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S’abreuver à l’une ou l’autre des vivifiantes sources de la prose climatique constitue toujours un exercice réjouissant. Cela stimule les neurones et prévient Alzheimer...
Yvan – loué soit-il – m’a signalé le passionnant rapport sur le climat figurant sur le site de Météo France co-préfacé par Jean JOUZEL, directeur de l’Institut Simon Laplace, prix Nobel (hélas, pris Nobel de la paix, nullement Nobel dans une discipline scientifique…). [1]
A peine dix minutes d’une lecture aérienne m’auront suffit à y découvrir un pur chef d’œuvre de la rigueur scientifique post-moderne (comme ils disent à De Defensa).
La prose (partie scientifique)
Voici la prose (p. 29 du rapport de Météo France) [entre crochets, mes observations ; le découpage et la numérotation des « versets » sont aussi de mon fait] :
« 1 - Pour les changements climatiques futurs, plusieurs résultats [à large échelle, c’est moi qui le précise] sont considérés comme robustes car ils se retrouvent dans les différents modèles et ont des explications théoriques. […] [2]
Corrélativement cela signifie que les autres résultats ne doivent pas être considérés comme robustes…
Il manque néanmoins deux conditions pour que ces résultats puissent réellement être considérés comme robustes :
1°) qu’ils reproduisent précisément les données disponibles (petit problème, celles-ci ont été « arrangées » [3]).
2°) qu’ils soient falsifiables, c’est-à-dire, en l’occurrence, que leurs prévisions soient raisonnablement corroborées par les événements qui surviennent, par exemple le refroidissement en cours depuis 1998....
« 2 - À côté de ces résultats robustes, des questions importantes demeurent très ouvertes.
Bigre et moi qui croyait que le débat était clos… « Où cela va-t-il nous mener ? » comme Tintin se le demandait déjà en creusant un tunnel sous terre et débouchant sur un gisement d’hydrocarbures fossiles... [4]
« 3 - Pour une perturbation donnée, tel un doublement de CO2, quel sera l’accroissement de température moyenne ? 2 ou 4,5 °C ?
Illustration : l’année prochaine, à ce nouvel emploi, votre rémunération sera-t-elle de 2 000 € ou de 4 500 € ? Qu’à cela ne tienne, signez votre contrat...
« 4 - Quels seront les changements de précipitations aux échelles régionales ?
On aimerait bien le savoir, pas vrai ? Hélas nous n’aurons peut-être ces précisions qu’après les futurs accords COP16 (ça vous arrive souvent de signer des chèques en blanc pour un produit dont vous ignorez l’essentiel ?)
« 5 - Quelles seront les conséquences concrètes de cet accroissement de température en termes d’événements extrêmes, de cyclones, d’enneigement, de débit des rivières, d’intensité des orages... ?
Catastrophe ! Voilà-t-y pas qu’on ne connaît même pas convenablement les conséquences « concrètes » de ces changements.
En fait, ce qu’on en sait va bien souvent à l’encontre des affirmations gratuites serinées par des pontes climatiques ou des journalistes - paix à leur ignorance...
On ne peut par contre en vouloir trop aux chercheurs modélisateurs : programmer à longueur de journées, voire de nuits, laisse peu de place à la lecture des articles de recherche un tant soit peu éloignés du domaine de la modélisation...
Ainsi, si on examine de récentes études [5] les cyclones n’ont varié ni en fréquence, ni en intensité ; les biotopes marins paraissent s’accommoder fort bien et rapidement de changements d’acidité, y compris de ceux "prévus" à l’horizon 2 300 ; les humains ont moins de problèmes de santé par temps chaud que par temps froid (Connaissez-vous beaucoup de personnes de votre entourage qui souhaitent établir leur résidence secondaire ou passer leur retraite au Groenland ou aux pôles ?) ; et cette satanée biomasse, terrestre ou océanique qui prétend croître jusqu’à 30 ou 40 % de plus avec 2°C et un peu de CO2 en plus …
Misérables détails que tout cela... Vil préoccupation d’esprit obtus stipendié par les lobbies pétroliers...
La synthèse
Il s’agit, là encore, du travail de véritable chercheur. La synthèse récapitule et précise très correctement ce qui vient d’être énoncé (J’ai séparé les différents énoncés pour faciliter leur « méditation » …) :
« 6 - Les modèles climatiques nous donnent des indications, MAIS elles peuvent être contradictoires ET il est parfois difficile d’établir leur fiabilité.
« 7 - De façon générale, nous savons aujourd’hui évaluer le climat simulé par les modèles par rapport aux observations, MAIS …
« 8 - …nous ne disposons pas de méthodologie pour évaluer les changements du climat en réponse à différentes perturbations, à différents forçages.
« 9 - Par exemple, il est nécessaire que l’accroissement de température observé depuis un siècle soit bien simulé par les modèles, MAIS…
« 10 - cette contrainte n’est pas suffisante pour permettre des prévisions fiables des changements climatiques futurs.
Ah ben zut alors… Pas de "prévisions fiables des changements climatiques futurs." Quelle déception !
« 11 - D’autres pistes sont également explorées, comme l’étude détaillée des variations interannuelles du climat ou l’étude des climats passés.
Ouf, je respire, l’espoir renaît... Nous attendons impatiemment les résultats…
Le morceau de bravitude
Malgré toutes les précautions précédentes, celles de véritables chercheurs, qui connaissent la qualité mais aussi les limites de leurs travaux, du fond obscur de son scriptorium informatisé, un copiste animé du zèle que seule la foi peut inspirer a inséré le morceau de bravitude suivant :
« 12 - Est-il encore temps d’agir ?
Tel le grand prêtre Hilqiyyahu découvrant miraculeusement sous Josias (639-609 avant notre ère) dans les fouilles du nouveau temple de Jérusalem en construction le livre de la loi qu’il y avait enfoui la semaine précédente (version apocryphe), notre copiste prophétique nous arrachait à la quiétude et la platitude de nos préoccupations d’insignifiants microbes et exhibait cette grave question existentielle qui rejoignit sans délai la célèbre : "Qui suis-je, où vais-je, et dans quelle étagère ?" sur cette dernière...
Jusqu’à ce moment fatal et épouvantable, je lisais avec attention et intérêt mais aussi sans angoisse... Soudainement mon cœur cessa de battre, mon sang ne fit qu’un tour (!!!), mon adrénaline dégoulina jusqu’à mes orteils, je me mis à trembler de tous mes membres… Sueur et sang ruisselaient sur mon visage…
Diantre ! Me dis-je en français et en moi-même (car je connais les deux langues...). Et je me précipitai sur ma pelle à charbon. Honte à moi, ignoble péché contre l’environnement ainsi que le Vatican vient de l’ajouter sur sa liste des fautes à racheter à coup d’indulgences, de cierges, de messes au Sacré-Coeur et de pèlerinages à genoux jusqu’à St Jacques de Compostelle, je l’avoue, je me chauffe au charbon... et accessoirement à l’électricité mais là, je vous rassure, je trie soigneusement mes électrons au compteur, m’assurant de ne laisser entrer que les électrons renouvelables photo-voltaïques ou éoliens.
Je me précipitai donc sur la pelle à charbon prêt à creuser dans mon jardin, jusqu’à l’épuisement, ou la prochaine glaciation, un puits à carbone pour "sauver la planète."
« 13 - Le climat ne va-t-il pas de toute façon continuer à changer du fait de nos émissions passées de gaz à effet de serre ? Les modèles [ « qui ne permettent pas des prévisions fiables des changements climatiques futurs, » comme il est affirmé plus haut dans la partie scientifique du texte] nous indiquent effectivement que le climat de la Terre va continuer à se réchauffer dans le futur, même si les concentrations des gaz à effet de serre sont stabilisées à leurs valeurs actuelles (ce qui nécessiterait un arrêt quasi total des émissions anthropiques).
Retenez votre respiration : 2 tonne de CO2 par an, un petit effort pour l’homme… 12 GT d’économisées pour l’humanité… même pour cette humanité qui se contente pour toute « pollution » de crever de faim à raison – entre autres - de 6 millions d’enfants de moins de 10 ans chaque année – une simple Shoa (ou Nakba ?).
Observons que leur décomposition prématurée dégage du méthane des centaines de fois plus « polluant » que le CO2 ! Ça vaudrait peut-être la peine de les nourrir pour limiter l’émission de gaz à effet de serre… Hélas ! Négligence bien involontaire des écologistes « soucieux de la biogée », sans doute trop occupés à cultiver leurs carottes bio et à trier leurs déchets (Qu’est-ce qu’ils croient que je fais ? Que je jette à l’égout mon huile de vidange ?), ils n’ont pas veillé à ce que les chefs d’états se montrent à la conférence de la FAO sur l’alimentation à Rome hormis Berlusconi hôte de ladite conférence. Score final : Copenhague - COP15 : 1 400 limousines, 140 jets privés, 70 chefs d’Etats ; Rome – FAO : 1 chef d’état. Avantage à l’équipe de COP15 pour la « pollution » au CO2 – en tous cas pour le gaspillage énergétique…
« 14 - Mais ces modèles [« qui ne permettent pas des prévisions fiables … » etc.] nous disent [apprécions le style...] aussi que, selon le scénario d’émission de gaz à effet de serre choisi, l’amplitude du réchauffement sera très différente, et que, plus on réduit tardivement nos émissions, plus l’effet d’inertie du climat est important(là encore, apprécions le style... et cet "effet d’inertie", concept un peu flou et, qui plus est, varierait dans le temps). L’accroissement de température pour le scénario « fort » (SRES-A2) [qui « nous donne des indications, MAIS elles peuvent être contradictoires ET il est parfois difficile d’établir leur fiabilité »], pour lequel les émissions continuent de croître pendant tout le siècle, est deux fois plus élevé que pour un scénario (SRESB1) pour lequel elles croissent lentement jusqu’en 2050, puis décroissent. Ainsi, des changements climatiques sont effectivement en cours, mais leur amplitude et leur sévérité dépendront avant tout des actions qui seront ou non entreprises, de la rapidité et de l’étendue de leur mise en oeuvre. »
Et, CQFD de la manne que je pourrai récolter pour faire tourner mes ordinateurs et plastronner dans les conférences touristiques internationales et sur les plateaux de télévision…
Comme on le voit : la rigueur du chercheur n’entrave jamais la conclusion du politique et du financier…
Voilà donc une conclusion sans appel bien que « nous ne disposions pas de méthodologie pour évaluer les changements du climat en réponse à différentes perturbations, à différents forçages […] [et qu’il n’est pas suffisant] « pour permettre des prévisions fiables des changements climatiques futurs […] que l’accroissement de température observé depuis un siècle soit bien simulé par les modèles. »
Ce qui, même cela, n’est d’ailleurs que très imparfaitement le cas, puisque comme le disait l’excellent Phil JONES du CRU-GIEC : « Il faut masquer le déclin, » [de la température…]
Pour Dominique VOYNET qui "ne doute pas que dans tous les ministères, les conseillers [soient] en train d’examiner tout cela [le climategate] » : les mails « non datés » (sic) sont « sortis de leur contexte. »
Heureusement, Steeve McIntyre a replacé celui-là (« Il faut masquer le déclin, » ) dans son contexte [6] : le résultat est encore plus impitoyable pour Phil JONES et ses complices. Outre le délit de manipulation de la présentation des résultats, les circonstances aggravantes de la préméditation parfaitement mûrie sont éblouissantes !
Par ailleurs, Phil JONES a démissionné du CRU le temps que diverses enquêtes fassent la lumière sur l’étendue des « arrangements » des données qui ont alimenté - entre autres - les travaux - et donc les simulations - analysés dans le rapport de Météo France.
Bien sûr cela « ne remet pas en cause le travail des scientifiques. » Les chercheurs et notamment les modélisateurs seront en effet enchantés de découvrir qu’ils ont travaillé et validé leurs modèles sur des données « arrangées. »
Pour achever les ambulances : le plus mauvais exégète n’aura guère de mal à identifier que l’auteur de la conclusion - notre "prophétique" copiste - est différent de celui de la synthèse : le critère discriminant entre les rédacteurs est clair : il n’y a pas de commune mesure entre les constats rigoureux et la prudence des conclusions des chercheurs (première partie « versets » 1 à 11) et la seconde partie insérée par le prophète de service (qui a ajouté les « versets » 12 à 14) quelque peu moins rigoureux mais par contre, qui sait ce que parler GIEC veut dire.
Il n’est pas très difficile dans ces conditions de saluer la plume de notre très médiatique climatologue M. JOUZEL qui parraine le rapport de Météo France et les travaux des chercheurs. Ce qu’il décline sur les médias correspond presque mot pour mot à ce qui se trouve aux « versets » 12 à 14.
Les meilleurs avocats du scepticisme climatique sont ceux-là mêmes qui prêchent l’alarmisme…
1°) Lire les travaux originaux (mot à double sens, des miens collègues chercheurs évoquaient parfois avec un sourire narquois certains travaux « originaux » ou « exotiques ») est toujours riche d’enseignements…
2°) Le principal est qu’il n’y a pas besoin d’analyses supplémentaires pour se convaincre des « faiblesses » des thèses (dogmes ?) avancées par l’orthodoxie climatique. Ces faiblesses figurent noir sur blanc dans les travaux des chercheurs (exemple : « versets » 1 à 11). Lorsqu’ils les reprennent, les sceptiques devraient toujours citer la source : les conclusions incontestées des travaux originaux sur lesquels se fondent les rapports « orthodoxes ».
3°) Le second enseignement est que les conclusions qui émanent des politiques, « à l’usage des décideurs, » n’ont pas grand rapport avec la rigueur scientifique de celles des chercheurs dont le sens et la portée des travaux sont détournés.
Répétons-le et retenons-le :
Les meilleurs avocats du scepticisme climatique sont ceux-là mêmes qui prêchent l’alarmisme…
[1] http://climat.meteofrance.com/conte...
[2] « Ce sont notamment la distribution géographique de l’accroissement de température (celui-ci étant plus élevé sur les continents que sur les océans, très fort en région Arctique), la répartition par bandes de latitude des changements de précipitations (augmentation près de l’équateur et aux hautes latitudes, diminution dans les régions subtropicales), l’augmentation de l’intensité des tempêtes aux moyennes latitudes ou le retrait de la glace de mer dans les régions polaires. »
[3] http://www.mondialisation.ca/index.... qui conclut :
« J’approfondis les arguments en faveur de réchauffement de la planète depuis plus de dix ans. En collaboration avec de nombreux coauteurs excellents, j’ai toujours constaté qu’en décortiquant les couches, ce qui se trouve au centre est soit bancal, soit trompeur, soit tout simplement inexistant. Les données de température de surface sont un foutoir contaminé par le parti pris en faveur d’une chaleur importante, et comme je l’ai déjà décrit, le GIEC a fabriqué des preuves dans son rapport de 2007 pour camoufler le problème. Les modèles climatiques sont en désaccord grave avec les observations, et la cacophonie s’accroît d’année en année. L’affirmation souvent lancée à grand renfort de publicité, selon laquelle le climat d’aujourd’hui s’est écarté de la variabilité naturelle, dépend de méthodes statistiques bancales et de données de basse qualité. Le processus d’examen du GIEC, dont j’ai été membre ces derniers temps, n’est pas du tout ce que l’on raconte au public : les conflits d’intérêt sont endémiques, les preuves critiques sont systématiquement ignorées et il n’existe aucun mécanisme régulateur efficace contre la partialité et la déformation. »
« Je deviens exaspéré avec les collègues universitaires et les autres, qui devraient être mieux au courant, qui exagèrent sur le présumé consensus du réchauffement climatique sans prendre la peine d’enquêter sur les désaccords scientifiques flagrants et les vices de procédure. Dans les années à venir, comme le coût des mesures pour le réchauffement planétaire montera et que le signe d’une crise continuera à s’évanouir, peut-être qu’il deviendra socialement admissible que les gens recommencent à penser par eux-mêmes. En attendant, je suis reconnaissant envers ces quelques penseurs indépendants, comme Steve McIntyre, qui continuent à poser les bonnes questions et à insister sur les normes scientifiques de l’ouverture et de la transparence. »
(Ross McKitrick)
Les propagandistes n’ont pas ces scrupules...
[4] Tintin en Amérique
[5] http://www.co2science.org/index.php
[6] [http://climateaudit.org/2009/12/10/ipcc-and-the-trick/]
Messages
1. LES VERSETS SCIENTIFIQUES…, 25 décembre 2009, 00:08
Précision : la traduction française de "falsifiable" est vérifiable (ou contrôlable, voire réfutable) et non falsifiable, comme il est écrit ici (et souvent aussi ailleurs malheureusement) !!!
Certains reprochent justement aux positions officielles d’être falsifiées...