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LE RÔLE DES FEMMES DANS LES RÉVOLUTIONS EN AFRIQUE

Publie le mercredi 28 mars 2007 par Open-Publishing

LE RÔLE DES FEMMES DANS LES RÉVOLUTIONS EN AFRIQUE
Le cas exemplaire de Ndatté Yalla du Sénégal
Diye Ndiaye

L’histoire de la conquête coloniale qu’on nous apprend laisse parfois penser qu’il s’est agi d’un processus sans opposition de la part des populations locales, que l’Afrique s’est laissée dompter sans réagir : la plupart des textes suivent ce sillon interprétatif. Et aussi dans les cas où des personnages ayant combattu contre l’administration coloniale sont décrits, il s’agit dans 99% des cas de personnages masculins, des courageux héros de la résistance africaine.

On ne peut sûrement pas dire que, déjà à l’époque précoloniale, les premiers explorateurs et commerçants n’avaient pas remarqué le rôle occupé par les femmes dans les sociétés africaines : bien que les hommes affirmaient leur suprématie politique, on réservait en effet aux femmes des espaces importants de pouvoir. Ces espaces étaient particulièrement visibles dans les sociétés matrilinéaires, où la transmission des fonctions politiques et des biens passaient à travers les femmes : la vie était organisée autour des mères et le pouvoir des hommes s’en trouvait atténué.

Toutefois, les écrits existant sur les femmes africaines n’ont pas manqué de les décrire et de les présenter comme des êtres « mineurs », asservis aux hommes, probablement aussi parce que les territoires dont venaient les colonisateurs étaient des sociétés dominées par les hommes et, en tant que tels, ceux qui ont écrit à l’époque à propos de l’Afrique se sont surtout préoccupés des affaires d’hommes.

Il y a ainsi eu longtemps une grande difficulté dans la reconnaissance et l’admiration de l’autonomie des femmes vis-à-vis des hommes, de la souveraineté de leurs initiatives. La femme africaine, au moins dans la société précoloniale sénégalaise comme dans tant d’autres, n’a été ni le reflet de l’homme ni son esclave.

Le cas de la linguère Ndatté Yalla du Waalo, la souveraine le plus reconnue de cette région historique du Sénégal, est justement un exemple témoignant de la façon dont les femmes n’étaient absolument pas exclues de la succession au trône. Nadatté Yalla monta sur le trône le 1er octobre 1846 après la mort de sa sœur, la linguère Djeumbeuth M’Bodj, mais il convient de rappeler que d’autres chercheurs ont relevé comment depuis le XII siècles huit femmes ont présidé l’une après l’autre au destin du règne du Waalo.

Le système politique de ce règne octroyait aux femmes une fonction importante, car à côté du brack, le nom qu’on donnait au roi, était désignée la linguère, un rôle réservé selon de précises règles de succession à une femme de la descendance maternelle du brack. Ces femmes étaient les gardiennes du trésor familial et elles avaient un rôle souvent décisif dans le choix du brack lui-même, en se servant souvent de cette position stratégique et d’influence pour arriver à un contrôle absolu du trône.

La notoriété de Ndatté Yalla est due en particulier au fait qu’elle a été la première souveraine rencontrée par l’armée française, commandée par le Général Faidherbe, face à l’occupation duquel on se rappelle encore aujourd’hui de courageux épisodes de résistance et d’opposition.

"Federazione PRC Firenze"

Traduit de l’italien par karl&rosa