Accueil > LA VALSE DES MILLIARDS

LA VALSE DES MILLIARDS

Publie le mardi 14 octobre 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

EDITO-LA VALSE DES MILLIARDS

Par Hervé Poly

« Non, n’ayons pas peur de nous regarder dans la glace et de répondre sans tabous aux vraies questions que soulève cette crise. Lʼexpérience que mènent certains peuples en Amérique Latine sans être un modèle nous rappelle que la solution nʼa jamais été dans le renoncement. »

LA crise qui secoue la planète financière renvoie l’ensemble des forces politiques et sociales à trouver des solutions à la crise du système capitaliste. Bien-sûr les forces dominantes ne restent pas les deux pieds dans le même sabot. Elles mènent avec âpreté la bataille idéologique pour tenter de laisser croire en une moralisation possible d’un système à bout de souffle. C’est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy demande au Medef la suppression des parachutes dorés, devenus en pleine bérézina du pouvoir d’achat, difficile à défendre.

Pour le pouvoir en place, il ne faut surtout pas ajouter de sentiment d’injustice à un moment où l’emploi est redevenu la première préoccupation des travailleurs. Sarkozy, en pompier de service, tente d’éteindre la contestation qui monte. Avant hier à Renault Sandouville auprès des ouvriers, hier avec les patrons pour faire semblant de les sermonner. Tout est dans l’apparence, on agite les parachutes dorés pour mieux masquer la partie immergée de l’iceberg, les milliards de profits réalisés par les grands groupes.

Mais voilà, dans leurs contradictions, ils sont obligés de sortir les milliards. Ils nationalisent les pertes pour sauver un système de la finance qu’ils ont eux mêmes souhaité au nom du libéralisme. Dans cette valse des milliards qui donne le tournis aux plus humbles, ils admettent une entorse aux sacro-saints critères de Maastricht pour sauver leur soldat finance, mais surtout pas un sou pour les services publics et pour les salaires.

Hier, la France était en faillite, aujourd’hui, ils sortent lʼargent pour nationaliser ce qu’ils ont privatisé hier. Surtout ne pas toucher aux actionnaires, pour les requins de la finance les dividendes, pour les contribuables les pertes à payer. Toujours la même logique : protéger, récompenser une poignée de nantis, de riches en spoliant le plus grand nombre. Rien de nouveau me direz-vous, sauf peut être la prise de conscience que l’on peut faire autrement.

C’est tout l’objet de la bataille idéologique qui s’engage face aux tenants du capital. Pour cela, faut-il encore avoir les bonnes armes pour aller au combat. A la lecture du texte de la direction nationale sortante, je constate, comme certains camarades, que des mots sont devenus tabous dans notre langage commun, "socialisme, propriété, nationalisations, ouvrier, impérialisme, etc...”

N’avons-nous pas, par frilosité, reculé sur ces questions ? Ne sommes nous pas devenus des voyageurs sans bagages avec une gauche plurielle et une participation gouvernementale où la seule volonté du PS était et reste le développement, la pédagogie du renoncement au changement de société ?

Pour ma part, je partage ce qu’écrit Anicet Lepors :"1968, puis la récusation du modèle soviétique ont fâcheusement conduit nombre dʼhéritiers du mouvement communiste à brûler sans discernement ce quʼils avaient excessivement adoré. LʼÉtat a été assimilé à lʼétatisation. La primauté a été donnée au management sur lʼexigence de la propriété publique des moyens de production. La perte de repères qui sʼen est suivie a été gravement préjudiciable aux forces progressistes. Il convient aujourdʼhui de revenir sur ces fautes politiques lourdes".

Que le congrès serve à donner du sens à notre engagement anticapitaliste pour changer de société plutôt que de vaines querelles et faux débats qu’entretient la direction pour éviter toute discussion sur son bilan. Au nom d’une certaine modernité, la direction du PCF continue de brader l’idéologie communiste.

Mais quand au fond, la crise du capitalisme nous renvoie tel un miroir à leurs errements, à leurs abandons. Non, n’ayons pas peur de nous regarder dans la glace et de répondre sans tabous aux vraies questions que soulève cette crise. Lʼexpérience que mènent certains peuples en Amérique Latine sans être un modèle nous rappelle que la solution nʼa jamais été dans le renoncement.

Liberté 62

Messages