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De Madly BODIN
Agua fría. Le nom d’une communauté rurale du plus petit pays d’Amérique centrale, El Salvador.

A Agua fría, les journées commencent à l’aube avec le chant du coq. Nelis, 35 ans, mère de 5 enfants et enceinte de 8 mois du sixième, s’en va au moulin du village, une bassine de grains de maïs sur la tête.
Pendant ce temps, les enfants s’activent. Tandis que les uns se lavent près du puits de la cour, d’autres repassent leur uniforme sur la table. Au petit-déjeuner, pour accompagner les galettes de maïs toutes chaudes, les tortillas, des haricots rouges, un bout de fromage de la vache du voisin et quelques crustacés pêchés la veille.
Sept heures. Il faut partir. Sur le sac à dos du petit dernier de 8 ans comme sur le pendentif de la jeune de 13 ans, le même portrait. Celui de Mauricio Funes, membre du FMLN (Front Farabundo Martí de Libération Nationale) et premier président de gauche depuis 20 ans. Bien qu’élu en avril dernier, celui-ci ne peut toujours pas s’installer dans la résidence présidentielle. Son prédécesseur a, en effet, pris soin de saccager les lieux avant de partir. A croire qu’il n’avait pas assez profité des privilèges qu’il s’était octroyés.
A Jucuaran, la municipalité dont dépend Agua fría, l’arrivée d’un maire du FLMN a eu les mêmes conséquences. Archives détruites et mobilier disparu, raconte Julio, le mari de Nelis. Membre du conseil municipal, il doit se rendre plusieurs fois par semaine à la ville située à 5 heures de marche de sa communauté. Heureusement, Oscar, son fils aîné de 20 ans, bénéficie d’une bourse scolaire de l’ONG française EDI-Kitchua et peut louer un appartement là-bas avec d’autres boursiers pour aller au lycée. Oscar se dit chanceux. Son ami d’enfance, Santo, dont le père a été assassiné, a dû arrêter ses études pour s’occuper de sa mère gravement malade.
Les hôpitaux publics ont peu d’argent. Et pour cause, les nouveaux cadres du ministère de la santé ont répertorié plus de 12 millions de dollars de médicaments périmés, certains datant de 2005. Un ancien président a le monopole de l’industrie pharmaceutique. Cherchez l’erreur…
Il fait partie des fameux 7. Si ce chiffre est pour beaucoup symbole de perfection, il fait référence, au Salvador, aux 7 familles qui se partagent 80% des richesses du pays.
Quand on demande aux jeunes d’Agua fría de citer des mots qui qualifient leur pays, le premier prononcé est corruption. Quand on demande aux petits de CP de citer un mot qui commence par la lettre F, ils répondent tous en souriant FMLN. Espérons que ces quatre lettres éviteront à cette génération de connaître la guerre et la faim.
Plus d’informations sur http://www.mirasur.org
Messages
1. LETTRES D’ESPOIR, 11 août 2009, 15:37, par paul
l’espoir
je pense que c’est ce qui manque actuellement dans les population des pays développés comme l’europe.
hypnotisés par le consummérisme, les gens n’ont plus d’attaches affectives, de lien de parenté communautaire réelle.
je ne pense pas uniquement à l’évolution de la désagrégation des couples mariés ou non, mais simplement à l’esprit collaboratif pouvant animer des gens à travers leurs activités de métiers et culturelles.
ce qui est remarquable dans les pays d’amérique latine et qui fait probablement cette possibilité d’espoir et d’union autour d’un mouvement, c’est qu’il existe encore des liens de parentés autres qu’autarciques centrés sur la famille.
ce que j’observe avec inquiétude c’est en europe le développement de faux lien de parenté autour de mouvement néo-nationaliste et communautarisme définissant leur notion de membre sur l’exclusion d’autres humains et non pas sur une propriété d’interdépendance entre les membres.
ce qui m’inquiète dans la plupart des discours de gauche, c’est que les revendications sont essentiellement matérialistes et font échos aux revendications capitalistes, de pouvoir de consommation.
ce qui fonde, pour moi, un groupe, c’est l’interdépendance des membres du groupe.
ce qui devrait donc fonder l’idéologie et la parenté des membres, c’est l’altruisme et la complicité.
en lisant nombre d’articles et surtout les commentaires aux articles je n’ai malheureusement aucun espoir que la notion d’interdépendance, donc de dépendance des uns aux autres soit prise en compte de façon radicale dans tout projet de société. tant est enracinée l’idée fondatrice d’une nature humaine égoïste de volonté de puissance dans la culture occidentale.
je ne nie pas cette tendance : je la reconnais partout à l’oeuvre et qui écrase cette autre partie de l’humain qui est essentiellement besoin radicale d’affection , c’est à dire de lien complice et tendre à l’autre.