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LE "PRINTEMPS DE TUNIS"

Publie le lundi 24 janvier 2011 par Open-Publishing
12 commentaires

Après le « Printemps de Prague », voici le « Printemps de Tunis ». Ils pavoisent, les intellectuels maghrébins planqués ; ils éructent les journalistes occidentalisés, quelle aubaine, la « Révolution tunisienne », le « Mal-vivre algérien », les « Marches jordaniennes », alors pourquoi pas le « Printemps arabe » ? Et ces analystes se muent en prophètes à la petite semaine dans les souks embués par les fumées du narguilé. Lisez plutôt :

« Nous sommes certains que tous les régimes arabes, qui partagent la même situation mais avec des ingrédients différents, sont désormais ébranlés parce que la même situation produit les mêmes résultats. Nous sommes également certains que tous les régimes arabes, tous les impérialistes, tous les révolutionnaires sont en train d’étudier les causes de la réussite de l’expérience tunisienne. Tous se demandent pourquoi les Tunisiens ont réussi à expulser leur gouvernement tandis que d’autres soulèvements similaires ont échoué. De notre point de vue, partout dans le monde arabe, il y a la même situation et le même désir de changement et de se débarrasser de ce modèle ; la seule différence est que la révolte tunisienne a été spontanée et non-idéologique. » (1)

L’apologie de l’inconscience révolutionnaire est le leitmotiv de la petite bourgeoisie pédante qui ne souhaite pas que le peuple s’aventure dans les sphères étranges de la conscience politique. Elle se réserve ce domaine l’intelligentsia petite-bourgeoise arabe. Observez-la à l’œuvre et ne la distrayez pas de ses élucubrations épistémologiques. Elle ronronne la petite-bourgeoisie arabe, elle stigmatise les contradictions de classes et les oppositions tribales et elle psalmodie de gros mots comme « impérialisme » et « classe sociale ». Hier, elle prêchait en faveur de la mondialisation, aujourd’hui elle reconnaît que son salaire dépendra de la dénonciation de la mondialisation et de l’apologie de la « démocratie ». Mais de quelle démocratie parle-t-elle, la petite-bourgeoisie arabe ?

Auriez-vous noté qu’aucun de ces analystes n’a pris la peine de vraiment expliquer les événements tunisiens ? Pour notre gouverne résumons ces événements (2). Le peuple tunisien subit l’oppression économique, idéologique et politique de la part de la grande-bourgeoisie tunisienne qui obtient depuis des années ses parts de marchés et son droit d’exploiter ce peuple patient par le fait qu’elle livre les ressources nationales tunisiennes sur le marché de la concurrence monopolistique internationale.

La grande bourgeoisie française, les bourgeoisies canadienne, italienne et belge font des affaires d’or en Tunisie et exploitent des hôtels luxueux aux plages sablonneuses avec la complicité de sous-traitants locaux qui jusqu’à tout récemment entouraient le dictateur Ben Ali. L’eau coulait à flots sous les douches des hôtels d’Hammamet pendant que la femme tunisienne devait marcher des kilomètres pour transporter son maigre pot à l’eau. Ben Ali et ses amis se déplaçaient en limousines pendant que le marchand du souk fouettait son canasson pour qu’il tire son wagon. On nous décrit cette réalité un peu comme une fatalité où l’on ne discerne pas très bien qui gouverne et qui obéit dans toute cette fourberie. Lisez plutôt.

« De l’indifférence bienveillante-complicité dont fait preuve l’Occident (durant les évènements de Tunisie, le Canada n’a pipé mot, la France s’enlise en explications alambiquées pour avoir fait de Ben Ali un « grand démocrate », et proposé le « savoir-faire » de ses troupes la veille de sa fuite…), de l’ingérence systématique dans la mise en place et le maintien de dictateurs-pilleurs un peu partout au tiers- monde et en particulier là où il y a régions de pétrole (…) de la voracité des multinationales complices de ces régimes, et bras armés de politiques néocolonialistes (…) » (3).

Fait étonnant, après avoir fustigé la « bienveillante complicité de l’Occident » et son ingérence dans la mise en place de dictateurs-pilleurs à la solde des multinationales (non pas complices, mais bien maîtres d’œuvre de ces abréactions), voilà nos intellectuels arabisants qui implorent l’intervention des puissances coloniales occidentales, c’est à n’y rien comprendre.

Lâchez du lest, quémandent-ils aux dieux de la peste ; sinon vous serez balayés si vous ne permettez pas à une nouvelle couche de petits-bourgeois au vernis « démocratique » de prendre la relève pour tromper la rue révoltée. Ils rêvent tous de devenir calife à la place du calife ces « Iznogouds » petits bourgeois afin d’enfermer la colère populaire dans l’urne de la pseudo démocratie, et elle recommence la danse du « Printemps arabe », elle se danse les yeux bandés, à la filée, jusqu’aux isoloires pour voter, puis chacun rentre fumer le narguilé faute de pain à manger.

Comme tant d’autres, un jeune homme chômait dans la Tunisie de Ben Ali ; il se mua en vendeur itinérant pour faire vivre sa famille décemment. Un jour, un potentat local s’interposa et exigea un pot-de-vin pour autoriser le désoeuvré à poursuivre son commerce fruitier. Le jeune homme s’objecta et refusa de payer cette rançon mafieuse. Il fut aussitôt arrêté et admonesté par l’agent impudent, représentant local de la hiérarchie corrompue d’une structure sociale décadente. Le jeune homme contrit s’immola publiquement. Réaction inattendue, comme il en arrive parfois parmi ces peuples dépourvus, des milliers de témoins, d’exploités, d’aliénés comme lui, prirent spontanément la rue et protestèrent pour le droit au pain, le droit à l’eau, le droit au logement, le droit au travail, le droit au commerce quand il ne reste que ce geste.

Aussitôt, comme à l’accoutumée, les autorités brandirent la panoplie usuelle… police, armée, répression sauvage des affamés. Le plein poids de la loi s’écrasa sur le dos du peuple désemparé. Ceux qui ne comprenaient pas pourquoi ces dépenses militaires et sécuritaires somptueuses auront compris en une nuit (4). La petite-bourgeoisie ébaudie regardait dans l’expectative le peuple sans perspective mourir dans les rues, car il donnait ce qu’il possédait ce peuple, sa vie, pour que d’autres obtiennent l’usufruit de ce combat pour la survie, le droit de manger, de boire, de se loger, de travailler et de vivre convenablement.

Rien ne les arrêtait ces enragés, ils étaient prêts à mourir ces va-nu-pieds ; de fait, ils savaient qu’ils mourraient de faim ou de chômer ; alors autant en découdre maintenant avec le potentat et ses représentants. Au vu de cette révolte farouche qui ne déparait pas le pouvoir se ravisa et jeta du lest, le chef des brigands, Ben Ali, fut éjecté muni d’un parachute doré pour s’échapper vers une contrée amie en attendant que les révoltés se calment ou se replient. Un thuriféraire, premier ministre complice de l’intimé, vient proposer un compromis à la petite bourgeoisie pour qu’encore une fois jouant son rôle de courroie elle apaise le jeu et rétablisse les maîtres dans leurs lieux au nom de la « démocratie ». Quelle « démocratie », celle des élections truquées ou celle du pain…celle des riches ou celle des pauvres ?

Une fraction de la petite-bourgeoise intellectuelle tunisienne, qui en rêvait depuis des décennies, accepta le « deal » des urnes et se proposa, servante servile, pour rétablir la loi et l’ordre des ploutocrates. Trop vite en besogne, cette couche de traîtres apprécia mal la colère populaire. Ces petit-bourgeois de la capitulation furent balayés, discrédités par les ouvriers excédés.

Le peuple tunisien en est là aujourd’hui. Voilà qu’entre en scène une nouvelle fraction d’intellectuels arabes, des occidentalisés mieux avisés. Maintenant que le premier groupe de compromis s’est cassé le nez, eux s’avancent et proposent une tactique différente ; ils souhaitent détourner le mouvement ; d’une lutte sur le front économique, idéologique et politique, ces intellectuels arabes suggèrent de faire une lutte pour la « démocratie ». La « démocratie » qui nourrit comme aux États-Unis, mais pas les gagne-petits, elle nourrit la petite-bourgeoise – auto de luxe et studio dans la Cité – vous comprenez…c’est le prix qu’elle fixe pour gagner son pari et engranger son profit, la petite-bourgeoise, le pari de diriger le conflit de Tunisie vers la « démocratie » du désespoir, de la faim et du mépris.

« Peut-être les forces adverses du peuple tunisien, de manière à sauvegarder leurs intérêts, vont tenter de contenir le mouvement par un changement de visages, mais la situation continuera à être explosive jusqu’à ce qu’il y ait une réconciliation entre l’intérêt du peuple et l’État dans lequel il vit. C’est ce qu’on appelle la démocratie et l’indépendance où le peuple et l’État sont maîtres de leur présent et de leur avenir. »

Demain, un étudiant de polytechnique et ses amis chômeurs pourront vendre leurs fruits sur le parvis des mosquées pendant que les représentants honteux de la petite- bourgeoisie s’amuseront à jouer au ministre du travail, de l’enseignement supérieur ou du développement régional jusqu’à ce que la grande-bourgeoisie rassurée les retourne à leurs billevesées et qu’elle reprenne en main la rue agitée et l’écrase sous la botte de l’armée grassement payée.

Pour que la « Révolution » tunisienne du jasmin sorte victorieuse, le peuple tunisien doit mener une guerre consciente pour la prise du pouvoir d’État par les partisans. C’est la seule façon de « réconcilier » les intérêts du peuple travailleur et ceux de l’État du travail. Ce doit être leur État à eux, pas celui des brigands au pouvoir qui doivent tous être chassés : que la rue tunisienne ne laisse pas la petite-bourgeoise opportuniste lui voler sa première victoire. Si la petite-bourgeoise excitée souhaite contribuer à la libération, qu’elle commence humblement par analyser et comprendre la vraie nature de la révolte populaire tunisienne, qu’elle se mette au service des travailleurs tunisiens et qu’elle cesse de dicter les objectifs stratégiques de cette révolte qui n’est pas un « Printemps arabe » mais un « Hiver tunisien » où les travailleurs et les travailleuses cherchent la voie vers le développement, le pain, l’eau, le travail, la dignité et le pouvoir… Pas d’illusion, la lutte populaire n’a pas encore triomphée dans la Tunisie dépossédée, le « Printemps de Tunis » n’est pas terminé.

(1) http://www.michelcollon.info/Le-Printemps-de-la-democratie.html

(2) http://blog.mondediplo.net/2011-01-19-La-semaine-qui-a-fait-tomber-Ben-Ali

(3) http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22878

(4) http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito10.1.2011.html

 http://www.robertbibeau.ca/palestin...

Messages

  • Après le « Printemps de Prague », voici le « Printemps de Tunis ». Ils pavoisent, les intellectuels maghrébins planqués ; ils éructent les journalistes occidentalisés, quelle aubaine, la « Révolution tunisienne », le « Mal-vivre algérien », les « Marches jordaniennes », alors pourquoi pas le « Printemps arabe » ? Et ces analystes se muent en prophètes à la petite semaine dans les souks embués par les fumées du narguilé

    oui très juste et pendant ce temps
    La chaîne arabe d’information Al Jazira, associée au quotidien britannique The Guardian, a publié dimanche soir "The Palestine Papers" 1 684 documents officiels palestiniens dévoilant les dessous des négociations de israélo-palestiniennes .

    Ces documents montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts à faire des concessions considérables aux Israéliens sur de nombreux points, dont la question des colonies construites dans et autour de Jérusalem AlQuds occupée.plus le rste pas plus reluisant
    et pendant ce temps l’egypte de moubarak impunément L’Egypte a choisi l’incitation au confessionnalisme dans son appui à la candidature du Premier ministre sortant Saad Hariri.

    Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a estimé, dimanche, dans une interview à une radio locale, que "les musulmans sunnites ont des droits au Liban qu’ils doivent protéger :

    j’ajouterai que le premier ministre étant obligatoirement sunnite c’es de la poudre aux yeux pour minimiser le ras le bol des libanais

    et pendant ce temps jour ordinaire en palestine :

    Deux Palestiniens ont été blessés dimanche par des tirs de soldats israéliens alors qu’ils circulaient en voiture dans le sud de la Cisjordanie, selon des sources médicales palestiniennes.

    Un des Palestiniens a été touché dans le dos, tandis que le deuxième était blessé à la jambe. Ils ont été évacués vers un hôpital d’AlKhalil Hébron, a-t-on ajouté de mêmes sources.

    Les tirs se sont produits à un barrage routier tenu par des soldats de l’occupation israélienne, a-t-on ajouté de mêmes sources.

    Une porte-parole de l’occupation a justifié ces tirs en prétendant qu’un officier, "qui s’est senti menacé par un véhicule ayant tenté de forcer un barrage routier !!!!!!!!!!!!!

    mais la vraie question de votre article c’est qu’est ce que cette révolution tunisienne réellement j’avoue chercher désespérément la réponse dans cet amas " écran de fumée " d’infos

    • mais la vraie question de votre article c’est qu’est ce que cette révolution tunisienne réellement j’avoue chercher désespérément la réponse dans cet amas " écran de fumée " d’infos

      Ben, "qu’est ce que cette révolution tunisienne réellement ? "

      Une révolution en cours, tout simplement, dont l’article de Robert Bibeau montre bien les enjeux et les obstacles.

      "écran de fumée d’infos" ! Si je puis me permettre, répondre à un article centré sur la Tunisie en évoquant surtout la Palestine ( dont il ne faut, bien entendu, pas cesser de parler mais sans tout mélanger) n’est peut-être pas le meilleur moyen de dissiper le nuage de fumée , le post n’établissant d’ailleurs pas de rapport entre la situation de la Palestine colonisée et celle de la Tunisie post-coloniale.
      Le printemps de Tunis, c’est à voir ! Le printemps de Palestine et de Gaza ... ...

    • je parlais du printemps de beyrouth ou du Caire dont mam vante
      "c’est l’Etat égyptien, avec ses caractéristiques de démocratie et de tolérance" QUI était visé par les auteurs de l’attentat.
      encore une perle à son collier
      attentats en Égypte , limite guerre ici à Beyrouth et l’Irak dépecé avec tous ses morts et 1000 manifestants en Tunisie font une révolution !!!! je cherche à qui profite le crime c’est tout, en faisant provision d’eau potable et nourriture non périssable, au cas où !!!!!!!!!!!!
      combien de français ont manifesté et pour quel résultat ???au cas où vous auriez envie de répondre que les libanais palestiniens ,irakiens , et autres égyptiens sont des nuls sous développés !!

      quant au rapport Tunisie Palestine, pour qui suit un peu précisément le trip : où déporter des, palestiniens ou arabes, israéliens pour préserver la pureté de l’état juif ce qui est un plan connu quand même !!! ne pas oublier qu’autrefois la Tunisie ayant reçu arafat on peut essayer de lui en refiler quelques centaines de milliers car la jordanie n’en veut plus et le liban est "full" ceci pour dire que tout est lié !!

    • au cas où vous auriez envie de répondre que les libanais palestiniens ,irakiens , et autres égyptiens sont des nuls sous développés !!

      Non, je ne réponds pas à ce genre d’insinuation pour ne pas tomber dans le
      " c’est celui qui l’dit qui y est !"

    • Non, je ne réponds pas à ce genre d’insinuation pour ne pas tomber dans le " c’est celui qui l’dit qui y est !"

      ce que j’essayais de dire maladroitement sans doute c’est que bizarrement les résultats des manif populaires sont à géométrie variable ; souvenons nous pour faire court de la manif anti de villepin ( suivie d’effets ) et de la mobilisation populaire de l’automne suivie de rien !bon je concède la cgt boudant les voeux de président

  • vers l’alliance du proletariat des villes et des campagnes

    Tunisie : la grève des instituteurs "suivie à 90-100%"

    TUNIS - La grève "illimitée" des instituteurs tunisiens a été "suivie à 90-100%", a affirmé à l’AFP le secrétaire général du Syndicat national des enseignants du primaire, Hfayed Hfayed, en ce lundi de reprise théorique des cours interrompus par la "révolution du jasmin".

    "Selon nos informations, le mouvement est suivi à 90-100% dans tout le pays. Il n’y a que quelques rares cas d’enseignants non-grévistes", a assuré ce responsable syndical...

    http://www.romandie.com/ats/news/110124115121.xmfx12da.asp

    Communiqué de Robin Goodfellow sur les événements en Tunisie
    Tunisie : quels enseignements pour le prolétariat ?

    http://proletariatuniversel.blogspot.com/p/communique-de-robin-goodfellow-sur-les.html

    • vers l’alliance du proletariat des villes et des campagnes

      la proportion du prolétariat urbain dans la population, en Tunisie, est à près la même que celle de la France en Mai 68 (même chose pour l’Algérie)

      et en plus ce prolétariat urbain tunisien est bien plus éduqué que celui de France de Mai 68.

      Le prolétariat rural a la même importance que dans la France de Mai 68.

      Il faut cesser de regarder le Maghreb avec les lunettes du passé. Ce sont des pays dont le prolétariat moderne et urbain est sur-puissant numériquement et ne supporte plus le joug de ses exploiteurs.

      le choc de la grande crise capitaliste et le choix de la grande bourgeoisie internationale de ne pas aller vers ses velléités régulationnistes mais de cogner dans le tas pour arracher des morceaux supérieurs des richesses accentuent les tensions partout.

      Dans les pays rendus fragiles par des directions bourgeoises corrompues et violentes envers le peuple , ça pète.

      Toute victoire du peuple tunisien a de l’importance partout, autant sur la rive nord que sur les autres rives de la Méditerranée.

      L’explosion extremement dure qu’il y a eut en Albanie doit certainement quelque chose au courage des martyrs tunisiens.

      Faites-nous un gouvernement des travailleurs et là alors les foulées des peuples s’allongeront dans tous les points cardinaux.

      Mais ça ne serait quelque part que la juste prise de pouvoir des seuls pourvoyeurs de richesse en ce bas monde avec mère-nature.

  • Je crois qu’il ne faut pas opposer les intellectuels et les classes pauvres.Beaucoup d’intellectuels quelques soient leurs origines sociales partagent avec ces classes pauvres un désir de transformation de leurs sociétés.La lutte pour les libertés démocratiques, que d’aucuns appellent la démocratie, est nécessaire pour faire avancer ce désir de transformation.Je crois aussi que beaucoup parmi eux ont payé de leur personne pour que cet évènement " la révolution de la liberté" (je la trouve plus juste que celle de " révolution de jasmin".) ait eu lieu.Je n’aime pas aussi ce qualificatif "occidentalisé",car il est idéologique et sous-entend qu’il y a des personnes authentiques et fidèles à leur traditions et nation et que d’autres ne le seraient pas...Le combat contre le capitalisme sera universel ou ne le sera pas : les Bourgeoisies mondiales sont organisées et sont unies et instrumentalisent même des institutions internationales,alors qu’en face les peuples sont dispersés et désunis par des" attitudes culturelles".

  • Pour que la « Révolution » tunisienne du jasmin sorte victorieuse, le peuple tunisien doit mener une guerre consciente pour la prise du pouvoir d’État par les partisans. C’est la seule façon de « réconcilier » les intérêts du peuple travailleur et ceux de l’État du travail. Ce doit être leur État à eux, pas celui des brigands au pouvoir qui doivent tous être chassés : que la rue tunisienne ne laisse pas la petite-bourgeoise opportuniste lui voler sa première victoire. Si la petite-bourgeoise excitée souhaite contribuer à la libération, qu’elle commence humblement par analyser et comprendre la vraie nature de la révolte populaire tunisienne, qu’elle se mette au service des travailleurs tunisiens et qu’elle cesse de dicter les objectifs stratégiques de cette révolte qui n’est pas un « Printemps arabe » mais un « Hiver tunisien » où les travailleurs et les travailleuses cherchent la voie vers le développement, le pain, l’eau, le travail, la dignité et le pouvoir… Pas d’illusion, la lutte populaire n’a pas encore triomphée dans la Tunisie dépossédée, le « Printemps de Tunis » n’est pas terminé.

    ok

  • de

    http://www.collectif-communiste-polex.org/bulletin/bulletin_76_art1.htm


    TUNISIE : APRÉS AVOIR CHASSE LE TYRAN, LE PEUPLE CONTINUE LA LUTTE

    Le peuple tunisien a obtenu une victoire historique en chassant le tyran Ben Ali qui les opprimait depuis 23 ans. Il a ouvert la voie, d’abord aux peuples des pays arabes, mais aussi à tous les peuples du monde en démontrant qu’un peuple qui surmonte sa peur et affiche sa détermination est invincible. Le peuple tunisien a donné raison au poète tunisien Abou El Kacem Chabbi : « Si le peuple veut un jour la vie, il finit par prendre son destin en main (…). La nuit finira par s’éclaircir et les chaînes par se briser ».

    Dans toutes les villes de Tunisie, les manifestations populaires, où les jeunes ont joué un rôle essentiel, d’abord pour l’emploi et le pouvoir d’achat, ont rapidement avancé des revendications politiques fustigeant le pouvoir du despote et la corruption de sa famille. Le mot d’ordre « Ben Ali casse-toi » était scandé dans toute le Tunisie mais aussi en France dans les manifestations de soutien. Cette conscience politique n’est pas surgie du néant et ne s’est pas construite en quatre semaines. Elle a mûri pendant la dictature avec "l’ accumulation de frustrations, de colères et de haines de ce régime", comme le souligne la militante Olfa Lamloum dans "l’Humanité" du 20 janvier. Puis, elle s’est exprimée avec force dans le bassin minier de Gafsa en 2008-2009 où la révolte de toute une population pour le droit au travail a été violemment réprimée. C’est aussi le résultat du travail de longue haleine des défenseurs des droits de l’homme, d’avocats et magistrats, d’étudiants, de syndicalistes et de certains opposants politiques. Travail mené en Tunisie malgré la répression - au prix du harcèlement permanent, des arrestations, des emprisonnements, des tortures - et en Europe, notamment en France, par les associations tunisiennes des droits de l’homme dont certains responsables, comme Kamel Jendoubi, président de CRDLHT, viennent enfin de pouvoir retourner en Tunisie après des années d’exil. Comme l’a reconnu le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik dans "l’Humanité "du 20 janvier :" Ce sont ces hommes et femmes de cœur qui ont réussi l’ exploit de faire sortir la Tunisie de sa léthargie".

    En France, le gouvernement et les principaux médias ignoraient ou méprisaient ces associations et apportaient sans réserve leur appui au dictateur tunisien en « mettant un mouchoir » sur les atteintes aux droits de l’homme. Le silence coupable des journalistes qui, ces dernières années, ont rarement rendu compte de la situation réelle en Tunisie, a connu en quelques heures en une véritable conversion. Aujourd’hui, ils applaudissent le départ du tyran, consacrent les émissions spéciales à la Tunisie et vont jusqu’à donner des leçons de démocratie ! Ils veulent sans doute pouvoir continuer à passer leurs vacances à Djerba ! Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui ne disent pas un mot des violations des droits de l’homme au Sahara occidental. Quand ils arrivent à Marrakech, souvent tous frais payés, ils ne voient pas, n’entendent pas le peuple sahraoui qui clame dans le désert son droit à l’autodétermination. Ces journalistes ne sont pas les seuls à se retrouver à Djerba ou Marrakech, ils y rencontrent des intellectuels "droitsdel’hommistes" ou des membres des gouvernements. Comme Chirac, Nicolas Sarkozy passe régulièrement ses vacances au Maroc invité par le roi. Lors de ses séjours en Tunisie, il a souvent rendu hommage à son "ami" Ben Ali (qu’il a soutenu jusqu’à la dernière minute) et l’a félicité pour la progression de "l’ espace des libertés". L’ambassadeur de France à Tunis est allé jusqu’à écrire : "La Tunisie n’est pas une dictature et ses leaders sont vraiment à l’ écoute du peuple. Le gouvernement fait des progrès sur les droits de l’ homme et la liberté". Ce n’est donc pas étonnant qu’un des principaux slogans des manifestations en France fût : « Ben Ali assassin, Sarkozy complice ! ». Un participant aux dernières manifestations de soutien au peuple tunisien s’étonnait que le responsable du Parti socialiste ait été sifflé jusqu’à être inaudible. Il a fallu lui rafraîchir la mémoire : le soutien du gouvernement Jospin à Ben Ali, les déclarations de Dominique Strauss-Kahn en novembre 1988 après avoir reçu des mains de Ben Ali la médaille de « Grand officier de l’ordre de la République » : « L’économie tunisienne va bien (…) et la politique économique est saine (…). La Tunisie est un modèle pour les pays émergents ». Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui claironne aujourd’hui son soutien à la lutte du peuple tunisien, déclarait il y a quelques mois : « La Tunisie est non seulement sur la bonne voie mais elle réussit mieux que les pays comparables ». Et, cerise sur le gâteau, l’Internationale socialiste a attendu le 18 janvier 2011 pour rompre toute relation avec le RCD, le parti de Ben Ali, (qui en était membre depuis 1970) et l’exclure de ses rangs !

    N’oublions pas non plus les dirigeants de l’Union européenne qui, après avoir imposé à la Tunisie un accord d’ association fondé sur des rapports de domination au profit des multinationales,, se préparaient à lui octroyer au « statut avancé » après l’avoir accordé à Israël et au Maroc, deux pays colonisateurs et répressifs.

    Dans ce bal des hypocrites, ils sont nombreux aujourd’hui à occuper le devant de la scène pour afficher leur récente conversion en essayant de faire oublier leur lâcheté et leur silence coupable quand ce n’était pas leur complicité. Mais les peuples n’oublieront pas car ils ont de la mémoire !

    Au prix de plus de 100 morts et de centaines de blessés, le peuple tunisien a brisé ses chaînes et chassé Ben Ali. Il a ainsi fait vivre son hymne national qu’il a très souvent chanté dans les manifestations : « La nuit va se dissiper et la lumière va apparaître ». Mais il est conscient qu’il lui faut continuer la lutte pour se débarrasser du système Ben Ali que les caciques du RCD, sans doute avec l’appui des pays occidentaux et la complicité de certains « ralliés », voudraient maintenir. Le peuple tunisien a donc encore besoin de notre soutien, d’abord pour conforter sa victoire en garantissant la liberté et la démocratie, mais aussi pour que leur victoire devienne dans tous les pays arabes une onde de choc qui libère leurs peuples et balaie leurs dirigeants corrompus liés à leurs maîtres impérialistes occidentaux.

    Jean-Paul Le Marec

  • Et on s’active de tous côtés ... :

    Le ministre tunisien des AE s’entretient avec le sous-secrétaire d’Etat américain pour le Proche-Orient

    2011-01-25 08:51:01

    xinhua

    Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’unité nationale tunisienne Kamel Morjane s’est entretenu lundi, au siège de son département à Tunis, avec Jeffrey D. Feltman, sous-secrétaire d’Etat américain pour le Proche-Orient qui effectue actuellement une visite en Tunisie.

    Selon l’agence de presse tunisienne TAP, Feltman a salué la révolution du peuple tunisien, réaffirmant la volonté des Etats- Unis de continuer de soutenir la cause tunisienne pour la liberté d’opinion et de presse et la consécration des droits de l’homme et de la démocratie.

    L’entretien a permis d’examiner les moyens permettant de développer les relations bilatérales dans tous les domaines et en particulier dans les secteurs économique et éducatif , a ajouté la TAP.

    Auparavant, le département d’Etat américain a souligné que Feltman visite la Tunisie pour des entretiens sur "les réformes démocratiques et les élections" avec le gouvernement de transition

    http://french.cri.cn/621/2011/01/25...

  • Communiqué relayé


    Tunisie : Front du 14 janvier

    Ce 20 Janvier 2011, plusieurs organisations de la gauche radicale en Tunisie, notamment le PCOT(Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie) et le PTPD (Parti du Travail Patriotique et Démocratique), se sont constitués en Front. Ce front porte le nom de « Front du 14 Janvier » en référence à la date de la fuite de Ben Ali, le président déchu.
    Front du 14 janvier

    Il se donne pour but notamment d’organiser la résistance au gouvernement de transition actuel auquel participe toujours les caciques du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti de Ben Ali, et de construire une alternative populaire issue des comités de vigilance créés dans plusieurs quartiers de Tunisie pour se défendre de la terreur semée par les appareils du RCD et de la police présidentielle. L’appel s’adresse à toutes les forces de progrès politiques, syndicales et associatives pour accomplir les objectifs voulus par la révolution populaire tunisienne. Voici la traduction du texte fondateur :
    Affirmant notre engagement dans la révolution de notre peuple qui a combattu pour son droit à la liberté et à la dignité nationale et a fait de grands sacrifices dont des dizaines de martyrs et des milliers de blessés et de détenus, et afin d’achever la victoire contre les ennemis intérieurs et extérieurs et de s’opposer aux tentatives avortées pour écraser ces sacrifices, s’est constitué « le Front du 14 Janvier » comme un cadre politique qui s’emploiera à faire avancer la révolution de notre peuple vers la réalisation de ses objectifs et de s’opposer aux forces de la contre-révolution. Ce cadre comprend les partis, les forces et organisations nationales progressistes et démocratiques.
    Les tâches urgentes de ce Front sont :
    1 – Faire tomber le gouvernement actuel de Ghannouchi ou tout gouvernement qui comprendrait des symboles de l’ancien régime, qui a appliqué une politique antinationale et antipopulaire et a servi les intérêts du président déchu.

    2 – La dissolution du RCD et la confiscation de son siège, de ses biens, avoirs et fonds financiers étant donné qu’ils appartiennent au peuple.

    3 – La formation d’un gouvernement intérimaire qui jouisse de la confiance du peuple et des forces progressistes militantes politiques, associatives, syndicales et de la jeunesse.

    4 – La dissolution de la Chambre des Représentants et du Sénat, de tous les organes fictifs actuels et du Conseil supérieur de la magistrature et le démantèlement de la structure politique de l’ancien régime et la préparation des élections à une assemblée constituante dans un délai maximum d’un an afin de formuler une nouvelle constitution démocratique et fonder un nouveau système juridique pour encadrer la vie publique qui garantit les droits politiques, économiques et culturels du peuple.

    5 – Dissolution de la police politique et l’adoption d’une nouvelle politique de sécurité fondée sur le respect des droits de l’homme et la supériorité de la loi.

    6 – Le jugement de tous ceux qui sont coupables de vol des deniers du peuple, de ceux qui ont commis des crimes à son encontre comme la répression, l’emprisonnement, la torture et l’humiliation – de la prise de décision à l’exécution – et enfin de tous ceux qui sont convaincus de corruption et de détournement de biens publics.

    7 – L’expropriation de l’ancienne famille régnante et de leurs proches et associés et de tous les fonctionnaires qui ont utilisé leur position pour s’enrichir aux dépens du peuple.

    8 – La création d’emplois pour les chômeurs et des mesures urgentes pour accorder une indemnisation de chômage, une plus grande couverture sociale et l’amélioration du pouvoir d’achat pour les salariés.

    9 - la construction d’une économie nationale au service du peuple où les secteurs vitaux et stratégiques sont sous la supervision de l’État et la re-nationalisation des institutions qui ont été privatisées et la formulation d’une politique économique et sociale qui rompt avec l’approche libérale capitaliste.

    10 – La garantie des libertés publiques et individuelles, en particulier la liberté de manifester et de s’organiser, la liberté d’expression, de la presse, de l’information et de pensée ; la libération des détenus et la promulgation d’une loi d’amnistie.

    11 – Le Front salue le soutien des masses populaires et des forces progressistes dans le monde arabe et dans le monde entier à la révolution en Tunisie, et les invite à poursuivre leur appui par tous les moyens possibles.

    12 – La résistance à la normalisation avec l’entité sioniste et sa pénalisation et le soutien aux mouvements de libération nationale dans le monde arabe et dans le monde entier.

    13 – Le Front appelle toutes les masses populaires et les forces nationalistes et progressistes à poursuivre la mobilisation et la lutte sous toutes les formes de protestation légitime, en particulier dans la rue jusqu’à l’obtention des objectifs proposés.

    14 – Le Front salue tous les comités, les associations et les formes d’auto-organisation populaire et les invite à élargir leur cercle d’intervention à tout ce qui concerne la conduite des affaires publiques et les divers aspects de la vie quotidienne.


    Gloire aux martyrs de l’Intifada et Victoire aux masses révolutionnaires de notre peuple
    .
    Tunisie, le 20 Janvier 2011
    ** Ligue de la gauche travailliste
    ** Mouvement des Unionistes Nassériens
    ** Mouvement des Nationalistes Démocrates (Al-Watad)
    ** Courant Baasiste
    ** Gauche Indépendante
    ** PCOT (Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie)
    ** PTPD (Parti du Travail Patriotique et Démocratique)

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