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LES RENDEZ-VOUS DE LA DÉMOCRATIE

Publie le mardi 20 février 2007 par Open-Publishing
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Voter, c’est choisir et agir pour le développement de La Réunion

DI SAK NA POU DI

NOUS sommes à la veille d’une série d’élections importantes. Il convient d’être attentifs aux programmes et aux propositions des candidats, de pouvoir les interpeller et de faire valoir des propositions.

La Commission diocésaine “Justice et Paix” est une voix privilégiée de l’Eglise dans le domaine social. Avec l’“enseignement social” de l’Eglise, la Commission est convaincue que « être citoyen » ne se limite pas à déposer son bulletin dans l’urne. Pour tous les électeurs, et surtout pour les chrétiens, le souci de la vie citoyenne doit s’inscrire durablement dans la vie quotidienne. Il s’agit prioritairement de consolider la démocratie par l’exercice de nos responsabilités civiques : sortir de l’individualisme. Agir de plus en plus en solidarité avec les autres pour construire le bien commun. Tout le temps. Partout. Ensemble, les hommes et les femmes de notre île ont à “bâtir une communauté de destin”. La réalisation de celle-ci passe par la fonction politique. Il n’y a pas de démocratie sans fonction politique résultant de mandats politiques validés par un vote.

Voter est un droit et un devoir de conscience pour améliorer notre “vivre ensemble”. Par notre vote, il nous faudra donc choisir des hommes et des femmes compétents, intègres et généreux, ayant le sens des responsabilités dans la gestion du bien commun, conscients de l’importance et de la dignité de leurs mandats. En étant unis et solidaires, les êtres humains ont la capacité de relever les défis. Il n’y a pas de fatalité.

Aujourd’hui, quel est l’état de la France et de la société réunionnaise ? Que souhaitons-nous pour la France et pour notre île ? Qu’est-ce qui est possible en comptant avec nos multiples appartenances : La Réunion, l’ensemble français, l’Europe, l’Océan Indien et le monde ?

La personne élue à la Présidence de la République aura à favoriser l’unité nationale au moment où la France redécouvre ses particularités régionales et locales, d’autant plus que ces réalités ont leur place spécifique et reconnue dans l’espace européen. Le grand débat électoral auquel sont conviés les Français doit aussi être l’occasion de redonner un sens au projet européen. L’avenir de la France est en même temps indissociable de l’avenir du monde. Nous avons à réfléchir sur des orientations à promouvoir avec les autres peuples de la planète : quel modèle de développement ? Comment vaincre l’exclusion massive d’une partie de la population du monde du travail ? remettre en cause nos habitudes de vie et de consommation ? créer des emplois en revalorisant toutes les potentialités ? ne pas détruire les conditions mêmes de la vie, partager équitablement les ressources du monde ?

À La Réunion, nous sommes Français et nous sommes Européens. Pour autant, géographiquement, La Réunion n’est pas en France, ni en Europe. Nous sommes en proximité avec les îles de l’Océan Indien, entre l’Afrique, l’Inde et la Chine. Notre population est humainement riche aux croisements de multiples civilisations. La Réunion a connu en 40 ans une formidable transformation. Mais cette réussite n’a pas bénéficié à toute la population. De nombreuses disparités perdurent. Nous connaissons encore des situations inacceptables que notre société égoïste ne voit plus : injustices, pauvreté, exclusions, illettrisme. Dans le passé colonial, nous avions une économie de comptoir et de plantation. Il ne faudrait pas aujourd’hui perdurer comme “une colonie de consommation” où l’on va se contenter d’exploiter les gisements financiers constitués par les dépenses publiques.

Le développement de La Réunion a pu laisser croire à un succès historique en matière de stratégie de développement. Mais ce modèle basé sur des transferts aussi importants en volume et en croissance n’est ni soutenable, ni pérenne. La Réunion est en effet une petite économie exposée aux chocs extérieurs et soumise au développement de monopoles créant des distorsions de prix. Son activité économique est tonique, mais demeure insuffisante en termes de création d’emplois. Pour répondre à cette demande en volume suffisant, il importe d’amplifier l’activité économique. Cela passe notamment par la définition d’une organisation économique qui donnera effectivement la priorité à la création d’emplois pérennes en nombre suffisant. Il y va de la vie et de l’avenir des hommes et des femmes qui vivent sur cette île. Le débat est donc nécessaire et il faut l’ouvrir.

Profitons de la période qui s’ouvre devant nous pour nous exprimer dans l’élaboration des projets politiques, sortir de l’opportunisme, sortir d’une double logique d’assistanat et d’assimilation “déresponsabilisante”, favoriser une réflexion pour orienter les transferts publics davantage vers la création d’activités, travailler à l’harmonisation de la société réunionnaise. Nul ne peut trouver les réponses seul, il nous faut les trouver ensemble. Dans l’exercice de la démocratie, ce qui compte, c’est le civisme de la population. Voter, c’est choisir et agir pour le développement de La Réunion.

Pour la Commission Diocésaine Justice et Paix
Le Président, Mgr Gilbert Aubry
Le Secrétaire, M. Philippe Jean-Pierre

(NB : Ce texte est un condensé d’un document plus complet accessible sur le site du diocèse : diocese-reunion.org)

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