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LES SALARIÉS D’ENERGY PLAST PLAIDENT LEUR CAUSE DEVANT LA COUR D’APPEL DE PARIS

Publie le lundi 18 juin 2007 par Open-Publishing

Liberté 62 n°761 - Le 15 Juin 2007 – p.6 – Social

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ENERGY PLAST (EX-SAMSONITE) :

LES SALARIÉS PLAIDENT LEUR CAUSE DEVANT LA COUR D’APPEL DE PARIS.

JUGEMENT, LE 5 JUILLET PROCHAIN

Par Pierre Pirierros

Juin n’est pas mars. Non, il ne s’agit pas des conditions climatiques mais des conséquences de l’appel en justice des salariés d’Energy Plast (ex-Samsonite), conséquences qui iraient, selon l’avis général, dans le sens des salariés floués et bafoués par leur ancienne direction. On connaît l’âpreté de la lutte des travailleurs de la filiale de cette multinationale américaine dont les publicités des produits sont une perpétuelle provocation envers toutes celles et tous ceux qui les fabriquent. Jean-Marc Mairesse, ancien secrétaire du comité d’entreprise, est, lui, optimiste, tout comme l’avocat des salariés Maître Rilov.

TROIS heures d’audience, trois heures de tour d’horloge, avec, face-à-face, des cabinets de spécialistes en affaires financières, que ce soit pour Samsonite ou HB Group et l’avocat des salariés. La Cour d’appel de Paris, avait, donc, à statuer, le 7 juin dernier, sur la méthode de cession de Samsonite à HB Group, via des hommes de paille, et sur la saisie conservatoire de la marque. Encore quelques jours de patience pour connaître la décision du tribunal, ce sera le 5 juillet prochain. Mais cette patience est une vertu, ajoutée à la pugnacité d’une lutte exemplaire du personnel dont les explications de leur but social, faire condamner la direction et obtenir son dû, ont permis à la population d’Hénin-Beaumont et des environs de mieux comprendre de quoi il s’agit. Tous les salariés avaient pris rendezvous avec la justice contre des pratiques financières douteuses et les salariés attaquent Samsonite pour cession frauduleuse de l’usine d’Hénin-Beaumont à Energy Plast. Une centaine de personne avait fait le déplacement jeudi 7 juin à Paris, ce qui est, à coup sûr, une donnée incontournable dans une belle solidarité.

Toute cette affaire rebondit sur la notion de cession d’une entreprise àune autre. “Notre combativité est intacte, disent-ils, le délibéré du tribunal de Paris nous était défavorable en mars dernier mais avons poursuivi nos démarches. Et nous avons porté plainte individuellement pour nos droits puisque le CE, au regard de la justice, n’a pas de mandat pour cela. Nous sommes tous mobilisés et nous le resterons pour garder nos emplois. Samsonite ne voulait plus des salariés ; s’en débarrasser sur un laps de temps de deux ans lui paraissait une bonne occasion avec au passage un compromis avec HB Group. En fait, éviter à tout prix de financer le plan social avant la cession. C’est paradoxal et d’autant plus paradoxal qu’il est rare qu’une société vienne acheter une entreprise présentée comme non rentable et en fin de course”. “Sauver le site ? C’était un site plus que viable. On se retrouve avec un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) qui va être financé à hauteur de 200.000 euros pour 200 salariés, alors que le 21 décembre 2006, Samsonite a annoncé qu’il reversait à ses actionnaires 175 millions de dollars. C’est intolérable. C’est scandaleux. Nous dénonçons aussi ce PSE, très insuffisant au regard des moyens du groupe”, explique Jean-Marc Mairesse. Maître Rilov résume, si l’on peut dire, cette affaire en ces termes “Mettre fin à toute une stratégie de licenciement et d’externalisation du personnel”, c’est un argument solide. Le 15 février dernier, le tribunal de commerce de Paris prononçait la liquidation judiciaire après la cessation de paiement, ce qui signifiait la fin de entreprise installée depuis 1984 dans le paysageindustriel d’Hénin-Beaumont.

Manipulations financières

Reprendre une usine qui “tourne” à pertes est pour le moins paradoxal et la CGT en épluchant le rapport d’expertises découvre tous les dessous d’une affaire financière qui n’est, ni plus, ni moins, qu’une manipulation managériale entre le bagagiste Samsonite et ces repreneurs. Aujourd’hui, l’usine est liquidée. Il n’est pas possible pour lui de se faire ainsi extorquer son savoir-faire et son intelligence.Cette démarche fut effective, également au siège social européen du bagagiste européen à Oudenaarde, en Belgique. Tout le dossier financier examiné par un cabinet d’expertise montre bien des anomalies criantes. Anomalies qui ne peuvent que mobiliser les 204 salariés du boulevard. Darchicourt. Jean-Marc Mairesse, secrétaire de la CGT du site d’Hénin- Beaumont, et Maurad Rabhi, secrétaire général de la fédération CGT textile- habillement-cuir, dénoncent toute cette opération frauduleuse en disant sans ambages que “deux millions d’euros ont été détournés de l’entreprise Energyplast vers la holding financière que les deux actionnaires ont montée. Cela constitue un abus de bien social”. Les salariés qui ont effectué le déplacement du 7 juin à Paris sont catégoriques : “Nous allons devant les tribunaux et nous avons les preuves pour dire avec force que Samsonite voulait rouler tout le personnel dans la farine. C’est insupportable ! La cessation de paiements et le redressement judiciaire ne sont, en rien, des notions abstraites ; en fait, des signes évidents de casse de toute l’unité et, en définitive, c’est tout le personnel qui a payé les pots cassés. Nous ne l’avons jamais accepté. Nous ne l’acceptons toujours pas.”

Démarches tous azimuts

Maître Fiodor Rilov est explicite, “dans le cadre de ce groupe, le plan social se serait élevé entre douze et quinze millions d’euros avec tout ce que cela induit. En externalisant le problème et surtout les salariés le bagagiste fait une bonne opération, pour sa renommée, bien sûr, mais aussi pour les relations entre l’ancien propriétaire et les nouveaux actionnaires. Des relations plus que troublantes pour les syndicalistes. Le rapport du cabinet Secaphi-Alpha est solide. Les deux actionnaires ne sont en fait que des hommes de paille. Au tribunal, j’ai mis en avant la casse des contrats de vente entre Samsonite et les actionnaires d’Energy Plast afin que la responsabilité du bagagiste soit pleine et entière. Il est trop facile d’annoncer une liquidation en faisant tout porter sur le dos des salariés.” Occupation, assemblées générales, prises de paroles, démarches tous azimuts, les “Samsonite” sont toujours dans l’action pour exiger ce qu’ils ont droit.

“Devant le fait accompli, commente Daniel, avec 20 ans d’ancienneté, nous ne pouvions plus faire marche arrière. En 2002, ll y eut des licenciements par dizaines et les difficultés allaient en s’accélérant. Nous étions loin, très loin des années 1990 et d’une “machine” qui tournait bien. Les restructurations allaient signer notre arrêt de mort et notre licenciement.”