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LES COMMUNISTES DÉBATTENT DE LEUR AVENIR ET DE LEUR UTILITÉ
Publie le lundi 27 octobre 2008 par Open-Publishing
LES COMMUNISTES DÉBATTENT DE LEUR AVENIR ET DE LEUR UTILITÉ
Ils vont choisir, entre le texte du Conseil national et deux textes alternatifs, celui qui servira de base commune à la préparation du 34e Congrès. Le vote aura lieu les 29 et 30 octobre.
Par J.M.H.
LES 29 et 30 octobre, ceux des 134 000 adhérents du Parti communiste qui seront à jour de leur cotisation vont pouvoir voter. Ils devront choisir, entre trois textes, celui qui servira de base commune à la discussion de leur 34e Congrès, qui se tiendra du 11 au 14 décembre à La Défense. Le 6 septembre, le Conseil national du PCF avait adopté par 88 votes pour, 7 contre et 29 abstentions, le texte intitulé « Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien » quʼil propose comme base commune de discussion.
Comme le stipulent les statuts du PCF, les adhérents avaient cinq semaines pour examiner ce texte. Ceux qui considèrent que le texte adopté par le CN ne peut servir de base de discussion à tout le parti avaient la possibilité de déposer un texte alternatif. Sʼils parvenaient à réunir 200 signatures de membres du PCF venant dʼau moins 10 départements, le texte était validé et soumis au vote des adhérents. À lʼéchéance du 10 octobre, deux textes alternatifs ont ainsi été reçus à la commission de transparence des débats et validés par elle. Lʼun, intitulé « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps », est notamment présenté par Henri Alleg, Emmanuel Dang Tran, le député et maire de Vénissieux André Gerin, le conseiller général dʼAubervilliers Jean-Jacques Karman et Henri Martin. Lʼautre, intitulé « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme », déclare comme principaux signataires Jacques Lesne de la Seine-Saint-Denis,Hubert Prévaud du Tarn, Jérôme Métellus et Greg Oxley de Paris et Christophe Cambefort de la Haute-Garonne. Le vote aura donc lieu entre le texte proposé par le CN et les deux textes alternatifs.
Un quatrième texte sera pourtant versé au débat des communistes. Pierre Zarka, Roger Martelli, Patrick Braouezec, le député de Saint-Denis, et Catherine Tricot ont en effet déposé un texte, « Continuer lʼengagement communiste. Fonder une nouvelle force politique » et recueilli les signatures nécessaires. Mais ils ne souhaitent pas voir leur texte soumis au vote des communistes. « La base commune nʼen est pas une, explique Pierre Zarka. Elle ne rend pas compte des différentes opinions. Cʼest en retrait sur les précédents congrès. » Pierre Zarka « dénie au congrès toute validité. Présenter un texte alternatif, ce serait entrer dans une logique que nous refusons ».
La commission de transparence a néanmoins souhaité que ce texte soit versé au débat. « Pour lʼinformation des communistes, nous voulons que toutes les cartes soient sur la table », explique Hervé Bramy, président de la commission, qui regrette que les auteurs de la proposition de fonder une nouvelle force politique nʼaient pas souhaité soumettre leur texte au vote. Il apparaît évident que Braouzec et les siens ne veulent pas se compter au moment où les adhérents du PCF veulent retrouver une réelle identité pour appliquer une politique véritablement à gauche.
Laisser les communistes continuer le combat du PCF
A Grenay, la semaine dernière Jean- Claude Danglot a vivement réagi à cette décision de la direction nationale d’envoyer aux adhérents le texte des refondateurs. Cela représente un déni de démocratie pour un texte qui nʼa pas été déposé dans le cadre des statuts : "Débattre de différents choix stratégiques, de la forme dʼorganisation, du programme, du projet communiste fait partie de la démocratie et du rôle dʼun congrès. Mais débattre de la création dʼune autre formation politique dans le cadre du congrès et contre lʼavis majoritaire des communistes, cʼest inacceptable !" Le responsable fédéral s’est d’ailleurs réjoui quʼune majorité de communistes ne sʼest pas laissé séduire par les appels à la liquidation. Cela constitue une victoire à laquelle ont participé les communistes du Pas-de-Calais depuis les années 90 ne cessant de dénoncer les orientations stratégiques et lʼabandon des fondamentaux :"Une première victoire, car il ne suffit pas de maintenir le PCF en tant quʼorganisation politique, il faut de nouvelles orientations, un congrès qui ne soit pas du « déjà vu » ».
Si à partir du choix majoritaire exprimé par les communistes on peut considérer que les conditions sont créées pour une unité nouvelle du parti, Jean-Claude Danglot considère qu’au regard des assemblées de section qui se sont tenues dernièrement, que le projet de base commune ne correspond pas à lʼattente des communistes, il soulève même quelques inquiétudes comme la création dʼespaces dʼélaboration politique, qui est une autre manière de contourner le PCF. En ce sens, le secrétaire fédéral estime que le texte alternatif signé par Gérin et déjà plus de 600 adhérents va dans le bons sens et il en partage le contenu qui prolonge ceux des derniers congrès. Jean-Claude Danglot appelle les communistes du Pas-de-Calais à participer à la consultation nationale et aux sections pour lʼorganiser.
Cela étant, la consultation dégagera un texte majoritaire qui sera seul soumis au débat du congrès national. Pensant que la Fédération du Pas-de- Calais, de par son apport original au débat national, devait sʼexprimer en tant que telle, il informe l’assemblée d’une motion qui donne des pistes de réflexion et de propositions, à débattre lors des conférences de section, enrichie sʼil le faut sans dépasser son objet initial, celui dʼune motion présentée sur 4 propositions et non dʼun texte.
Une motion fédérale pour impulser le travail des commmunistes du Pas-de-Calais
Cette motion sʼarticule en 4 axes pour agir en permanence afin demettre en échec les projets néfastes de la droite et la faire battre électoralement.
"Mais, construire une alternative au capitalisme ne se limite pas aux victoires électorales de la gauche dans les conditions où celles-ci se trouvent. Les accords électoraux sont nécessaires pour accéder à des responsabilités pour ne pas nous détourner des institutions, lieu de décision, mais ils ne doivent pas semer des illusions et être confondu avec le rassemblement pour changer la société, un rassemblement anticapitaliste bien plus large. La construction de ce rassemblement populaire majoritaire doit être lʼépine dorsale de notre stratégie qui se doit avant tout, sans raccourci, favoriser le débouché politique au capitalisme. La question de lʼexistence du PCF, de son influence nationale et locale se pose dans le cadre de ce rassemblement, pour quʼil bénéficie de lʼexpérience de celui-ci liée à son histoire, à ses valeurs, à ses propositions, à son organisation militante, à son réseau dʼélus. Il ne faut pas nous couper de lʼélectorat de gauche par des positions gauchistes mais il faut aussi avoir le courage de lui dire que son rassemblement populaire, sans lutte, sans projet alternatif au capitalisme tel que le socialisme, sans redressement du courant révolutionnaire quʼincarne le PCF, la gauche peut gagner des élections, mais faute de changement elle sera battue à nouveau par la droite" souligne Jean-Claude Danglot.
Cette motion comprend également 8 objectifs, dont celui de tenir une conférence fédérale à lʼautomne 2008 consacrée à la vie de notre Fédération, de nos sections. La conférence fédérale de Divion, les conférences de sections qui doivent se dérouler en Novembre, doivent être déjà une étape vers cet objectif. Il s’agit également de revenir à des stages de formation de nos militants et en particulier de nos jeunes qui ont peu de repère idéologique, théorique.
Toujours dans le domaine du parti, il importe que la Fédération, les sections se préoccupent du développement de la Jeunesse communiste. De même le plan de travail élaboré en Septembre doit suivre son rythme avec des actions quʼils faut prolonger, développer.
Les questions liées à lʼEducation nationale sont prioritaires, dʼautant que dans ce domaine vital pour lʼavenir de notre jeunesse, notre région est maltraitée. Après la manifestation nationale du 27 septembre sur le pouvoir d’achat, il faut rebondir sur cette préoccupation première des Français dʼautant que la crise aura ses prolongements sur les salaires et les retraites, voire les impôts... Il y a également les questions liées aux services publics. EDF, Transports et dans lʼimmédiat la Poste avec le projet de privatisation. Dans ce contexte où la mode nʼest plus à vanter le mérite des privatisations, Sarkozy semble avoir pris la décision de repousser ce projet mais il faut accentuer la mobilisation.
Alors que le chômage repart à la hausse en France et dans notre département, lʼindustrie continue à souffrir. La filière automobile est particulièrement menacée avec des sites entiers qui risquent dʼêtre rayés de la carte de notre département, ce qui nécessite de développer l’action. Pour terminer, la motion avance quelques priorités que les communistes du Pas-de-Calais vont rapidement se saisir à bras-le-corps comme l’indiquent les prises de parole qui ont suivi le rapport fédéral.
EXTRAITS DES TROIS TEXTES PROPOSÉS AU VOTE DES COMMUNISTES
« VOULOIR UNMONDE NOUVEAU, LE CONSTRUIRE AU QUOTIDIEN »
Base commune proposée par le Conseil national
LE texte adopté par le Conseil national du PCF fonde la nécessité dʼengager des transformations du projet et de lʼorganisation communistes sur lʼidée que nous vivons « une nouvelle époque, un autre monde », une « mutation de civilisation » qui « change très profondément les conditions du combat ». Révolution informationnelle, nouvelle phase de la mondialisation capitaliste, crise des modes de développement, crise écologique, état du monde marqué par de nouvelles conflictualités rendent nécessaires et possibles « un autre mode de développement » et « une autre conception du développement humain ». Le texte ouvre la voie dʼun nouveau projet politique de changement fondé sur la démocratie, lʼintervention citoyenne, et lʼunité des exploités et des dominés. Nouveau mode de développement rompant avec le productivisme, démocratie participative, refondation de lʼEurope sont au coeur du projet proposé.
Le PCF doit à la fois « mettre en débat les grandes transformations nécessaires » et « se donner les moyens politiques de leur réalisation ». Il sʼagit de « favoriser de nouvelles dynamiques populaires » en amplifiant les ripostes et en impulsant des constructions majoritaires pour le changement. Cette démarche suppose « une construction populaire permanente », une « construction unitaire permanente » avec des « fronts, des alliances », « la volonté continûment affichée dʼinscrire ces constructions dans le cadre dʼune transformation durable de la société et du monde ». Lʼobjectif est de construire un « front progressiste et citoyen » liant cette dynamique citoyenne et la réalisation dʼune union des forces politiques de gauche pour construire une majorité de changement. Dans ces conditions, et avec ces ambitions, il faut « repenser lʼavenir du PCF », dit le texte : « Il faut nous révolutionner pour construire, à partir du meilleur de ce que nous sommes, une force porteuse dʼavenir, identifiée à un projet dʼémancipation du XXIe siècle ». Le choix que propose le Conseil national est « dʼengager de profondes transformations du PCF », une démarche qui lui semble « plus féconde que celle de la recherche de la constitution dʼun autre parti aux contours incertains ».
« RENFORCER LE PCF, RENOUER AVEC LE MARXISME »
Texte alternatif proposé notamment par Jérôme Métellus et Greg Oxley
DANS ce texte se référant souvent aux expériences politiques menées en Amérique latine, les contributeurs notent que « la crise profonde du capitalisme ouvre de grandes perspectives au PCF ». Mais pour les rendre réalisables il faut « absolument (...) rompre avec la politique insipide du réformisme antilibéral et renouer avec les traditions militantes et révolutionnaires du passé ». Le texte regrette par ailleurs « la dilution progressive » du programme du PCF et « la participation de la direction » au gouvernement Jospin entre 1997 et 2002. Sʼil est admis que les communistes « doivent participer à toutes les luttes qui sʼengagent contre les inégalités », à la différence des réformistes ils doivent garder pour objectif « le renversement du capitalisme, cʼest-à-dire la nationalisation des banques et de la grande industrie », le tout sous « le contrôle démocratique des salariés eux mêmes ». Dans tous les cas, « le redressement du PCF passe nécessairement par un retour aux idées fondamentales du marxisme ».
Les auteurs consacrent un chapitre entier de leur contribution à la question. « Tous les communistes devraient (...) sʼefforcer de comprendre le marxisme, à commencer par les classiques de Marx et Engels ». Selon eux, « le programme révolutionnaire » dont doit se doter le PCF devra « sʼappuyer sur "avant-garde" qui est composée des éléments les plus conscients et les plus actifs », afin de lui faire « prendre profondément racine dans lʼensemble de la classe ouvrière ». Par ailleurs, le déclin du Parti communiste, sʼil est le fait « des erreurs et des égarements » de la dernière période, ne saurait être « irréversible ». « Nous rejetons catégoriquement les arguments de ceux qui voient dans les difficultés de la dernière période les signes dʼun déclin historique », préviennent les auteurs. « Lʼidée dʼune dissolution du parti ou de sa transformation en "autre chose" doit être définitivement et fermement écartée ». Concernant les alliances, sʼils refusent « dʼexclure dʼavance toute participation gouvernementale », les auteurs la conditionnent à « des mesures décisives pour briser le pouvoir des capitalistes et améliorer sérieusement les conditions de vie de la majorité ».
« FAIRE VIVRE ET RENFORCER LE PCF, UNE EXIGENCE DE NOTRE TEMPS »
Texte alternatif proposé notamment par André Gerin et Jean-Jacques Karman
POUR les signataires de ce texte, la base commune proposée par la direction poursuit la stratégie qui a conduit à lʼaffaiblissement du PCF. « Elle ne propose aucune rupture avec le système capitaliste et abandonne toute perspective révolutionnaire, transformant le PCF en coquille vide. « La mondialisation nʼest quʼune aggravation de lʼimpérialisme » et « montre que le socialisme comme perspective politique et le marxisme nʼont jamais été autant dʼactualité ». Le texte appelle à « se libérer du carcan de lʼUnion européenne ». Lʼurgence est de « construire et renforcer les résistances et rassembler les exploités ». Il est reproché à la direction du PCF de ne pas assumer ses responsabilités, dans lʼéchec de la gauche plurielle comme dans celui du rassemblement antilibéral. Il souligne que « le PCF doit retrouver sa fonction tribunicienne, appeler à repenser la révolution », « conquérir des pouvoirs économiques, financiers et médiatiques, face aux dogmes de la pensée libérale ». Le PCF doit rompre avec une stratégie qui consiste à « préparer en 2012 une nouvelle alternance électorale derrière le PS », et mettre en oeuvre « un rassemblement populaire » de « rupture avec le capitalisme ». Lʼessentiel du propos est consacré au Parti communiste dont il faut « assumer lʼhistoire » et « continuer le combat ». Le texte détaille l’ « apport incomparable » du PCF depuis sa création en 1920. Seule note critique dans lʼhistoire communiste, « la mutation, puis les collectifs antilibéraux » : la direction a voulu rompre « avec lʼhistoire communiste et le marxisme ». Ce qui explique « lʼémiettement des communistes » laissés « sans armes idéologiques et sans organisation ».
Il sʼagit donc aujourdʼhui de renouveler le choix de 1920 dans les conditions du XXIe siècle. Le texte propose donc de reconstruire lʼorganisation du PCF à partir de cellules dans les quartiers populaires et les entreprises, et de redonner aux militants une formation idéologique leur permettant dʼagir. Le PCF doit développer une analyse marxiste et reconquérir idéologiquement les classes populaires, redevenir un parti dʼopposition et de luttes. Il faut redonner au PCF son indépendance en refusant lʼhégémonie du PS ou la dilution dans la gauche de la gauche.