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LETTRE AU PRESIDENT DES COMORES

Publie le vendredi 10 juillet 2009 par Open-Publishing

Moroni le 08 Juillet 2009

Monsieur le Président
Ahmed Abdallah Mohamed SAMBI
Beit Salam

Moroni
Union des Comores

Excellence, Monsieur le Président,

En cette période de deuil national et de recueillement, nous nous joignons à toute la nation pour présenter, à vous et à toutes les familles touchées par la tragique disparition de l’A31O du vol Yémenia, nos condoléances les plus attristées. En pareilles circonstances, on constate, encore une fois, l’impuissance de tout un pays et les moyens dérisoires, voir inexistants, pour faire face à ce genre de catastrophes. Bien sûr, nous avons demandé l’aide internationale et certains pays dont la France ont répondu positivement. Si on salue cette forme de solidarité d’un côté, on ne peut que s’interroger sur les vrais motifs de l’autre ; Pourquoi n’y a-t-il pas en effet de coordination entre les forces d’interventions étrangères ? Pourquoi les forces armées nationales sont-elles mises à l’écart des vraies recherches ? Pourquoi n’a-t-on pas jusqu’à maintenant, confié l’enquête à un pays neutre comme l’exige la réglementation internationale en la matière ?

Excellence, Monsieur le Président,

Pendant qu’on nous caresse dans le sens du poil en cette période tragique pour le pays, la France, fidèle à ces habitudes, est en train de nous faire un enfant dans le dos. Son gouvernement a adopté la loi organique visant la départementalisation de l’île de Mayotte ; le débat est déjà ouvert à l’Assemblée Nationale Française et c’est en ce moment que le 1er Ministre, François FILLON, s’apprête à visiter notre pays, par compensions peut être, mais c’est surtout, pour nous endormir, nous empêcher de porter l’affaire à la prochaine session de l’ONU.

Excellence, Monsieur le Président,

La France a organisé, au mépris des lois internationales, son referendum à Mayotte, dont le but est de départementaliser la 4ème île Comorienne. Notre peuple a rejeté avec force cette forfaiture ; la communauté internationale dans son ensemble l’a condamné ; vous-même, Monsieur le Président et votre Gouvernement l’ont déclaré nul et non avenu. Est-ce que cela suffit ? Nous pensons que non, loin de là !

Avec l’organisation de ce referendum par la France sur une partie de notre territoire, nous estimons qu’elle a franchi un pas dangereux ; notre pays, plus particulièrement ses hauts dirigeants, devraient prendre la mesure de ce que nous qualifions d’agression. Nos rapports avec la France ne peuvent plus être les mêmes ; pas comme si, il ne s’est rien passé. Il va falloir, Monsieur le Président, organiser une riposte adéquate, à la mesure de cette agression française contre notre pays, d’autant que le parlement Français ratifie en ce moment les résultats de ce referendum. Ne rien faire maintenant, c’est avaliser l’annexion d’une partie de notre territoire par une puissance étrangère, synonyme d’une haute trahison. Voilà pourquoi, tout en dénonçant ce fait devant votre hôte lors de sa prochaine visite dans notre pays, nous préconisons de :

1- Provoquer en urgence une réunion à Moroni du comité des sept de l’Union Africaine devant déboucher par la saisine de l’ONU par le groupe Afrique, sur la question de l’île Comorienne de Mayotte. l’expérience a montré que si vous prenez l’initiative en premier pour saisir les instances internationales sur la question de Mayotte, leur soutien sans faille s’en suit ; exemple : dernières résolutions de l’Union Africaine, de la Conférence Islamique, etc....

2- Mettre tout en œuvre pour que la question de Mayotte soit discutée à la prochaine Assemblée Générale de l’ONU, prévue en septembre 2009. Cette fois, nos diplomates ont le temps de préparer les dossiers, à moins qu’il y ait autre chose demeurant dans les méandres du secret.

3- Refuser d’accueillir sur les îles sœurs, le déplacement forcé de nos compatriotes par les autorités Françaises, à partir de Mayotte ; d’autant que vous n’ignorez pas les conditions inhumaines et tragiques que subissent nos concitoyens dans ces refoulements d’un autre âge, perpétrés par les représentants de l’Etat Français, avec lesquels vous vous apprêteriez à raviver le soit disant GTHN

4- Maintenir la suspension des négociations menées dans le cadre du GTHN ( groupe technique de haut niveau) tant que la France n’aura pas reconnu que Mayotte est une terre comorienne ou à la limite, a la vocation de le devenir, dans un avenir à déterminer. Le géni comorien saura se donner les moyens et créer les conditions pour y parvenir dans une entente cordiale et fraternelle.

Excellence, Monsieur le Président,

Vous comprendrez certainement que notre démarche est exclusivement dictée par le désir de défendre l’intégrité territoriale de notre pays et par conséquent, de mieux le servir. Nous osons espérer que ce même sentiment vous anime et que vos prochaines décisions sur la question de Mayotte viendront le corroborer. C’est ainsi que nous vous prions, Monsieur le Président, de croire en l’expression de nos sentiments les plus respectueux.

Le Secrétaire
Mohamed Said
Comité Maore
Maison des Droits de l’homme
BP 1497 Moroni
Union des Comores