bonne. Cela suffit à détruire la morale, qui n’est leçon que de tristesse. Epicure écrit : "Il faut estimer le beau, les vertus et autres choses semblables s’ils nopus procurent du plaisir, autrement non". Et Spinoza : "Par bien, j’entends tout genre de joie et tout ce qui y mène... Par mal j’entends tout genre de tristesse..." Le bien en soi n’existe pas, ni le mal. Il n’y a que du bon et du mauvais pour nous - que de la joie et de la tristesse. Le matérialisme est un amoralisme : il y a du vrai dans cette "calomnie" . Le matérialisme détruit la morale (comme théorie des devoirs), et la remplace par une /éthique/ (comme théorie du bonheur). Les deux sont normatives, mais de l’une à l’autre, la norme change de statut.
Le tout est de savoir comment vivre. Aucun commandement ne l’enseigne ; aucun devoir ne l’impose. Il n’y a que des désirs - et nos désirs nous suffisent. Notre but n’est pas la sainteté mais la sagesse.
II - LA GRACE AMOUREUSE ELEVE l’être humain
Il ne s’agit pas ici de l’expérience d’une grâce divine qui vient d’en haut. Non il s’agit d’une grâce humaine ordinaire qui part d’en-bas, du corps et de l’âme humaine. Car derrière le regard et le timbre d’une voix c’est l’âme humaine que l’on rencontre et c’est la grâce humaine qui nous frappe.
A) - EXPERIENCE DE GRÂCE : LA VOIX ET LE REGARD comme point de départ d’une transcendance ou plutôt d’une ascendance.
Au-delà d’un éventuel effet physique, qui peut toujours survenir, ce qui importe de comprendre c’est l’effet de grâce global généré par la rencontre amoureuse première. La voix et le regard de l’autre ont un effet de grâce qui va au-delà de la séduction ordinaire. La voix et le regard reflète l’âme et s’adresse au cœur et à l’âme de l’autre.
Cet effet a une double dimension : une dimension corporelle car inscrite profondément et durablement dans le corps comme attachement (donc bien au-delà d’un effet sexuel) et une dimension de valeur sacrée et transcendante qui place la relation au-delà du présent et du vulgaire.
Le fait que cet effet ait été réciproque mais aussi et surtout durable légitime le fait que cette relation relève indéniablement de l’amour et non du coup de foudre "sans travail" ou de l’aventure sans lendemain ou du "prendre soin" dans le cadre un peu froid des cohabitants "familialement correctes".
B)- COMPREHENSION COMPAREE : Théologie et philosophie matérialiste de la grâce.
– D’abord que disent les chrétiens sur la grâce : "La grâce ne s’éprouve pas seulement passivement. Accueillie comme un don, la grâce nous invite à la faire rayonner à travers notre esprit et notre corps ; à l’exprimer par nos attitudes et nos pratiques, et pas seulement par la parole. L’expérience de la grâce ne se limite pas à des émotions ou à des états d’âme. C’est quelque chose de profond qui transforme et renouvelle la conscience, le corps et le mode de vie de ceux qui l’accueillent".
– Je serais assez d’accord pour reprendre ce passage à condition de préciser que pour un athée matérialiste (1) le "haut" ne préexiste pas pour descendre ensuite sur les humains. C’est le processus inverse qui se produit. Les humains, comme Icare, produisent leur propre élévation et transcendance. "Icare fabrique ses ailes, monte, puis tombe ; l’âme de Platon perd ses ailes, tombe puis remonte"(2).
Christian DELARUE
(signé alors sous le pseudonyme de Leo Jogiches le compagnon de Rosa Luxembourg) (blog chrismondial)
* (p 60 et suiv.) PUF- Quadrige
1) Je m’inspire ici de la philosophie du matérialisme d’André COMTE-SPONVILLE notamment son "Traité du désespoir et de la béatitude" T1 Le mythe d’Icare, T2 Vivre.
"Grâce" à André Comte-Sponville je peux relier deux penseurs que je fréquente en amateur Erich FROMM et son rigoriste ouvrage « L’art d’aimer » et R. MISRAHI, plus précisément celui qui s’est fait le philosophe de la rencontre amoureuse.
Cf. « Libres extraits de "Qui est l’autre ?" » (de Robert MISRAHI), par Christian Delarue
https://bellaciao.org/fr//?page=article&id_article=47492
http://rennes-info.org/Libres-extraits-de-Qui-est-l-autre.html
2) "Traité du désespoir et de la béatitude" p85 dans la version PUF Quadrige
3) : Mon appréciation mériterait étude mais il me semble que le premier André Comte-Sponvile du Traite du Désespoir... publié en 1984 est plus rigoureusement matérialiste que l’A.Comte-Sponvile qui écrit aujourd’hui des billets dans Psychologies et autres revues contemporaines et qui se dit « fidèle » à la tradition chrétienne . Il a avancé que « la présence ou non d’une foi religieuse [il est question essentiellement ici du catholicisme] ne change « presque » rien à la morale » (a). Comme Nadine de Vos (b) je ne partage pas ce point de vue.
a) André Comte-Sponville, /L’esprit de l’athéisme – Introduction à une spiritualité sans Dieu/, Albin Michel, 2006, page 55.
b) Nadine de Vos : L’esprit de mon athéisme
http://prolib.net/chroniques/201.061230.athee.ndv.htm
Sur la nécessaire mécréance lire « Fragments mécréants » de Daniel Bensaïd
et "A rebrousse-poil de l’idéologie dominante"
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article1274
Messages
1. LA MISERICORDE, LA GRACE ET L’ATHEE , 27 juin 2007, 21:27
L’ESPRIT DE MON ATHEISME
http://prolib.net/chroniques/201.061230.athee.ndv.htm
Nadine de Vos
<http://prolib.net/chroniques/201.06...>
Nous ne saurons jamais ce qu’aurait été l’Occident – ce qu’aurait été le monde – sans l’imposition du christianisme comme religion d’État par le pouvoir impérial, au 4ème siècle. Ce que nous savons, par contre, c’est que les philosophes grecs opéraient une distinction entre religion et éthique, cette dernière étant autonome, comme il n’est – espérons-le ! – plus nécessaire de le démontrer. Nous savons aussi comment les religions du Livre ont modifié ce point de vue. À partir de là, il peut sembler hasardeux d’annoncer d’emblée que notre éthique aurait été meilleure ou pire avec ou sans le christianisme.
Le philosophe André Comte-Sponville, qui se dit « fidèle » à la tradition chrétienne, avance que « la présence ou non d’une foi religieuse [il est question essentiellement ici du catholicisme] ne change « presque » rien à la morale » (1). Il n’y aurait donc presque rien, que de petites différences, entre la morale catholique et la morale laïque ? Ce distinguo entre « grandes » questions morales et « querelles » prétendues d’ordre théologique paraît quand même bien fragile.
L’hypothèse défendue est qu’il y aurait consensus entre croyants et non croyants, sur les questions essentielles que sont le respect de l’autre (sa vie, sa liberté, sa dignité), l’amour, la générosité, la justice. En théorie, ce doit être vrai. Mais en pratique, on peut s’offrir le luxe de douter : de quel respect de quelle liberté parle-t-on, en effet, lorsque l’on interdit le préservatif, la contraception, l’avortement, l’euthanasie ?
Lorsque l’on condamne l’homosexualité ? Où est la liberté de penser, où est la liberté de conscience ? Elle n’est pas nulle, certes, mais elle est réduite à peu, exercée par un petit carré de chrétiens libéraux – ces mots sont presque antinomiques – obligés de se livrer à d’absurdes contorsions s’ils souhaitent entrer encore dans le moule façonné par les Églises, ou du moins certaines d’entre elles.
Pour ce qui concerne l’homosexualité, par exemple, il est intéressant de noter, qu’à la même page de l’ouvrage cité en note, l’auteur déclare qu’il pourrait s’agir d’un problème théologique, ajoutant que « c’est ce que suggère, dans la Genèse, la destruction de Sodome et Gomorrhe ».
Intéressant, car c’est l’explication catholique la plus stricte qui est retenue
de cet épisode, alors que d’autres exégèses, principalement protestantes,
en donnent une interprétation moins dangereusement rétroactive, tenant davantage compte du contexte historique proche-oriental des récits
bibliques (2).
Il n’est pas utile d’argumenter plus loin pour montrer à quel point de si
« petites » divergences de vues peuvent mettre en péril le prétendu commun accord qui existerait entre croyants et non croyants à propos des « grandes » questions éthiques.
L’athée fidèle déclare encore : « l’athéisme est une croyance négative, mais c’est bien une croyance… » (3). Il est évident qu’il parle là de son athéisme d’ancien catholique resté attaché à son éducation rémanente, tout autant qu’à son interprétation lacunaire de la Bible. Un athée culturellement moins imprégné du dogmatisme catholique sait très bien, en effet, qu’il existe de nombreuses variétés d’athéisme dont certaines ne prennent pas automatiquement la forme de croyances.
Toute affirmation irréfutable parce que non objectivable et non observable devrait requérir l’attitude agnostique. Or nous savons bien que certaines de ces propositions (comme celle de la théière en orbite quelque part dans l’univers, par exemple, ou l’existence du Père Noël) se voient rejetées à l’unanimité malgré l’impossibilité de les vérifier. Il est un athéisme de cet ordre pour lequel l’existence des dieux n’est rien d’autre qu’une extravagance dénuée de sens, qui ne le concerne pas et qu’il ne souhaite même pas nier car on ne nie pas « rien ».
Ainsi en est-il de l’athéisme indifférent qui ne se pose aucune question mais qui ne fait aucune référence au divin ; de l’athéisme passif, très proche, qui considère que la croyance en un dieu quelconque est inutile et inefficace ; de l’athéisme dit sémantique (3), plus profond, pour lequel le concept « Dieu », vide de tout contenu, n’a pas à être nié…
Ces athées-là ne sont ni militants, ni conquérants. Ils ne défendent pas une croyance, ils ne combattent pas au nom d’une idéologie. Ils ne dérangent pas, ne s’imposent pas. Tout au plus, peuvent-ils être contrariés – comme je le suis – par les manifestations démonstratives quelquefois envahissantes de certains croyants. Car on ne peut échapper aux vœux pieux à vocation sanctificatrice, aux élans mystico-enthousiastes des pèlerins de Compostelle, aux regards compassés et aux jugements condescendants.
L’athée, par contre, n’a pas souvent l’occasion de faire ainsi état ses options de vie, si souvent mal reçues. Une méconnaissance globale de l’athéisme pousse de nombreux croyants – dont certains se disent ouverts et tolérants – à refuser le dialogue ou bien à camper dans une position de forteresse assiégée, se cabrant au moindre désaccord trop souvent interprété comme une attaque à leur foi.
Ainsi vont les choses, les pailles et les poutres, et il n’est d’autre choix alors pour l’athée tranquille mais excédé que de se rappeler qu’il est « heureux celui qui ne s’acharne pas à avoir raison, parce que personne n’a raison, ou tous (4) ».
Nadine de Vos*, le 30 décembre 2006.
(1) André Comte-Sponville, /L’esprit de l’athéisme – Introduction à une spiritualité sans Dieu/, Albin Michel, 2006, page 55.
(2) Voir Thomas Römer,/ De Sodome et Gomorrhe à David et Jonathan/, sur le site d’Evangile et Liberté <http://www.evangile-et-liberte.net/...>
(3) Cf. Marcel Conche : « "Athée" ne suis-je même pas, car je ne prononce pas le mot "Dieu", fut-ce pour le dire sans objet. »
(4)Jorge Luis Borges, /Fragments d’un évangile apocryphe/, in /L’Or des Tigres/, Gallimard, 1976.
1. LA MISERICORDE, LA GRACE ET L’ATHEE , 30 juin 2007, 12:57
DE LA GRACE AU BLASPHEME
*LES BLASPHEMES DU MECREANT *
http://www.blogg.org/blog-44839.html
Je ne sais si je reste ici dans l’esprit qu’en a fait récemment le philosophe Daniel BENSAID dans son ouvrage *Fragments mécréants : sur les mythes identitaires et la République imaginaire *mais celui-ci m’a inspiré.
Le mécréant passe pour un être paradoxal : il est sans Dieu ni morale (mais pas sans éthique) et pourtant il est très engagé pour se libérer et libérer le monde de ses maux privés et publics. Etrange ! Le mécréant blasphème contre le sacré mais respecte et valorise les être humains réels . Ainsi un mécréant masculin ne blasphémera pas (sauf par jeu bien compris comme tel) les filles sexy, il soutiendra "la journée de la jupe" (voir sur ce blog ) et il critiquera les pub sexistes. Une publicité n’est pas une femme réelle comme la religion n’est pas le croyant. Donc point de "pétasse" ou de "pute" dans le langage ordinaire du mécréant, pourtant ces dernières peuvent à l’occasion faire fantasmer sans la moindre culpabilité. Mais l’image fantasmée n’est pas, et de loin, la vie réelle aliénée et bien souvent misérable des prostituées. Le réel n’est pas pleinement acceptable.
*1 - Blasphème contre la religion et certaines pratiques des croyants. *
Les blasphèmes contre la religion sont autorisés puisqu’il ne s’agit que de se moquer d’une croyance ou d’un ensemble de croyance alors que les blasphèmes contre les croyants eux-mêmes ne sont pas tolérés. Encore qu’il faille analyser plus précisément la portée critique du blasphème. Ainsi dire "Je pisse (verbalement) sur tous les signes religieux ostensibles (sans discrimination entre eux)" ce n’est pas mépriser les croyants, surtout pas les croyants de mentalité laïque qui adoptent une attitude discrète et pacifique. Ce n’est même pas mépriser les différentes religions, c’est critiquer une attitude jugée excessive, c’est blasphèmer le comportement publicitaire des personnes qui s’apparente à des "hommes sandwicht" qui font de la pub pour leur produit religieux .
*
2 - Blasphème contre le marché ? *
Le marché n’a pas de religion. Il ne porte aucune dimension sacrée susceptible d’être rabaissé à un niveau humain et terrestre. C’est plutôt ici l’inverse qui serait critiqué dans la mesure ou l’humain est rabaissé au rang infra humain d’objet. En fait, la société marchande est vide de sens ou plutôt laisse à voire une "foire au sens" (A Bihr) ou chacun prend ce qu’il veut ou ce qu’il peut (principe de solvabilité pour l’acquérir). La société marchande est aussi criticable par ce qu’elle n’offre pas, ce qu’elle empêche de produire (des services publics par exemple) mais pas par ce qu’elle impose car elle ne fait que proposer à des individus libres, qu’offrir à un demandeur potentiel. Lorsqu’elle le fait mal (pub sexiste par exemple) ou avec trop d’insistance (multitude de panneaux publicitaires par exemple) elle est aussi critiquée et bridée.
*3 - Blasphème contre le républicanisme. *
Faire un bras d’honneur à la messe républicaine, qu’est l’hymne national c’est refuser les embrigadements sans abandonner l’esprit citoyen, sans nécessairement méconnaître les avantages du régime républicain.
M. JérÔme RIVIÈRE député voulait que l’hymne national soit obligatoirement enseigné à l’école pour favoriser l’intégration. Il n’a heureusement pas été suivi.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion0786.asp
Pisser (en parole) sur le drapeau tricolore ce n’est pas plus ignorer l’existence de la Nation.Je préfèrerais quant à moi qu’une réflexion soit menée sur le triptique républicain "liberté,égalité, fraternité" mais avec esprit critique, sans fétichisme ni dogmatisme.
Christian DELARUE
Responsable antiraciste et altermondialiste
30 juin 2007
2. LA MISERICORDE, LA GRACE ET L’ATHEE , 24 mars 2008, 09:11, par Christian DELARUE
Le pardon non rentable
chrismondial blogg
Le pardon n’est plus un acte relativement commun comme du temps du christianisme dominant. Il est devenu l’affaire des philosophes et des psychologues qui ont fait de lui un acte s’intégrant dans un processus où ils sont experts des modalités de son expression et de sa réception (accordée ou non).
Le pardon possède deux dimensions, l’une individuelle et l’autre collective - la repentance - qu’il ne faut pas confondre. Au-delà de la discussion des conditions du pardon remarquons que de nos jours le pardon, ici pris au sens individuel, n’est pas « rentable » puisqu’il permet parfois d’éviter le recours aux marchands de soins de l’âme humaine, aux psychologues, psychiatre tout comme il permet parfois d’éviter le recours à la justice. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles il n’est pas dans l’air du temps, qui s’ajoute au déclin de sa compréhension religieuse.
Les uns l’assimilent à un oubli, les autres, à un avatar du christianisme. Erreur ; Le pardon, qui n’a nul besoin du cadre religieux (1), peut se demander alors qu’un travail thérapeutique est en cours et il peut se donner aussi une fois la faute (2) sanctionnée par la justice. Dans certains cas le pardon ne pourra pas être donné avant la sanction de la justice.
Pourtant le pardon manifeste, loin de toute insensibilité, à la fois une inquiétude authentique pour l’autre et la reconnaissance de sa propre fragilité, de ses propres contradictions et tourments. C’est bien sans oublier le fait générateur et à partir de la reconnaissance de la faute, du délit ou du crime commis que le pardon a des vertus pacificatrices Il permet de couper différents cycles ; comme celui des rapports de violence franche ou subtile ou le cycle de vengeances ou dans un autre registre celui des rancoeurs renouvelées. Le pardon permet même de renouer des rapports de confiance. C’est dire ici sa puissance.
Christian DELARUE
1) Pour un athée le pardon demandé doit être accepté. Point de Dieu pour remplacer l’offensé qui accorde ou non son pardon. Cependant une conception plus strictement matérialiste défend une économie totale du pardon, du moins comme pardon "relationnel" (qui se demande et qui s’accorde ou non) qui mérite d’être connue. Un "je ne sais quoi" d’insuffisance empêche, d’après moi, sa pleine adoption. Un travail d’interrogation à poursuivre. Pour en prendre connaissance lire : CE QUI S’APPREND ICI C’EST LA MISERICORDE : LECONS DE TOLERANCE ET DE PARDON.
in Traité du désespoir et de la béatitude (p 60 et suiv.) PUF- Quadrige
par André COMTE-SPONVILLE
http://krismondial.blogg.org/offset-125.html
2) On laisse ici de côté la question de l’effet induit de la culpabilisation qui attribue des fautes ou il ne devrait pas y en avoir. Il y a aussi l’effet inverse qui attribue à l’autre par projection ou autres mécanisme de défense des comportements préjudiciables.