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LA VIDEO SURVEILLANCE AURA T-ELLE UNE LIMITE ?
Publie le samedi 20 novembre 2004 par Open-PublishingLETTRE OUVERTE A
Mesdames, Messieurs les Maires de France,
De Paris à Marseille en passant par Puteaux, Saint Germain en Laye et Lyon
Après que se soit tenu le salon Expo-protection entre le 2 et le 5 novembre 
2004 -salon international dédié à tout l’arsenal sécuritaire- se tient deux 
semaines plus tard une formation sur la vidéosurveillance, mise en place par 
une association proche de l’UMP et dont vous êtes les principaux 
participants, vous  les maires de France.
Alors que les médias parlent de votre malaise, voire de votre grogne face à 
la désertification et la casse du service public, ne doit-on pas voir le 
problème de la vidéosurveillance et de l’insécurité au sens général du 
terme, comme un détournement intellectuel, une poudre électoraliste et 
fascisante jetée à vos yeux d’élus, afin de faire croire que l’ennemi ne 
siégerait pas tant dans les bureaux des multinationales que dans vos 
quartiers « difficiles » ; que la misère engendrée par la situation 
économique mondiale n’est pas responsable des problèmes sociaux ; que la 
précarité de l’emploi voire l’emploi lui-même ne sont pas sources de 
pauvreté et de mal-être ; que les 7 millions de pauvres Français l’ont bien 
voulu ? Pourquoi choisir ainsi la vidéosurveillance si ce n’est pour tenter 
de refréner des velléités sommes toutes très humaines, comportements liés 
aux frustrations, aspirations au bonheur marchand que les publicitaires nous 
livrent tous les jours en 4x3 sur les murs de la plupart de nos villes et 
campagnes et que la télé ne cesse d’entretenir, mais que de  moins en moins 
de français ne peuvent supporter ni financièrement ni psychologiquement.
A ces questions, à ce choix politique et social, préférerez-vous faire le 
choix de la répression imbécile et dépenser un argent qui serait bien mieux 
affecté ailleurs ?
La vidéo-surveillance ne sert à rien, aucune étude n’a prouvé l’effet de la 
vidéosurveillance sur la baisse du  taux de délinquance. Non seulement, elle 
coûte chère mais elle détruit lentement nos libertés individuelles et 
collectives en quadrillant peu à peu l’hexagone d’un réseau de 
renseignements. Ce processus de vidéosurveillance est d’autant plus 
dangereux et incontrôlable qu’il est privé, répondant à des intérêts privés 
de partis, individus ou entreprises. La Loi n°95-73 du 21 janvier 1995 d’orientation 
et de programmation relative à la sécurité, sous Pasqua restreignant celle 
n° 78-17 du 6 janvier 1978 légalise la vidéosurveillance sur l’espace 
public. 7 ans plus tard, 185 villes ont adopté la vidéo-surveillance 
(chiffres 2002). En passant des caméras analogiques aux numériques ; en 
créant des quartiers protégés pour « riches » comme à Toulouse (plus de 22 
résidences sécurisées) ; en développant la biométrie et bientôt, l’identification 
par ADN, nous pouvons légitimement nous demander quel type d’avenir à la 
sauce ultra-libérale nous est préparé ?
Le pire restait à venir, puisqu’en 2004, la Loi Perben 2 n°2004-204 du 9 
mars dernier, portant sur l’adaptation de la justice aux évolutions de la 
criminalité  renforce  et élargit la compétence du pouvoir de la police (cf. 
art. 706-96). Ainsi le champ est ouvert à tous les abus et à tous les 
prétexte possibles pour introduire la vidéo-surveillance, sans consentement 
des intéressés, dans un domicile ou un lieu privé . Bien évidemment, ces 
pratiques autorisées ne peuvent que nous atterrer tout en nous terrorisant.
Pourtant, et malgré tous ces risques, nous sommes certains que les 
animateurs de cette « formation à la vidéo-surveillance », ne vous tiendront 
pas de discours mitigé ou critique sur ce système, d’autant moins que 
quelques exposants du salon cité plus haut doivent bien encore séjourner 
dans la région parisienne. C’est pourquoi, nous vous proposons de vous laver 
l’esprit de toute la pollution idéologique que vous allez subir et de venir 
débattre avec nous autour des risques et enjeux de la vidéo-surveillance, 
ainsi que de sa dérive intrinsèquement fascisante.
Veuillez, Mesdames, Messieurs,  recevoir nos sincères salutations militantes 
et réfractaires à tout contrôle abusif.
Paris, le 18 novembre 2004
POUR LE COLLECTIF ANTI-VIDEO SURVEILLANCE D’ILE DE FRANCE
Guillaume DE GRACIA : 06 08 30 5329
Marie-Claude Bonneville : 01 42 64 37 79
LE COLLECTIF ANTI-VIDEO SURVEILLANCE D’ILE DE FRANCE
antivideo-idf_l@samizdat.net
Alternative-Libertaire, Paris -association Decile, Mantes-La-Jolie -association Espaces Publiques, St Germain-en-Laye, Motivé-es !, Colombes, association Chiche-Paname, Résistons-Ensemble, Paris et association  Souriez-Vous-Etes-Fimé-es, Paris.




