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LETTRE OUVERTE A TOUS LES MEMBRES DE MON COLLECTIF ET DES AUTRES COLLECTIFS

Publie le mardi 19 décembre 2006 par Open-Publishing
17 commentaires

En ce jour où tous les regards se tournent vers nos amis communistes, qui sont d’autant plus nos amis que nous avons conscience que le futur de notre rassemblement dépend d’eux, mais aussi que le poids qui pèse sur leurs épaules doit être lourd à porter et que nous avons envie de leur adresser un petit signe de sympathie, je ne ferai pas une nième contribution politique pour en appeler à leur sens des responsabilités, parce qu’ils n’ont pas besoin de nous pour cela, mais je voudrais apporter une réflexion différente, car je n’ai aucune compétence en « politique », par contre je suis psychologue et formatrice sur des thèmes tel que « vie et travail en équipe », ou « rencontre interculturelle ». Et c’est à partir de cet angle d’approche que je peux, peut-être, être le plus utile. Voir mon article CAS NASA : VOTE, CONSENSUS et DEMOCRATIE, https://bellaciao.org/fr//?page=article&id_article=38976

Après une semaine riche en émotions : week-end à St-Ouen et voyage en bus, réunion de coordination des 42 collectifs de l’Hérault lundi soir, réunion de mon comité jeudi soir, assemblée générale des collectifs de l’Hérault vendredi soir, j’ai essayé de prendre un petit peu de recul sur ce que j’avais vécu. Et j’en suis arrivée à une réflexion positive et plutôt à contre-courant de ce que l’on entend. Comme d’habitude, je partirai de mon vécu.

Jeudi soir, lors de la réunion de mon comité, l’énervement et la fatigue aidant, j’ai senti à un moment donné mon sang ne faire qu’un tour, j’ai refermé d’un geste brutal mon dossier et j’ai failli me lever d’un bond et quitter la pièce sans rien dire. Mais une petite voix m’a dit (oui, j’entends des voix, les psy, c’est connu, ils sont pas clairs !) « respire et souffle un grand coup, au besoin, bouche-toi les oreilles un petit moment, parce que si tu quittes la pièce, une fois dehors, toute seule, qu’est-ce que tu pourras faire, en quoi seras-tu utile ? » et une deuxième voix m’a dit (ma spécialité c’est le travail en équipe !), « au lieu de faire une crise de susceptibilité, tu ferais mieux d’écouter ce qu’il y a derrière le discours que te tiennent ces militants communistes ». Finalement qui sont-ils, qu’est-ce que je connais d’eux et de leur parti ? Quelques stéréotypes (images toutes faites) et préjugés (prêts à penser) véhiculés par l’opinion publique et qui, même s’ils ne me semblent pas pour ma part négatifs, permettent de faire l’économie d’une réflexion personnelle, l’économie d’une rencontre avec eux. Mais de leur côté, quelle curiosité ont-ils manifestés à mon égard et à l’égard des autres membres du comité ? On arrivait dans le comité et on ne parlait que du travail à faire, des décisions à prendre, aucun moment, à ma connaissance, n’a été consacré à l’idée de se connaître un peu mieux. Je ne parle pas là de décliner son identité, son âge, le nombre de ses enfants et le type d’emploi que l’on occupe (ou que l’on occupe pas), parce que cela n’est pas représentatif de ce que nous sommes et n’a que peu de conséquence sur ce que nous avons à construire ensemble. Par contre, on peut partir d’autres façons de se présenter, on aurait pu, entre autre discuter de la représentation que nous avons chacun du mot « militer », et on serait étonné de voir à partir de ce mot à quel point nous avons des vécus, des cultures différentes.

Par exemple, lu dans le PV de mon comité : « Les citoyens se méfient des partis politiques, MGB, suscite de la méfiance car les citoyens ne sont pas des militants. »
Ah bon ! Pour être militant, il faut forcément appartenir à un parti politique ! Alors que mon encyclopédie me donne comme définition pour « militer » : œuvrer activement à la défense où à la propagation d’une idée, d’une doctrine (ce qui me va bien), il me donne comme exemple : être militant d’une organisation. Militer au PC !!!
Sans doute mon encyclopédie date-t-elle un peu, car si vous allez voir sur internet, http://fr.wikipedia.org/wiki/Militant, on vous parlera de l’évolution du militantisme. Lorsque je faisais des formations pour les volontaires de Médecins du Monde, on travaillait sur chaque mot du texte de leur charte, et à chaque fois, de grandes discussions s’engageaient sur ce terme qui avait pour beaucoup des jeunes volontaires une connotation négative (terme militaire ou renvoyant à un parti politique) qui les gênait, alors que MDM revendiquait un militantisme citoyen.
Lorsqu’un militant communiste m’a dit l’autre soir « nous on va sur le terrain, on passe pas notre temps le cul sur notre chaise derrière un ordinateur », passé une première réaction épidermique où je me suis dit, je respecte ce que tu es, pourquoi ne respectes-tu pas ce que je suis ? J’ai pensé que nous vivions là un choc interculturel entre 2 cultures du militantisme différentes, et qu’en fait, il n’avait aucune idée de ce que nous étions. Il vit depuis des années un militantisme très structuré au sein d’un parti politique, indispensable, nous en sommes tous d’accord, à notre mouvement, et nous, nous vivons un militantisme en réseau, grâce à internet, nous sommes reliés à quantité d’associations, de mouvements de résistances qui nous proposent des actions militantes auxquelles nous choisissons individuellement de participer. Manifester, signer des pétitions, appeler la gendarmerie de Millau quand José Bové est en garde à vue, se retrouver dans un bus de faucheurs volontaires à lire les consignes en cas d’arrestation, soutenir les actions du DAL… sont aussi des actions militantes. Pourquoi nous opposerions-nous, alors que nous sommes complémentaires et que notre union est une force, sinon par méconnaissance les uns des autres.

Finalement, je suis contente d’être restée à cette réunion, parce que j’ai pris conscience de cela, parce que j’ai entendu s’exprimer avec sincérité les militants communistes sur les contraintes et les craintes de leur parti (politiques, organisationnelles, financières), et qu’il m’a semblé que, tout occupé que nous étions à la recherche d’un nom sur un bulletin, nous avions fait l’impasse sur ces réalités qui devraient également faire parti des négociations pour obtenir un consensus (peut-être cela a-t-il eu lieu en coulisses, mais en tout cas pas publiquement, et pas au sein des collectifs).

En même temps que je m’apercevais de la méconnaissance que nous avions de nous, membres des collectifs, si différents, je ressentais (et cela dans toutes les réunions que nous avons eues la semaine dernière) qu’un puissant ciment existait qui nous reliait tous et nous permettait d’aller au-delà de nos querelles et de nos blessures. Je pourrais l’appeler « l’éthique de la responsabilité » (c’est aussi un terme qui fait parti de la charte de MDM), la conscience que quelque chose se joue bien au-delà de nos ressentis individuels, quelque chose de beaucoup plus grand, plus important, qui nous dépasse, dont nous sommes responsables pour notre pays et bien au-delà encore. Je ne sais plus comment JL Mélenchon l’avait exprimé à St-Ouen, mais c’est cela qui à St-Ouen et dans tous les collectifs nous maintien « tous ensemble ».

J’entends beaucoup de gens catastrophés par l’idée que ce que nous venons de vivre laissera des traces. Et à contre-courant j’ai envie de dire, j’espère que cela laissera des traces !
Si le meeting de Montpellier, comme sans doute tous les meetings avant le 10 décembre, a soulevé l’enthousiasme, c’est parce que le public a voulu croire, comme un seul homme, ce que nous disaient les intervenants à la tribune : que le candidat, ce n’était pas important, que nous avions une responsabilité et surtout qu’ils étaient prêts à s’unir en dépassant toutes les logiques individualistes (ou de parti). Et dans la salle, nous nous sentions tous frères dans cette lutte qu’on nous proposait, tous ensemble, unis. Cette utopie, qu’il ne faut pas rejeter, car c’est bien elle qui nous donne aujourd’hui l’énergie, la volonté de continuer à construire quelque chose ensemble est cependant un peu trompeuse ! Je ne veux pas dire par-là que les intervenants nous ont mentis, non, ils étaient sans doute eux aussi sincères et portés par l’enthousiasme de la salle. Mais ils savaient, plus que nous, que des difficultés, des différents allaient éclater les 9 et 10 décembre.

Non, nous ne sommes pas dans un mouvement uniforme, où tout le monde serait formaté pour penser et vivre la même chose, où tout serait facile et rempli d’amour pour son prochain, où une seule parole existerait. Parce que si c’est ce que nous recherchons, il vaudrait mieux se précipiter dans une secte !

Non, nous sommes différents, avec des vécus différents, des cultures différentes, des contraintes et des logiques différentes.
Enfin, depuis le 10 décembre nous apprenons tout ça !
Enfin les non-dits commencent à s’exprimer ouvertement ! Enfin, et même si cela fait parfois mal, nous commençons à construire ensemble quelque chose de solide, basée sur nos différentes réalités et pas seulement sur l’utopie (qui reste elle aussi indispensable). Et si nous sommes capables de passer cette étape et d’expliquer cela à l’opinion publique, nous aurons tout gagné.

En préface du livre de Jacques Généreux "La dissociété" que je recommande (La « dissociété » est une société qui réprime ou mutile le désir d’« être avec » pour imposer la domination du désir d’« être soi ») http://dissociete.viabloga.com/ :
La suprême sagesse de ce temps consiste peut-être à penser en pessimiste, car la nature des choses est cruelle et triste, et à agir en optimiste, car l’intervention humaine est efficace pour le mieux-être moral et social et nul effort de justice et de bonté, quoiqu’il puisse nous apparaître, n’est jamais perdu. Benoît Malon 1892, fondateur de La Revue Socialiste.

Messages

  • Bonjour Ania ,
    je ne te connais pas , j’ai beaucoup apprécié ton texte , texte d’analyse de reflexion , ce qui nous change des termes que nous pouvons entendre ou prononcer .
    Je crains cependant qu’il n’arrive trop tard .
    les blessures sont à vif , les mots ont fait mal , de tout coté , je veux bien le croire , mais je faisais confiance à certains , et aujourd’hui , ce n’est plus possible .
    je te remercie pour ce que tu as ecrit , mais pour moi , qui suis un vieux militant (formaté ? ) c’est trop tard , nous auront tous perdu quelque chose dans cette histoire !
    claude de Toulouse .

    • Et là Claude tu exagères tu es bien trop politique pour ne pas être surpris par cette situation LE NOUVEAU ACCOUCHE TOUJOURS DANS LA DOULEUR Bernard Trannoy PCF Gironde

    • Courage Claude les communiste ont vecu des moment bien pire .....
      L union est un combat Elle est le but de notre demarche et necessaire aux besoin de notre peuple
      Mais elle ne peut se faire a n importe quel ,prix
      Surtout au prix que l on veux nous imposer de revenir aux methodes SFIO et Mitterandienne des magouilles et des accords de sommets
      Non decidement non a ses pratiques ...
      Notre peuple n en veux plus et nous (les communisters non plus)

      CF vitry 94

    • Christian, message pour toi lisible par tous, dommage mais je ne sais comment communiquer en direct.

      Suis très étonné de ne âs voir de commentaire de ta part suite à la publication du C.R du collectectif antilibéral d’ivry....
      C’est tout

      Marco Gentilly

    • A Marco

      Tu n es pas sans savoir qu il existe des partis et des collectifs ds des entreprises c est ma réponse
      je pense que tu la comprendras .....

      CF vitry 94

    • De plus je suis pour le respect des decisions des acteurs donc je suis cohérent je m abstient de tt commentaires sur les decisions de collectifs il n en est pas de meme des contribution individuel

      CF vitry 94

    • Faut-il vraiment se replier sur nos déceptions, sur nos blessures ? Face à l’enjeu, n’est-il pas possible de dépasser ce constat négatif, de le transformer en quelque chose de positif et d’utile ? Et au lieu de perdre individuellement, de gagner tous ensemble ?
      Ania

    • j’ai bien peur que le ""gagner tous ensemble"" soit raté , pour cette fois...

      mais des graines ont été semées , qui , j’espère , germeront !

      merci pour tes mots , ania !

      Pierre Plougonven , PCF , Finistère

    • Ania

      Force est de constater que le blocage si blocage il y a ..... N est pas une questions d état d ame
      Certe l immense majorité des communistes sont meurtris blésses et ne supportent les injures l invectives les mensonges qui leurs ont eté deversés ainsi que sur leur parti

      Je reconnais que de ton point de vue et la je partage cela n aide pas a la confiance .....

      Mais le probleme est politique

      Nous buttons sur une question essentiel :

      COMMENT FAIRE DE LA POLITIQUE AUTREMENT

      Les communistes ont payé plus que tt autre les accords de sommet

      ET CA NOUS N EN VOULONS PLUS

      Le double concensus n est qu une chimére et sert de plus a tt les manoeuvres qd ont refuse de prendre un des termes de celui ci en compte ( l expression des collectifs)
      Il ne sert que de droit de veto et penser qu il peut y avoir concensus sur un nom est une Fable

      J avance meme sans trop de risque que si MGB n avait pas été présenté nous serions ds le meme état

      Donc pour régler cette question faire vivre l espoir Trouver un nom pour mettre sur le bulletin pour porter la campagne a plusieurs voix a égalité de droits et de devoir il ni a qu une solution s en remettre a la decision des acteurs de terrain les militants des collectifs......

      Et de grace laissont les communistes entre eux regler les questions stratégiques qui leur sont posés c est vrai chez nous ce sont les adhérents qui decident d aucun n en ont pas l habitude nous si ...

      Le vote de mercredi s il confirme la proposition de MGB a faire a L A U ce que je pernse

      Rien de plus simple ensuite de faire voter les militants des collectifs sur les noms proposés

      C est qd meme bien a eux de trancher qd il y a desacor ou impossibilité de trouver un illusoire consensus

      ET il y a urgence nicolas royal est en campagne

      C F vitry 94

  • Je suis comme toi, j’espère que toute cette confusion laissera des traces, car nous avons beaucoup appris, sur nous-même et sur les autres, sur la manière de parler entre nous et sur celle de s’organiser, sur les erreurs à ne pas refaire et aussi les rares points solides sur lesquels s’amarrer.

    Mais je ne suis pas très optimiste pour le court terme. Je suppose que tu es comme moi perplexe et déçue des nombreux commentaires qui prennent ton texte comme un prétexte à parler de tout autre chose, et même l’utilisent pour continuer à s’envoyer des vacheries...

    J’en suis à regretter, moi qui suis une farouche partisane de la liberté d’expression, qu’il n’y ait personne pour réguler ça, non seulement les insultes et les diatribes, mais aussi les détournements de sujet qui rendent tout tellement confus.Mais peut-être que cette fonction de régulation devrait être assumée par chacun de nous, et le sera effectivement quand nous aurons un peu plus d’expérience ?

    MC

  • Dans de nombreux collectifs, les participants ont parlé de leurs difficultés quotidiennes et bien souvent c’est une partie de leur vie qui est apparue ,sans doute cela ne suffit pas pour se connaître vraiment mais dans mon collectif qui compte une trentaine de participants réguliers nous ne sommes que trois à avoir un ordinateur.. alors militer pour les autres cela signifie bien sur autre chose,c’est s’investir souvent physiquement dans une action qui peut être , à risque comme par exemple cacher un enfant scolarisé sans papier,les communistes sont minoritaires,mais toujours sur le terrain et le terrain crois moi cela signifie quelque chose ,vois-tu je te comprends,je ne suis pas adhérent du PC ,mais c’est toujours de la faute des Communistes,je trouve que cela suffit ! et autour de moi beaucoup de ceux qui étaient pour un autre candidat que MG.B changent aujourd’hui d’avis tout simplement parce qu’à force de taper dessus ils se disent" faut vraiment qu’elle gêne" .Alors je laisse mes Camarades communistes décider et je leur fait confiance.De toutes façons je continue et je voterai MG.B si elle est désignée.Roger

  • Ok pour reconnaitre que différentes formes de militantismes existent. Ok pour reconnaitre leur utilité, leur complémentarité. Ok pour essayer de mieux se connaitre, mieux s’apprécier.

    Juste un détail, mais qui je pense à son importance, dans toutes actions militantes nous devons, ou nous avons le souci de convaincre les gens de la justesse de notre combat. Et le plus important, c’est de les amener à agir avec nous, ensemble, nombreux sur des objectifs partagés.

    Pour ça, je n’ai pas encore vérifié une autre méthode que celle qui consiste à s’adresser aux gens directement, de discuter avec eux, de confronter nos points de vue. Cela suppose un militantisme de proximité, de" terrain" comme on dit.

    C’est peut être, la légère différence entre un type de militantisme au coup par coup et un autre au quotidien. Mais bon, pas de fine bouche, toutes ces actions mises bout à bout, sont de nature à construire un rapport de force plus puissant capable d’apporter des changement réels.

    Contre le CPE, tous ceux qui se retrouvaient cote à cote dans l’action ne pensaient pas pareil, n’aggissaient pas pareil mais tous avaient un objectif commun qui a été atteint. Ce fut possible car seul l’objectif nous rassemblait.

    Hors, en ce moment, dans le débat pour les candidatures, ce n’est plus l’objectif qui est au coeur des discussions mais les personnes ou l’appartenance à un parti politique. C’est ça qui est dommage.

    Pour une fois que je lis un témoignage qui me semble posé, je suis ravi de porter ma modeste contribution de militants communiste et syndicaliste.

    Patrick, sidérurgiste lorrain

  • quel beau texte ! Ania
    que tu nous a fait là
    tu as su ecrire
    tout ce que je n’ai pas pu dire

    cependant , je ne perds pas espoir
    et je me dis vivement ce grand soir
    d’avril ou de mai, comme il nous plaiera !!
    cette grande fete nous ! on la fera !

    alors c’est maintenant et ici
    qu’i faut laisser ses drapeaux et ses echaffeaux et
    rentrer dans dans la campagne avec toi , elle, lui moi
    le peuple quoi !!!!

    MND