Accueil > LE NUCLEAIRE EST IL RENTABLE SANS LES GARANTIES DES CONTRIBUABLES ?
LE NUCLEAIRE EST IL RENTABLE SANS LES GARANTIES DES CONTRIBUABLES ?
Publie le mardi 4 novembre 2008 par Open-Publishing31/10/2008 : Le Devoir (Canada)
"Le nucléaire n’est pas rentable", dit le privé
Le secteur privé ne se lance pas dans le nucléaire parce que la rentabilité de cette filière est chancelante, pour ne pas dire déficiente sans injection de fonds publics substantiels, directs ou indirects, au moyen de la fiscalité. C’est ce qu’affirme une récente analyse du Earth Policy Institute, présidé par Lester R. Brown, qui s’intitule The Flawed Economics of Nuclear Power.
« Dans les dernières années, explique Lester Brown, l’industrie nucléaire a misé sur les préoccupations du public en matière de changements climatiques pour défendre le retour de la filière. Même si les ténors de cette industrie ont convaincu quelques leaders politiques qu’il s’agissait d’une bonne idée, il y a peu d’indices qui démontrent que des capitaux privés sont investis massivement dans des centrales nucléaires pour vendre de l’électricité sur un marché libre. »
Lester Brown explique ce peu d’enthousiasme des investisseurs par une analyse d’un autre auteur célèbre, Amory B. Lovins, qui établit le prix de l’électricité produite à partir d’une centrale nucléaire à 14 cents (de dollar US) du kilowattheure, comparativement à 7 cents pour la même énergie produite avec une éolienne. Cette comparaison englobe le coût du carburant nucléaire, du capital, du fonctionnement, de l’entretien, du transport et de la distribution de cette électricité. Mais elle ne comprend pas le coût additionnel mais éventuellement incontournable de l’élimination sécuritaire des déchets radio-actifs, des assurances en responsabilité en cas d’accident nucléaire et de la démolition des centrales, dont une bonne partie des matériaux seront eux-mêmes radio-actifs pendant des générations.
Les États-Unis produisent 101 000 MW avec les 104 réacteurs de leur filière nucléaire. Ils prévoyaient investir en 2001 plus de 58 milliards pour construire le dépotoir nucléaire de Yucca Mountain, en Utah, un coût qui a grimpé depuis à 96 milliards pour un projet disponible seulement en 2017. Jusqu’ici, 119 réacteurs ont cessé leurs activités mais sont entreposés temporairement dans des endroits dont la sécurité est discutable. En cas d’accident, chaque opérateur de centrale nucléaire devra fournir 95,8 millions au pool de cette industrie, dont la couverture totale d’assurance atteint 10 milliards. Tout excédent sera payé par les gouvernements et donc les contribuables.
Présentement, 36 nouveaux réacteurs sont en construction dans le monde, dont 31 en Europe et en Asie. Plusieurs autres, comme ceux de la centrale de Gentilly au Québec, vont être restaurés pour prolonger leur vie utile, une décision gouvernementale soustraite à une évaluation environnementale indépendante et à tout débat parlementaire.
EDF-British Energy : les banques peinent à boucler le financement
[ 04/11/08 ] Les Echos
La syndication générale du crédit de 11 milliards de livres accordée à EDF peine à se boucler. Les 7 banques qui garantissent le prêt vont devoir conserver leurs tickets plus longtemps que prévu. Mais l’opération n’est pas remise en cause.
Les tensions sur le marché du crédit sont contagieuses. Alors que le lancement de l’offre d’EDF sur British Energy est imminente, la mise en place du financement paraît plus délicate que prévu initialement. L’opération est en effet financée en partie par un crédit relais de 11 milliards de livres (14 milliards d’euros), que 7 banques se sont engagées à garantir : BNP Paribas, Société Générale, Calyon, HSBC, Royal Bank of Scotland, Barclays Capital et le japonais Mitsubishi UFJ.
Les 7 banques se sont engagées à souscrire chacune une part égale du financement, soit environ 1,5 milliard de livres. Le prix du crédit a été fixé à 120 points de base au dessus de l’Euribor, hors commissions. Dans une opération de ce type, il est d’usage que les banques prêteuses ne conservent pas toute leur part du financement mais cherchent à inviter d’autres établissements, prêts à prendre de plus petites parts, afin de se défaire d’une partie du risque.
Or, selon plusieurs sources, les banques ont peiné ces derniers jours à trouver des établissements prêts à venir dans la syndication générale. Pour l’instant, certaines maisons, européennes et japonaises, se sont engagées à prendre des tickets à hauteur de 500 millions de livres. Mais l’ensemble du montant du financement n’a pas trouvé preneur. « Il manque notamment des banques pour prendre des tickets plus petits, de l’ordre de la centaine de millions de livres », note un proche du dossier. Certaines banques rechignent, en effet, à prendre des engagements en fin d’année, alors qu’elles essaient d’alléger leurs bilans dans l’environnement actuel.
L’opération pas compromise
Les quelques banques prêtes à s’engager devraient signer un accord courant novembre et la syndication générale sera bouclée plus tard. Au final, les 7 banques du syndicat devront donc probablement garder leur part un peu plus longtemps que prévu. Mais, pour l’instant, les banquiers ne semblent pas s’alarmer. « La syndication n’est pas mal partie, note l’un d’eux. Elle est plus lente que ce qu’on aurait voulu, mais elle n’est pas en péril. Il y a deux semaines et demie, on se posait des questions, mais, aujourd’hui, il n’y a plus de quoi paniquer ». De fait, le climat a changé depuis quelques semaines : « Les marchés de crédit se sont détendus, les taux ont baissé, les banques reviennent », poursuit le banquier.
Pour EDF, ces contretemps ne sont pas de nature à compromettre l’opération, puisque les 7 banques du syndicat se sont engagées. EDF a jusqu’à mercredi pour lancer son offre. Théoriquement, il peut donc encore faire marche arrière, mais ce scénario paraît peu probable : l’opération est une pièce maîtresse de sa stratégie internationale. Pour l’imposer en interne malgré son prix élevé, son patron, Pierre Gadonneix, a dû composer avec une forte opposition. Abandonner maintenant reviendrait à signer sa démission. Surtout, le groupe est déjà virtuellement le premier actionnaire de British Energy. Fin septembre, il avait amassé 26 % des titres en circulation et disposait, par ailleurs, de l’engagement de deux actionnaires clefs, l’Etat britannique et le fonds Invesco , ce qui lui assurait au total plus de 65 % du capital. Il lui en faut 75 %, voire seulement 50 % s’il le décide, pour réussir l’opération.
ELSA CONESA, ANNE DRIF ET THIBAUT MADELIN
Centrica va lever 2,2 milliards de livres
Le groupe britannique Centrica, le partenaire britannique d’EDF pour l’achat de British Energy, a annoncé vendredi le lancement d’une augmentation de capital d’environ 2,2 milliards de livres, soit 2,8 milliards d’euros. Ces fonds doivent lui permettre de financer en partie l’achat des 25 % de British Energy qu’il compte acquérir auprès d’EDF. Le président du groupe britannique, Roger Carr, a indiqué que la somme issue de l’augmentation de capital serait consacrée à l’acquisition des 25 % dans British Energy « si un accord est trouvé avec EDF ». Le reste de la somme requise pour cette opération viendrait d’emprunts ou « peut-être » de ventes d’actifs.